PAPEETE, le 23 août 2019 -
Le 15 et 16 août dernier, à la Presqu'île de Tahiti, Taina Calissi et Nyko PK16 ont porté un tournage un peu particulier. Celui d'un clip, "ou peut-être d'un court-métrage" qui intègrera une exposition Ô Belvédère du 5 au 15 septembre.
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Ma dernière exposition a eu lieu il y a 20 ans tout juste", rapporte Taina Calissi. "
Je suis de retour et j’ai des œuvres à présenter."
Elle s’est exprimée sur un thème qui lui tient à cœur : "In between world : entre des mondes". Elle annonce : "
j’ai une vingtaine d’acryliques et une dizaine de dessins, du fusain urbain".
Urbain ? "
Je dirais que c’est une approche urbaine, cela se rapproche du tag, il y a de la couleur plutôt vive sur du kraft. C’est peut-être un peu pop."
Taina Calissi ne tient pas à entrer dans des catégories. Elle hésite par ailleurs à affirmer une appartenance à un courant ou une technique quelconque pour "respecter les puristes".
Tableaux, photos, textes, vidéo
Pour présenter ses œuvres, l’artiste plasticienne a imaginé toute une mise en scène. En plus des tableaux, elle présentera quelques photographies et un recueil de poèmes rassemblés sur le thème "In between words". Surtout, elle achève un clip qui sera projeté lors de l’exposition, ou plutôt de l’expérience. Plusieurs médiums vont converger pour faire vibrer les visiteurs.
Taina Calissi aime l’art visuel en général. Et depuis longtemps. Elle se rappelle par exemple ce concours national remporté alors qu’elle était étudiante. "
Il s’agissait de rédiger le scénario d’une publicité pour le compte d’une grande marque." Elle a toujours un scénario qui traîne, en cours d’écriture.
Faute de moyens, elle n’a pas pu faire une école supérieure de réalisation audiovisuelle (Esra). Alors elle a suivi un BTS de communication et actions publicitaires. "
Je m’y retrouvais car il y avait de la création." En Polynésie, en 1995, elle a organisé sa première exposition en plein air, au Trou du souffleur. Elle était intitulée : Détails polynésiens. "
C’était des pastels gras."
En 2002-2003, elle a été à l’origine d’un festival d’artistes, des peintres et sculpteurs. Plus récemment, elle a décidé de mettre sa carrière professionnelle entre parenthèse pour voyager car, reprend-elle, "
voyager, c’est vivre".
La vie, pour elle, c’est aussi l’art. Lors de son tour du monde, elle est allée à la rencontre d’œuvres et de créateurs d’ailleurs. De retour à Tahiti, elle a décidé d’agir à son tour.
Une rencontre fructueuse
L’idée du clip s’est mise en place naturellement. Passionnée de danse et de performances contemporaines, elle a été touchée par un épisode de la série Dance in Paradise du réalisateur Nyko PK16. "
Cet épisode, Bad Feeling, avec Tuarii Tracqui et Tahia Cambet a été tourné à Paris. Il m’est apparu comme le plu abouti de la série."
Cette série, originale, donne carte blanche à des danseurs de ‘ori tahiti qui s’expriment sur des musiques contemporaines. "
Un pari osé", reconnaît Taina Calissi, "
mais à partir du moment où l’on connait sa propre culture, on peut aller vers celle des autres."
Taina Calissi et Nyko PK16 se sont rencontrés une première fois. "
Et dès la première réunion ça a été fructueux." Peu après, elle a rédigé le synopsis, Nyko PK16, le scénario. Hugues Damesin, fidèle allié du réalisateur, a composé la musique et Mateata Raoulx, Vaiarava Levy et Patoarii Garrigues se sont attelés à la chorégraphie.
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Ce clip illustre deux tableaux que j’ai peint ensemble", raconte Taina Calissi. "
L’histoire se trouve entre des mondes, elle est inspirée de la légende des Mokorea, des mondes polynésiens Te Po e te ao." Il y a aussi l’occident et la Polynésie, l’homme et la femme, les humains ancrés sur leur terre, l’océan qui se trouve en chacun de nous.
Le tournage a eu lieu sur le site de Punui, sur la presqu’île de Tahiti. Il a été tourné entre terre et mer le 15 et 16 août dernier. Il est interprété par Mateata Raoulx, danseuse des Grands ballets de Tahiti pendant quatre ans et Patoarii Garrigues, mister Tahiti 2012 et danseur de la troupe Tamariki Poerani.
Les images seront projetées au restaurant Ô Belvédère, "
véritable partenaire dans mon projet puisqu’ils resteront exceptionnellement ouverts pendant dix jours d’affilée".