PAPEETE, le 19 août 2019 – Six mois après la liquidation judiciaire de la SEM Te mau ito api à Makemo, le Pays tente de réorganiser la distribution d’électricité sur l’atoll. Mais des riverains s’élèvent contre la mise en place d’une facturation de l’électricité et réclament une compensation, notamment pour les "appareils cramés" par les variations de tensions ces dix dernières années.
Depuis le placement en liquidation judiciaire de la Société d’économie mixte (SEM) Te Mau Ito Api en janvier dernier, le Pays a repris en urgence la gestion de la distribution de l’électricité sur l’atoll des Tuamotu. La SEM n’avait pas laissé que de bons souvenirs aux habitants de l’atoll. Le « projet pilote » porté par le Pays (66%) et par la société privée Sedep de l’homme d’affaires Dominique Auroy devait fonctionner grâce au mix énergétique éolien et thermique. Problème, les éoliennes sont rapidement tombées en panne et la SEM a tourné pendant la quasi-totalité de son activité grâce à des groupes électrogènes. Au gré des pannes et problèmes d’approvisionnements.
Depuis six mois, le Pays tente donc de réorganiser la distribution d’électricité sur l’atoll. Le 18 février, le conseil des ministres a pris un arrêté "approuvant le principe d’une délégation de service public comme mode de gestion du service public de fourniture d’énergie sur l’atoll de Makemo". Pour autant, aucun délégataire n’a encore pu être trouvé par le Pays. Le 20 mai dernier, un régisseur a ensuite été nommé à la régie des recettes auprès du service des énergies à Makemo. Et enfin, le 1er juillet dernier, un arrêté a défini la tarification de l’électricité distribuée sur l’atoll.
Sur place, Teraiarue Tahi, un riverain bien connu de l’atoll pour ses positions très affirmées, a immédiatement réagi en dépoussiérant son association "Katalina", pour s’élever contre cette annonce. Son association réclame plus de "transparence" dans la gestion de la distribution d’électricité et demande "réparation" pour les douze dernières années de coupures de courant à répétition et autres chutes de tensions.
"Chez nous, quand ça coupe, tout le monde se prévient dans le voisinage pour débrancher ses appareils. Sinon, ça crame la télé, le lave-linge, le frigo... tout ! On a même vu un onduleur cramer à cause de la tension", s’énerve Teraiarue Tahi. " On n’y comprend rien. Nous on n’entend parler que des black-out à la télé. Et puis un jour, on entend à la télé que Te mau ito api est en liquidation. Qu’il y a eu des remboursements demandés entre le Pays, la société de Dominique Auroy et la commune. Mais nous, on nous rembourse rien. "
Une pétition lancée par l’association a recueilli, selon Teraiarue Tahi, pas moins de 190 témoignages et une quarantaine de demandes de remboursement. Depuis, le président de l’association a écrit un courrier au service de l’énergie et au président Edouard Fritch pour demander une "réunion publique d’information".
Lundi après-midi, le maire de Makemo et le ministère de l’Energie n’étaient pas joignables pour répondre à nos sollicitations sur ce dossier. "On sait qu’il y a les élections, que ça va être politique, mais tant pis. Il faut l’ouvrir", s’époumone Teraiarue Tahi. Le sujet risque en effet d’être électrique. Depuis près de deux ans, les habitants de Makemo ne paient plus l’électricité à la suite de pannes dans le système de facturation de Te mau ito api.