PAPEETE, 30 août 2019 - Dans un contexte de hausse de la mortalité routière depuis l’année dernière, le haut-commissariat lance une vaste campagne de communication pour faire face à l’insécurité routière. Parallèlement, une intensification des contrôles routiers est annoncée sur les prochains mois.
"C’est une grande cause du pays de lutter contre l’insécurité routière", a rappelé le haut-commissaire Dominique Sorain, vendredi matin à l’occasion du lancement d’une opération de communication pour la sécurité routière (voir encadré). Comme son prédécesseur, le représentant de l’Etat est confronté à des statistiques inquiétantes. La collectivité polynésienne vient de traverser une année noire en 2018, avec 36 morts sur les routes en augmentation de près de 35 % sur un an. Et les chiffres de la mortalité routière n’augurent de rien de bon pour le bilan de l’année 2019, avec déjà 25 morts à fin août. Non-port du casque, non-usage de la ceinture de sécurité, vitesse excessive, conduite en état d’ivresse, etc. : la mortalité routière est systématiquement la conséquence de comportements à risque sur la route. Et, ce qui noircit le tableau, c’est que statistiquement un mort sur deux est une personne de moins de 25 ans.
La lutte contre l’insécurité routière est l’un des quatre axes validés par le Conseil de prévention de la délinquance, pour le plan d’actions jusqu’à fin 2020. L’instance rassemble des représentants du Pays et de l’Etat. Sur le terrain, les actions retenues prévoient la sensibilisation sur les comportements à risque, la multiplication des actions de prévention auprès du public scolaire et de communication de manière plus générale et l’intensification des contrôles routiers.
Communication et répression
En matière de sensibilisation, une campagne de communication choc avait marqué les esprits par son extrême réalisme, fin 2018. "Nous avons constaté des effets très positifs, sur le terrain. Mais il nous faut sans cesse trouver des relais nouveaux pour conserver l’attention du grand public", explique la responsable de la sécurité routière au haut-commissariat.
C’est dans ce contexte que les services de l’Etat profitent de la rentrée 2019 pour donner une nouvelle impulsion aux opérations de sensibilisation. Le coup d’envoi a été donné vendredi d’une campagne de communication sur la sécurité routière organisée appelée à se dérouler sur plusieurs mois. "Les gens sont globalement plus disponibles après les vacances. Ils sont revenus à leurs activités ordinaires et sont plus sensibles aux messages de prévention", rationalise-t-on au Haut-commissariat.
Après le lancement médiatisé du jeu-concours Réalise ta vidéo pour sauver des vies sur les routes, vendredi, l'Etat planifie une campagne de communication sur les chaînes de radios et de télévision locales. En collaboration avec le Pays, plusieurs opérations de sensibilisation en milieu scolaire sont également en cours de préparation, dont des actions à caractère pédagogiques en partenariat avec Les Comptineurs de Tahiti ou les marionnettistes Tao et Tiaporo.
En matière de répression, police nationale et gendarmerie prévoient de leur côté d’intensifier les opérations de contrôle routier au cours des prochains mois afin de sanctionner les comportements dangereux, avec une tolérance zéro.
Les usagers de la route ont pu en avoir un avant-goût avec l’opération surprise de contrôles routiers mise sur pied entre 16 h 30 et 18 h 30, jeudi dernier à la sortie ouest de Papeete. "Quand on mène ces actions-là, c’est aussi de la prévention. On prévient les gens qu’il va y avoir des contrôles", explique le directeur de la sécurité publique Mario Banner.
Pour l'anecdote cette opération coup de poing s'est intéressée aux deux-roues, aux infractions à la vitesse, à l’alcoolémie et aux stupéfiants. 86 infractions ont été relevées. A l’échelle du pays, ce chiffre donne toute la mesure de la tâche qui reste à accomplir pour faire comprendre aux usagers de la route que la sécurité routière est l’affaire de tous.
Le jeu Réalise ta vidéo pour sauver des vies sur les routes
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Nos campagnes seront plus efficaces si les jeunes parlent aux jeunes", a insisté le haut-commissaire Dominique Sorain, vendredi matin au lycée professionnel de Faa’a, à la présentation du jeu-concours qu’organise l’Etat en partenariat avec le Pays jusqu’au 23 novembre prochain.
Le concours Réalise ta vidéo pour sauver des vies sur les routes est ouvert à tous du 2 septembre au 12 novembre. Deux mois et demi sont donnés aux participants pour transmettre une production audiovisuelle (sketch, court métrage, chanson…) dans laquelle ils partagent leurs expériences sur les routes et où ils livrent les enseignements qu’ils en tirent. L’opération repose sur le principe de la dynamique participative. L’idée est de provoquer un engagement citoyen, de favoriser dans la population une prise de conscience plus large des dégâts de l’insécurité routière et des bonnes manières adopter pour s’en préserver.
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Il faut partir de la réalité des accidents, ici en Polynésie. L’année dernière sur les 36 morts, 18 avaient moins de 25 ans et étaient conducteurs de deux-roues. Les jeunes sont beaucoup concernés par cela. C’est pour cela qu’avec le président nous avons décidé de lancer cette campagne depuis un lycée. Les jeunes ont des idées de prévention. Et il est intéressant que les jeunes parlent aux jeunes, en la matière. Nos campagnes seront beaucoup plus efficaces comme cela", explique Dominique Sorain.
Un jury présélectionnera les 10 vidéos finalistes de ce jeu concours, mi-novembre. Du 14 au 22 novembre, cette présélection sera soumise aux votes du public, via les réseaux sociaux. Celles qui emporteront le plus grand nombre de
Like seront récompensées.
> Lire aussi : Le règlement du jeu-concours http://www.polynesie-francaise.pref.gouv.fr/DOSSIERS/Jeu-concours
Hervé Leroy, procureur de la République
La lutte contre la délinquance routière est l’un des axes principaux de votre politique pénale ?
"Tout à fait, puisque dans le cadre de la recherche des infractions liées à la conduite sous l’empire d’un état alcoolique ou sous l’emprise de stupéfiants, je délivre quasiment toutes les semaines des réquisitions à destination des services de police et des unités de gendarmerie en vue de rechercher des infractions au code de la route mais aussi des infractions à la législation sur les stupéfiants. Qu’il s’agisse de contrôles d’identité, de contrôles d’alcoolémie et également de fouilles des véhicules. (…) C’est une politique pénale qui a été initiée depuis maintenant trois ans. Elle a été affirmée et réaffirmée par les gardes des Sceaux successifs dans une circulaire. Et cette politique a été appuyée par le conseil de prévention de la délinquance."
La justice peut également confisquer des véhicules dans le cadre des poursuites ?
"Absolument. L’article 131-21 du code pénal prévoit qu’une peine complémentaire de confiscation peut être ordonnée par la juridiction. De même lorsque l’on a un délit passible d’une peine supérieure à un an. Là aussi, on peut confisquer tout objet, et notamment des véhicules automobiles ou des deux-roues. Dans le cadre de comparutions immédiates, pour les auteurs de défaut de permis de conduire, de conduire sous l’empire d’un état alcoolique ou de stupéfiants, ou même d’homicide involontaire, le tribunal est amené à prononcer la confiscation."
Mario Banner, commissaire de la Direction de la sécurité publique (DSP)
Les contrôles routiers vont être renforcés dans les prochains mois, après l’augmentation du nombre de morts sur les routes ces deux dernières années ?
"C’est une volonté du haut-commissaire de la République avec évidemment le soutien du président du Pays. L’augmentation du nombre de décès concerne davantage la zone gendarmerie, ceci étant nous sommes tous concernés par ce problème. Et effectivement, d’ici la fin de l’année, il y aura beaucoup de contrôles inopinés et des actions communes entre police et gendarmerie, sous l’impulsion également du procureur de la République."
Et en fin d’année, ces contrôles seront encore intensifiés ?
"Nous avons une culture locale, qui se retrouve en métropole d’ailleurs, c’est qu’à partir de la mi-décembre à la mi-janvier les contrôles sont multipliés parce qu’il s’agit des moments où les gens sont en liesse et font la bringue, donc immanquablement boivent. Mais ce que je veux faire comprendre, c’est que quand on mène ces actions-là, c’est aussi de la prévention. On prévient les gens qu’il va y avoir des contrôles. Et pour ceux qui dépassent les limites, évidemment il y a de la répression."
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