Papeete, le 3 septembre 2019 - La grande conférence annuelle de Tahiti Tourisme s'est tenue ce mardi au Grand théâtre. Si Tahiti et ses îles ont le vent en poupe, l'organisme touristique est soucieux de diversifier ses marchés en Asie et en Amérique latine notamment grâce à des influenceurs.
"Tahiti souffre d'un certain manque de notoriété. Les Coréens du sud connaissent davantage les Maldives que Tahiti, alors on essaye de faire connaître la destination. Le pays est très digital : 94% des Coréens possèdent un smartphone et 70% sont inscrits sur les réseaux sociaux alors, forcément, il est très important de se servir de ces plateformes pour faire connaître Tahiti est ses îles. En novembre prochain, on va faire venir quatre influenceurs coréens, très connus en Polynésie. Ils vont poster des photos sur Instagram, Facebook… et les gens vont pouvoir découvrir des paysages magnifiques. Ils vont faire connaître la destination", explique Agathe Kang, de Tahiti Tourisme en Corée, venue spécialement du pays du matin calme pour assister à la conférence annuelle de Tahiti Tourisme ce mardi à Papeete.
63% DES TOURISTES ISSUS DE DEUX MARCHES
Si l'arrivée de deux nouvelles compagnies aériennes, French Bee et United Airlines, en Polynésie depuis septembre et novembre 2018 ont boosté le tourisme pour atteindre en cumulé entre juin 2018 et juin 2019, 230 000 touristes, les acteurs de la promotion du tourisme demeurent néanmoins prudents.
La raison de cette réserve : le manque de diversification des marchés touristiques. En effet, 63% des touristes ne sont issus que de deux marchés : les États-Unis et l'Europe. "L'année 2019 est la troisième meilleure année après 2000 et 2001, mais il ne faut pas relâcher les efforts. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier", souligne, prudente, la ministre du Tourisme, Nicole Bouteau.
DEVELOPPER L'ASIE, L'AMERIQUE LATINE
Ce manque de diversification des marchés fragilise la Polynésie, trop dépendante de la conjoncture de ces deux régions du monde et notamment d'une éventuelle crise nord-américaine prédite par certains économistes. L'intérêt de continuer à développer des marchés comme l'Asie ou l'Amérique latine est donc essentielle. "La Corée compte 51,2 millions d'habitants, 30 millions font du tourisme. Les Coréens voyagent sur de longues durées, trois ou quatre semaines", précise Agathe Kang. Des perspectives de croissance prometteuses pour ce jeune marché, si on sait que, à l'heure actuelle, environ 1 000 à 1 100 Coréens découvrent chaque année les plages et la culture polynésiennes. Faire connaitre la destination en Corée en "apportant" Tahiti en ligne sur la smartphone via un influenceur est donc un moyen de faire connaître l'île et sa culture.
Mais Tahiti Tourisme en Corée n'est pas la seule destination à utiliser ce mode de communication pour développer le tourisme, il en est de même en Europe, en Amérique latine…, même si le taux de personnes connectées est plus faible, notamment pour ce dernier continent.
Et bien sûr, il en est de même en Polynésie où l'humoriste Yepo se fait le relais de Tahiti Tourisme. Très présente sur les réseaux sociaux, la jeune femme compte pas moins de 12 000 fans sur Facebook et vient de se lancer depuis peu sur Instagram. "Je publie des posts sur la page de Tahiti Tourisme et sur la mienne (…). Je suis contente d'aider au développement de mon pays", raconte-t- ans un grand sourire.
Mario Hardy, directeur de Pacific Asia Travel Association (PATA).
Que faut-il faire pour faire venir plus de touristes asiatiques ?
"La concurrence est difficile, notamment avec les Maldives. Les Maldives sont un voyage pour le décor, les plages. En Polynésie, les touristent cherchent à vivre une "expérience", à découvrir la culture qui est très forte ici, très attractive. Il faudrait un accès aérien direct pour la Chine.
Il est intéressant aussi de faire la promotion d'autres îles de la Polynésie, moins connues que Bora Bora ou Moorea. Les personnes pourraient revenir visiter ces autres îles".
Nicole Bouteau, ministre du Tourisme
Moorea au même niveau que Bora Bora
Qu'en est-il de l'année 2019 ?
"Le bilan de l'année 2019 sera bien meilleur que celui de 2018. Nous venons d'avoir les chiffres de juin 2018 à juin 2019, nous atteignons les 230 000 touristes. C'est une très belle performance qui n'était pas arrivée depuis les années début 2000. Nous avons eu un renforcement de la desserte aérienne sur l'Europe et les États-Unis (…).
Le secteur du tourisme représente 17% des emplois salariés, c'est près de 6 000 salariés, donc c'est un secteur très porteur pour aujourd'hui, mais également pour l'avenir. (…).
Tahiti est le point d'entrée et Moorea, grâce à sa proximité avec l'île de Tahiti, devrait, cette année, avoir les mêmes chiffres de fréquentation que Bora Bora."
63% des touristiques viennent du marché américain et européen. Est-il urgent de se diversifier ?
"Nous sommes déjà dans une diversification de nos marchés. Il faut poursuivre la dynamique sur l'Europe et les États-Unis. Mais à côté de cela, les perspectives de développement doivent également être importantes sur le marché sud-américain. Nous devons aussi avoir une vigilance particulière sur la zone Océanie et sur l'Asie où nos marchés sont en souffrance. Dès la fin de semaine, nous retournons vers ces marchés, car ceux-ci sont en développement.
L'aérien est important. C'est Air Tahiti Nui qui dessert ces destinations. Nous serons à leurs côtés pour soutenir ces marchés. C'est un travail à long terme, nous avons mis plus de moyens pour la promotion, la formation, la présence. Je tiens à souligner la mobilisation des équipes de Tahiti Tourisme et des différents acteurs (...)."
Le marché indien, avec son milliard d'habitants, vous tente-t-il ?
"À terme, nous pourrions le développer. Nous allons bientôt présenter les orientations budgétaires de Tahiti Tourisme pour l'année 2020. Les partenariats développés avec certaines compagnies comme Air France avec Aero Mexico ou ATN avec American Airlines, nous permettent d'envisager dans un premier temps, l'Amérique du Sud avec le Mexique. On n'écarte pas l'Inde, mais ce sera pour plus tard."
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