
Même si la courbe de création d'emplois est redevenue positive le nombre de chômeurs continue d'augmenter. Environ 2 500 nouveaux actifs arrivent chaque année sur le marché du travail. En même temps, il y a environ 1 100 à 1 200 salariés qui partent à la retraite.
Un rapide calcul permet de constater qu'il faudrait créer 1 300 emplois chaque année pour maintenir le taux de chômage actuel. Mais 270 postes salariés supplémentaires seulement ont créés en 2015.
Ce soubresaut de l'emploi est donc loin d'être suffisant pour diminuer le nombre de chômeurs. "Le taux de chômage, qui était de 21.8% (24 900 personnes) au recensement de la population de 2012, peut être estimé à 24 % en 2015, toutes choses restant égales par ailleurs", décrit la parution les Comptes économiques rapides de la Polynésie française en 2015.
Mais résorber le chômage est-il possible ou la Polynésie française est-elle condamnée à avoir un taux de chômage important ? Sachant qu’entre 2002 et 2005, la Polynésie a créé en moyenne 1 400 emplois par an, et que le taux de croissance réelle du PIB était de 2,4 %, on peut supposer que ce taux de croissance est celui qui correspondrait à la stabilité du chômage.
La réduction du nombre de chômeurs, qui peut être estimé à 26 000 personnes, passe par un rythme de créations d’emplois encore plus important. Ainsi, si l’on prend comme référence les années 1999 et 2000 qui correspondaient à des années de forte croissance économique (+5 %) avec un marché de l’emploi qui générait 3000 nouveaux emplois par an, on peut imaginer qu’il faudrait 17 années de croissance à plus de 5 % pour résorber le nombre de chômeurs.
Alors que sur les 20 dernières années, ce taux de croissance n’a été atteint que deux fois, ces chiffres permettent de comprendre que la Polynésie va vivre durablement avec un taux de chômage important à moins qu'une politique économique totalement nouvelle soit mise en place.

La réduction de la part du secteur public est en effet liée à une baisse des dépenses de fonctionnement plutôt subie en raison d'une baisse des recettes fiscales.
Pour le secteur privé, la baisse des dépenses de fonctionnement serait intéressante si elle s'était produite par des investissements en hausse ou une baisse des impôts, ce qui n'a pas été le cas.
La relative embellie de l'emploi est en partie la conséquence de l'augmentation de 8.1 % en volume de l'investissement public en 2015. "Les travaux du tunnel de Punaauia, de la prison de Papeari et la préparation du site du Mahana Beach, auxquels s'ajoutent de nombreux travaux sur les réseaux routiers, et les investissements communaux constituent un apport majeur à l'activité économique polynésienne", analyse la publication des Comptes économiques rapides de la Polynésie française en 2015. "Le montant total investi par les administrations publiques (Etat, Pays et communes) dépasse 30 milliards de Fcfp."
Dans l'archipel de La Société et aux Tuamotu-Gambier, la part du secteur privé est plus importante que le secteur public dans l'emploi. En revanche, ce rapport est inversé aux Marquises et aux Australes, où la part du secteur est respectivement de 52.18 % et 73.41%. Ainsi, aux Australes, près de ¾ des salariés travaillent pour le public !
Mais ces chiffres sont à relativiser car une bonne partie des habitants de ces archipels travaillent mais ce sont des travailleurs à leur compte. Selon le dernier recensement de 2012, sur les 9 260 habitants des îles Marquises, seulement un tiers est en situation d’emploi. Parmi ces 2700 personnes ayant un emploi, 38% est à son compte, essentiellement des artisans, commerçants ou des personnes travaillant dans le secteur primaire.
Aux Australes, parmi la population des 15 ans ou plus, quatre personnes sur dix occupent un emploi contre
36,4% cinq ans auparavant. C’est le seul archipel où le taux d’emploi avait progressé entre 2007 et 2012.
Pour connaître, une nouvelle photographie détaillée de l'emploi dans archipels, il faudra attendre le prochain recensement en 2017.
Mais serait-ce une solution miracle pour faire disparaître le chômage ? Rien n'est moins sûr.
Regardons les chiffres pour parler de ce sujet qui enflamme vite les passions.
Selon le dernier recensement, au mois d’août 2012, à la date du recensement, 30 300 habitants sur 268 000 personnes étaient nés en dehors de la Polynésie, soit 11 % de la population totale. Parmi ces non natifs, 30 % ont une durée de résidence inférieure à 5 ans, soit 9 000 personnes.
Parmi ces 30 300 personnes non natives, 17 000 occupent un emploi, sur les 90 000 emplois occupés en Polynésie, soit 19 % des emplois occupés.
Sur ces 17 000 personnes non natives qui occupent un emploi en 2012, un tiers, soit 4 861 personnes sont venues s’installer en Polynésie entre 2007 et 2012 et affichent une durée de résidence inférieure à 5 ans.
Parmi les nouveaux arrivants qui ont trouvé un travail entre 2007 et 2012, il y a 779 natifs à être revenus s’installer et travailler en Polynésie
L'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) analysait après le recensement que "le chômage touche davantage les jeunes : un chômeur sur deux a moins de 25 ans et 45 % des chômeurs déclarent n’avoir jamais travaillé. Mais c’est surtout le niveau de diplôme qui est discriminant : 27,4 % des personnes ayant au plus le brevet des collèges sont au chômage contre 3,3 % des diplômés d'un second cycle universitaire. Par ailleurs, les femmes étant de plus en plus diplômées, l'écart de taux de chômage entre hommes et femmes a légèrement diminué : il est de 1,5 point en 2012 contre 2 points en 2007".
Pour donner du travail aux Polynésiens, la formation semble donc la priorité.
Une loi protégeant l'emploi local a été mise en place en 2012 en Nouvelle-Calédonie. Le patronat s'y félicite des réussites de cette loi symbolique tandis que les syndicats de salariés demandent une réforme d'un système qu'il juge « facilement contournable ».