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L’ouverture pour les États-Unis se précise

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L’ouverture pour les États-Unis se précise
Tahiti, le 28 avril 2021 - Le haut-commissariat a confirmé mercredi, à travers un arrêté, l’ouverture des frontières aux touristes américains avec l’ajout du motif impérieux liée à la relance économique du territoire. Les nouvelles procédures applicables à compter du 1er mai, seront présentées jeudi matin à l’aéroport de Tahiti-Faa’a en présence du président de la Polynésie française, Édouard Fritch, du haut-commissaire, Dominique Sorain, et de la ministre du Tourisme, Nicole Bouteau.

Le haut-commissariat a annoncé mercredi dans un communiqué de presse l’application d’un arrêté venant confirmer le décret du 27 avril 2021. Le haut-commissaire peut donc officiellement ajouter à la liste des motifs impérieux les déplacements nécessaires aux activités en lien avec l’impératif de reprise économique du territoire, dont notamment l’investissement, le tourisme ou les manifestations culturelles et sportives pour les déplacements entre la Polynésie française et les États-Unis à compter du 1er mai 2021.

Pour le moment, les déplacements des touristes américains vers le fenua pourront s’effectuer uniquement par voie aérienne. Le haut-commissariat rappelle que la déclaration obligatoire des motifs du déplacement doit être réalisée au plus tard six jours avant le vol. Elle s’effectue sur le site dédié “démarches simplifiées”. Les procédures qui seront appliquées à partir du 1er mai seront présentées jeudi matin à l’aéroport de Tahiti-Fa’a.

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Alida Bailleul, la passion du vivant

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Alida Bailleul, la passion du vivant
TAHITI, le 28 avril 2021 - Aujourd’hui chercheuse à l’Académie des sciences chinoises, Alida Bailleul est née à Taiti et a effectué toute sa scolarité en Polynésie, à Papara. Elle a obtenu son baccalauréat dans le lycée de cette commune de la côte ouest. Depuis toujours, elle s’intéresse à la vie, aux organismes, à leurs caractéristiques et leur évolution. Elle a fait une découverte qui pourrait bouleverser les sciences du vivant.

Un article est paru dans le magazine Sciences et vie en 2020. Intitulé "ADN de dinosaure, l’incroyable découverte", il décrit une "nouvelle qui secoue les sciences du vivant tout entières". Car "on aurait enfin retrouvé l’ADN de la créature la plus fantasmatique ayant jamais peuplé la Terre : Un dinosaure !" Cette découverte est le fruit de travaux menés par Alida Bailleul. Aujourd’hui chercheuse à l’Académie chinoise des sciences, installée à Pékin, Alida Bailleul est née à Tahiti où elle a effectué toute sa scolarité.

Elle revient sur sa découverte : "J’ai travaillé aux États-Unis. Là-bas, j’ai regardé au microscope des tissus de petits crânes de dinosaures à bec de canard découverts dans le Montana, dans les années 80." Dans ces tissus inspectés, elle a reconnu des cellules en fin de division, puis a repéré des noyaux préservés. À l’intérieur des noyaux, elle a remarqué de longues structures noires ressemblant à des chromosomes. Pour confirmer cette première observation, elle a effectué des tests chimiques. Tests qui se sont révélés positifs.

Pour aller plus loin et confirmer la présence de matériel génétique dans ces cellules ancestrales, il aurait fallu passer à une étape de séquençage. Il faut savoir que l’ADN est composé d’éléments de bases appelés nucléotides. Il existe quatre bases différentes. Le séquençage consiste à déterminer l’ordre d’enchaînement des nucléotides sur un fragment d’ADN donné (ou bien sur tout le génome).

Petite révolution du secteur

Or, problème, le séquençage ne fonctionne pas sur des échantillons d’ADN trop vieux car le matériel génétique s’abime au fil du temps. Le plus vieux des ADN identifiés grâce au séquençage a 1,6 million d’années. Alida Bailleu travaille donc aujourd’hui à mettre au point une méthode qui pourrait confirmer pour de bon la présence d’ADN dans les cellules de tissus de crâne de dinosaures à bec de canard qui ont, elles, 75 millions d’années. Si elle venait à trouver cette méthode, cela serait une petite révolution.

Mais attention, si la présence d’ADN était bel et bien confirmée un jour, cela ne permettrait en aucun cas de cloner un jour de tels organismes. "Cela serait tout à fait impossible, d’une part nous ne le voulons pas, d’autre part car, pour cloner un animal, il faut de l’ADN extrêmement bien conservé, dans un réfrigérateur par exemple. Il n’est même pas possible de cloner une espèce éteinte depuis seulement cinq ou six ans si les cellules ne sont congelées très très rapidement", insiste Alida Bailleul.

"Fascinée par la diversité de la vie"

Alida Bailleul est née à Tahiti. Ses parents, arrivés de France, se sont installés sur la côte ouest dans les années 1980. Elle est venue au monde deux ans plus tard. Elle a suivi toute sa scolarité à Papara, maternelle, primaire, collège, lycée.

"Quand j’étais petite plusieurs choses m’intéressaient, mais j’ai toujours été particulièrement fascinée par la diversité de la vie, la biologie, les plantes, les champignons, les animaux toujours existants ou bien éteints." Elle passait des heures à regarder des documentaires animaliers sur National Geographic. Elle adorait ses cours de biologie. "Dans cette matière, tous mes profs ont toujours été super."

Elle était également attirée par les langues, anglais, latin, la littérature. Elle aimait l’école, apprendre. Elle a, un temps, voulu devenir astronaute, "mais comme tous les enfants à un moment donné de leur vie non ?". Elle s’est vite mise en tête de devenir paléontologue, ou bien de tourner elle-même des documentaires animaliers.

De Tahiti aux États-Unis


Elle passait son temps libre sur la Presqu’île, appréciait la mer, la rivière, la montagne. À partir de ses 18 ans, elle a passé une partie de ses vacances aux États-Unis pour faire des fouilles. "C’est là que j’ai rencontré mon futur directeur de thèse : Jack Horner. Un chercheur célèbre pour avoir été notamment conseillé technique scientifique sur le film Jurassic Park ! "Alida Bailleul a souhaité, avec ces premières fouilles, enrichir ses connaissances en biologie, zoologie. Elle cherche depuis longtemps à comprendre les espèces et la Terre, l’évolution des organismes, les organismes eux-mêmes.

Après le lycée, elle s’est inscrite à l’université de Polynésie française pour faire une licence de biologie. Pour aller plus loin, elle a dû se rendre en France. Elle a suivi une troisième année de licence à Orsay, près de Paris, à l’université Paris sud, puis a effectué un master 1 et master 2 en paléontologie à Jussieu. Elle a travaillé, sur recommandation de Jack Horner, avec Jorge Cubo et Armand de Ricqles, tous deux spécialistes des tissus (histologie) squelettiques. Enfin, elle a enchaîné avec un doctorat aux États-Unis, à l’université (Montana States university). Depuis, elle travaille elle aussi sur les tissus d’espèces vivantes et éteintes qu’elle inspecte au microscope.

Une opportunité en Chine

Elle a obtenu un post-doctorat à l’université en 2015 dans un laboratoire de l’université du Missouri. À l’occasion d’une conférence pendant laquelle a présenté son travail, Alida Bailleul a été invitée à aller s’installer en Chine, sur invitation de Jingmai O’connor, de l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie de Pékin. Elle était alors professeure à l’Académie des sciences chinoises. "J’ai saisi l’opportunité qui n’allait surement pas se représenter un jour !" Entre 2018 et 2020, elle a été post-doctorante, elle est depuis 2020 chercheuse associée à l’Académie des sciences chinoises dans un institut de recherche sur la paléontologie des vertébrés et la paléoanthropologie.

À ce titre, elle a eu l’occasion de rencontrer le premier ministre chinois, Li Kepiang en janvier 2021 dans le bâtiment appelé Great Hall of the People non loin de la place Tiananmen à Pékin. Une expérience inoubliable. Cette rencontre a eu lieu à l’occasion d’une réunion d’experts étrangers vivants en Chine, ils étaient entre 30 et 40. Seule deux femmes étaient présentes, Alida Bailleul étant la plus jeune de tous les participants.

Elle dit adorer sa vie dans ce grand pays. Elle habite la capitale, Pékin, une ville active, habitées par des personnes aux multiples origines. Elle a accès à de nombreuses cultures et à de nombreuses manifestations culturelles, elle peut en plus découvrir des pays voisins : Le Cambodge, la Thaïlande, les Philippines "ou bien encore Hainan, similaire à Tahiti !". Toutefois, "Tahiti me manque beaucoup, j'essaye de revenir en vacances autant que je peux."

Professionnellement, elle ne se concentre pas seulement sur la mise au point d’une technique d’identification de l’ADN, elle continue à s’intéresser au vivant et à l’évolution. "Par exemple", illustre-t-elle, "comment est-on passé d’un crâne dinosaurien à crâne avien ? Comment les animaux mangeaient-ils, étaient-ils flexibles ou pas ? Quand on est scientifique, on a des millions de projets !"

Elle regrette le manque d’opportunités scientifiques en Polynésie. "C’est un hotspot de biodiversité, c'est vraiment dommage qu'il n'y ait pas plus d'opportunités scientifiques notamment en biologie marine, biologie végétale ou biologie de la conservation." La Polynésie est un trésor, Alida Bailleul est convainque qu’il y a beaucoup de jeunes chercheuses et chercheurs en sommeil à Tahiti, "mais elles/ils ne peuvent pas poursuivre une carrière scientifique car il faut partir pour faire des études ailleurs (comme moi). Ensuite, il n'y a pas assez de laboratoires scientifiques pour les embaucher à leur retour. Il faudrait vraiment que cela change, ce serait bénéfique pour tout le monde ! Les Polynésiennes et Polynésiens, la Science et la biodiversité de la planète… Qui sait quels trésors scientifiques se cachent encore en Polynésie ? "


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​Tahiti Infos de nouveau habilité à diffuser les annonces légales

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​Tahiti Infos de nouveau habilité à diffuser les annonces légales
Tahiti, le 28 avril 2021 – C'est une petite révolution pour votre quotidien, Tahiti Infos vient d'être de nouveau habilité à diffuser les annonces judiciaires et légales.
 
Le ministère des Finances a annoncé mercredi dans un communiqué l'habilitation de Tahiti Infos et La Dépêche de Tahiti à diffuser les annonces judiciaires et légales relevant de la compétence du Pays. Selon nos informations, l'État a également accordé cette habilitation pour les deux quotidiens pour les annonces relevant de sa propre compétence. Les arrêtés officialisant cette décision seront publiés vendredi au Journal officiel. Si l'affaire n'est pas une nouveauté pour La Dépêche, c'est en revanche le cas pour Tahiti Infos.
 
En effet, jusqu'en 2014 le journal gratuit Tahiti Infos pouvait diffuser ces annonces informant sur certains événements de la vie des entreprises ou des particuliers. Mais à la suite d'un recours intenté par la direction de La Dépêche de Tahiti, le haut-commissariat puis le Pays avaient finalement refusé d'habiliter les publications gratuites à diffuser de telles annonces. Désormais payant, Tahiti Infos retrouve donc enfin cette possibilité, pour la plus grande satisfaction et la meilleure information possible de nos lecteurs.
 

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Faut-il s'attendre à un exode calédonien vers le fenua ?

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Faut-il s'attendre à un exode calédonien vers le fenua ?
Tahiti, le 28 avril 2021 – Alors que la Nouvelle-Calédonie voisine prépare son 3e référendum d’autodétermination, un deuxième sondage de l’institut Quidnovi montre que plus de 9 000 personnes, dont près de 700 Polynésiens seraient prêts à s’installer sur le fenua. Des intentions qui, sans surprise, évoluent au gré du contexte politique et économique.

L’incertitude de l’avenir politique chez nos voisins calédoniens fait-il peser un risque de mouvement migratoire vers la Polynésie ? Le cas échéant, le fenua est-il prêt à les recevoir et à répondre à leurs attentes ? Des questions que le score resserré du deuxième référendum, ou les violences liées à la reprise de l'usine du Sud (Vale NC) en fin d’année dernière, ont ravivées. Et notamment en perspectives du 3e et dernier référendum. “Au-delà de savoir s’il y aura des déplacements de population, on a voulu anticiper sur les questions sanitaires, de logement ou d’emploi“ justifie Philip Schyle, rapporteur d’une nouvelle mission d’information émanant de l’assemblée de la Polynésie française, sur les conséquences de l’évolution institutionnelle, économique et sociale du Caillou sur le fenua.

En accord avec le président Fritch, les élus ont jugé l’enjeu suffisamment important pour y prêter une “oreille attentive“ et notamment à l’endroit de nos confrères polynésiens du Caillou, estimés à 5 366 personnes. Dans la prolongation du sondage effectué en 2018 après le premier référendum d’autodétermination, il s’agissait de réactualiser les données et d’élargir le périmètre de l’étude. Ainsi, 21 auditions ont été menées, dont 11 avec diverses personnalités du Caillou à l’instar de Sonia Backès, présidente de la province Sud, Sonia Lagarde, maire de Nouméa, ou Daniel Cornaille, président du Cesec.

2% de Polynésiens en Calédonie

Afin de compléter son analyse, l’institut Quidnovia été mandaté pour enquêter sur “l’émigration potentielle de la Nouvelle-Calédonie vers la Polynésie française“. Il s’agit “d’estimer les anticipations de départ des Calédoniens à court et moyen terme“ d’une part et “d’identifier la quote-part susceptible d’émigrer vers la Polynésie“ d’autre partAu-delà des Polynésiens, ce deuxième sondage a donc été étendu à l’ensemble des communautés du Caillou.

Déjà parce que les Polynésiens du Caillou ne sont pas si nombreux que ça. A raison de 5 366 personnes, sur près de 271 000 habitants, ils représentent2% de la population, dont 786 sont installés depuis seulement 2010, contre 3,8% en 1983. “Si sur une longue période, la population tahitienne est stable dans l’ensemble, elle a tendance à se réduire“ commente le directeur de mission pour Quidnovi, Stéphane Renaud.

Sur un échantillon de 1 500 personnes représentatives de la population calédonienne, l’institut Quidnovi a analysé les perceptions de deux groupes distincts en cas de oui à l’indépendance : les personnes se déclarant “Tahitienne“ et les autres. Soit 361 personnes au total. “Nous avons interrogé 194 personnes ayant de la famille en Polynésie et 167 personnes préalablement qualifiées déclarant qu’elles pourraient envisager de quitter la Nouvelle-Calédonie“ précise le directeur de mission.

L’hémorragie en cas de oui à l’indépendance

Résultat ? 216 ménages ayant de la famille au fenua (soit 780 personnes) et 3000 ménages n’y ayant pas d’attache (soit 9 000 personnes), sont susceptible de se déplacer en Polynésie en cas de oui à l’indépendance. “Ce dernier volume dépendant toutefois du climat régnant en Nouvelle-Calédonie“, nuance le directeur de mission. Un climat intimement lié à l’ultime référendum, dont l’issue sera déterminant pour beaucoup plus de monde. Car en extrapolant ces résultats à l’ensemble de la population, l’institut obtient des volumes autrement plus importants. En cas de oui à l’indépendance, Quidnovi estime à plus de 60 000 le nombre de départs vers toutes destinations confondues.

Des chiffres à remettre ici aussi dans leur contexte. Car au moment de la mesure, “le territoire sortait d’un épisode particulièrement virulent qui a nécessairement influencé la perception des Calédoniens“ relativise le responsable. “Les éléments de crispations peuvent faire évoluer du tout au tout les décisions de partir“.

La France devant la Polynésie

Reste les critères de choix d’une destination en cas de départ. Et si la Polynésie renvoie l’image d’un pays “hospitalier“, “où l’on peut s’intégrer facilement“ et doté d’un “potentiel de développement économique important“, elle arrive au second rang des destinations plébiscitées, derrière la métropole. En cas de départ de la Nouvelle-Calédonie, la métropole figure ainsi comme une“ destination consensuelle, quel que soit le groupe considéré“ rapporte l’institut.

Fort de ces données actualisées, la mission d’information dressera des recommandations en concertation avec les autorités du Pays et de l’État, pour d’éventuelles mesures à mettre en place. Ces travaux feront l’objet d’un rapport qui sera présenté aux élus de l’assemblée en séance plénière. “Il ne s’agit pas de s’immiscer dans le choix des Calédoniens“, insiste Philip Schyle, mais de porter “une attention particulière sur l’ambiance et l’équilibre sociale qui pourrait déterminer une migration ou pas et de préparer les autorités avec des indicateurs“.
 

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L'agrégation de la discorde

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L'agrégation de la discorde
Tahiti, le 28 avril 2021 - À peine le premier concours d'agrégation "Langues de France option Tahitien" mis en place que déjà certains évoquent le fait de déposer un recours en justice "vu toute l'opacité au niveau du concours et tout ce qu'on peut considérer comme des irrégularités".
 
II aura fallu attendre huit ans pour qu'enfin l'agrégation "Langues de France option Tahitien" voit le jour. En effet, en 2013, la loi relative à la refondation de l'école de la République avait mis en avant l'apprentissage des langues régionales. Trois ans après, l'agrégation des "langues de France" faisait son apparition avec d'abord le breton, le corse et l'occitan, puis le créole et le tahitien prévus pour 2020. Mais à peine la première édition du concours mis en place, avec une dizaine de candidats et trois reçus aux épreuves écrites, que s'élèvent déjà les premières critiques et menaces de recours.

"On se pose la question sur l'impartialité du jury"
Le syndicaliste du Snetaa-FO, Maheanuu Routhier, s'il reconnaît que cette agrégation est "une bonne nouvelle pour l'évolution de la carrière de mes collègues enseignants de lettre tahitien", s'étonne des notes "catastrophiques" de certains candidats. "Une des notes les plus basses frise le zéro". Et pourtant, ajoute-t-il, "certains enseignent depuis plus d'une trentaine d'années et leurs compétences sont reconnues dans certains services de l'État et du Pays puisqu'ils étaient formateurs à l'école supérieure du professorat et de l'éducation (Espe)". Les premières critiques vont à l'encontre du jury accusé par les candidats déçus de "partialité", explique le syndicaliste.
 
Des professeurs s'étonnent que la majorité des membres du jury enseignent à l'université et "qu'un des candidats admissible a eu comme directeur de thèse le vice-président du jury", indique Maheanuu Routhier. Le syndicaliste s'étonne que les académiciens n'aient pas fait partie du jury. Autre problématique, celle de la professeure du Lycée Paul Gauguin admissible aux oraux, mais dont l'association des parents d'élève demande l'éviction en raison de ses absences répétées, selon eux en raison justement de sa préparation au concours. "C'est malheureux de voir que cette personne se fasse lyncher. Je ne connais pas les raisons de son absence. Peut-être qu'elles sont justifiées", commente Maheanuu Routhier. "Après, qu'elle ait eu l'occasion de se préparer à l'agrégation, cela relève d'un choix individuel". Toujours selon le syndicaliste, le président du jury, Yves Barnabé, était au fait de cette situation et de ces absences.
 
Enfin, dernier cafouillage, sur les 25 inscriptions pour cette première édition de l'agrégation et sur la dizaine de professeurs s'étant réellement présentés aux écrits, seuls trois candidats avaient été retenus initialement pour les oraux. "Initialement" puisque l'un d'entre eux a finalement été éliminé car originaire de l'enseignement privé

"On se réserve le droit de déposer un recours"
Maheanuu Routhier assure que cette situation est "malheureuse", mais se réserve le droit de contester l'examen après la publication et l'officialisation des résultats des oraux. "Vu toute l'opacité au niveau du concours et tout ce qu'on peut considérer comme des irrégularités, on se réserve le droit de déposer un recours.

"Ouvrir plus de postes au Capes de reo"
Interview - En plus des problèmes avec l'agrégation de reo tahiti, Maheanuu Routhier, représentant du Sneeta-FO, dénonce la situation des contractuels "précaires" embauchés pour pallier le manque de professeurs titulaires en reo. Ceci alors qu'un seul poste n'est ouvert au concours tous les deux ans.
 
Vous dénoncez un souci avec le certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré lettre tahitien (Capes) ?
 
"Tous les deux ans, il y a un concours avec un seul poste en lettre tahitien. Le problème, c'est qu'on a beaucoup de postes vacants occupés par des contractuels, alors qu'ils sont là pour des remplacements. Ces postes devraient être réservés à ceux qui ont réussi le concours, mais malheureusement il n'y a qu'un seul poste à chaque fois qui est proposé. Et l'excuse qu'on nous donne toujours, c'est la peur que la discipline soit saturée. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est pas du tout le cas. Il est urgent de recruter du personnel en Capes de tahitien. Car quand des profs sont absents pendant longtemps, on a des difficultés à les remplacer puisque le vivier de remplaçants est déjà pris. Il faut ouvrir plus de postes au concours du Capes."
 
Quel est le problème avec les contractuels ?
 
"Il y en a pas mal et beaucoup sont en CDI. Normalement, un contractuel on le prend pour des besoins temporaires sur un ou deux ans. On a demandé à la ministre de mettre en place, comme ce qui existe au premier degré, une brigade de remplaçants avec des enseignants polyvalents qui pourraient remplacer des profs absents pendant un ou deux mois. Et même peut-être les bloquer à l'année et lorsqu'on a besoin d'eux, on a quelqu'un sous la main."
 
On précarise l'emploi avec ce système ?
 
"Depuis la cédéisation des contractuels en 2017 via le tribunal du travail, le 1er juillet prochain un système qui avantage uniquement l'employeur qui est le vice rectorat va être de mise. Je m'explique : Le tribunal du travail reconnait que tous les contractuels qui ont signé leur contrat ici relèvent du code du travail local. Aujourd'hui, on veut appliquer à ces derniers des décrets et des lois qui seront pris au niveau national et qui pourront changer tous les quatre matins. On a réussi à mettre en place un droit d'option, c'est à dire la possibilité pour les CDI de rester en droit privé ou droit public. Mais en droit public, les contractuels se verraient contraints de cotiser à la sécurité sociale et non plus à la CPS. Ils auraient donc une double cotisation et vont recevoir une retraite de la CPS et une de la Sécurité sociale qui ne sera jamais à la hauteur de la retraite qu'ils auraient eue s'ils avaient cotisé uniquement à la CPS ou uniquement à la Sécurité sociale. Cette situation concerne tous les contractuels embauchés par l'Etat".
 
Vous dîtes que les contractuels sont "sous-payés"?
 
"C'est clair, je prends un exemple : Il y a une contractuelle qui a enseigné pendant plus de 18 ans et moi je suis enseignant depuis 11 ans. Et pourtant je gagne entre 120 et 150 000 Fcfp plus qu'elle. On est intervenu déjà auprès du vice-recteur, car cette situation est aberrante et je ne peux pas l'accepter. Nous demandons donc que les contractuels sortent de cette précarité. Et le souci, c'est que les contractuels ne sont pas indexés. Nous sommes en discussion avec le vice rectorat pour une réévaluation des salaires de ces dernier"

Harmoniser les CIMM
L'agrégation de la discorde
Une délégation de la CSTP-FO a été reçue par le haut-commissaire, Dominique Sorain, mardi. Plusieurs sujets ont été abordés parmi lesquels l'attribution du centre des intérêts matériels et moraux (CIMM) aux fonctionnaires d'État. Le syndicat demande une clarification et une harmonisation des conditions d'attribution de ce fameux sésame "pour arrêter les CIMM de complaisance qu'on dénonce depuis plusieurs années", affirme le syndicaliste Maheanuu Routhier. Il explique que les services et établissements de l'État n'ont pas les mêmes critères d'attribution : "chacun a son interprétation, chacun a ses faisceaux d'indice, et parfois l'administration requiert de la personne qui demande un CIMM plus de 22 critères avant de le donner, à un moment il faut arrêter".
 
Maheanuu Routhier indique également qu'il faut qu'il y ait plus de "transparence". La CSTP-FO demande la mise en place d'une commission qui étudierait les dossiers de demande de CIMM. "Il faut arrêter que cela soit un administratif, dans un bureau, qui décide tout seul sans qu'on puisse avoir de visibilité sur comment a pu être traité le dossier", tacle Maheanuu Routhier. Il affirme que certains Polynésiens ont du mal à avoir leur CIMM. Un Marquisien a dû récemment aller jusque devant la cour d'appel de Paris pour se voir reconnaître son CIMM, car "une des administrations de l'État en Polynésie ne l'a pas voulu malgré ses attaches avec la Polynésie et c'est inacceptable". Alors que, selon lui, "certains après quatre ans au fenua l'obtiennent sans avoir investi dans quoi que ce soit. On ne peut plus accepter qu'on donne les CIMM comme des sucettes".
 
Il y a, selon lui, une centaine de demande de CIMM annuellement et, généralement, il y a une vingtaine de réponse positive. L'avantage, selon le syndicaliste, c'est qu'au niveau du vice rectorat,  tous les chiffres de demande et d'acceptation sont affichés, contrairement aux autres services et établissements de l'État.

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Australie: des techniques pour "ralentir de 20 ans" la disparition de la Grande barrière de corail

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Australie: des techniques pour
Brisbane, Australie | AFP | jeudi 29/04/2021 - Rendre les "nuages brillants" et permettre aux coraux de mieux supporter la chaleur sont deux techniques susceptibles de ralentir de vingt ans la disparition de la Grande Barrière en raison du réchauffement climatique, selon des scientifiques australiens.

Le site du nord-est de l'Australie, inscrit en 1981 au patrimoine mondial de l'Unesco, risque de "se dégrader rapidement" dans les cinquante prochaines années en raison du changement climatique, selon une étude publiée dans le journal Royal Society Open Science.

"Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus vulnérables au climat", a rappelé à l'AFP l'auteur principal de cette étude, Scott Condie.

"Selon des projections modélisées, la proportion de coraux au sein du récif de la Grande Barrière de Corail pourrait chuter au-dessous de 10% d'ici 20 ans", a-t-il estimé.

Il est cependant possible de ralentir ce déclin en adoptant des programmes de grande ampleur à l'échelle planètaire, a souligné M. Condie, chercheur principal au sein de l'agence scientifique nationale australienne (CSIRO).

La Grande Barrière de corail a déjà connu trois épisodes de blanchissement en cinq ans alors que la moitié ont disparu, depuis 1995, en raison de la hausse de la température de l'eau.

M. Condie et les autres auteurs de cet article ont modélisé l'impact que pourrait avoir la technique consistant à rendre les "nuages brillants", testée pour la première fois l'an passé au-dessus de la Grande barrière. 

Elle consiste à projeter des cristaux de sel dans les nuages pour les rendre plus brillants et ainsi refroidir les eaux situées autour du récif.

Ils ont également modélisé des mesures de lutte contre une espèce d'étoile de mer prédatrice qui se nourrit de coraux et proliférant avec le blanchiment qui oblige les gros poissons à migrer loin de la zone.

"Les résultats laissent penser que combiner ces mesures pourrait retarder le déclin de la Grande Barrière de Corail de deux décennies ou plus", a déclaré M. Condie.

Il est "urgent" d'agir, a affirmé le scientifique tout en reconnaissant que cela nécessite des travaux "bien plus importants que ce qui a été réalisé jusqu'à présent ainsi que d'immenses investissements".

Cette modélisation part du principe que les températures mondiales n'augmenteront pas au-delà de 1,8 degré d'ici 2100, ce qui oblige les gouvernements à respecter les engagements pris dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat.

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​Shen Gang Shun 1, le navire toxique

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​Shen Gang Shun 1, le navire toxique
Tahiti, le 25 avril 2021 – Une consultation confidentielle éditée par l'assureur du navire de pêche chinois Shen Gang Shun 1, que s'est procuré Tahiti Infos, révèle la véritable bombe toxique que constitue désormais le bateau de 55 mètres de long échoué depuis plus d'un an sur le platier de Arutua. Près de 200 tonnes de gazole marin et surtout un gaz toxique mortel, l'hydrogène sulfuré, sont cloisonnés à bord du navire.
 
C'est un document “confidentiel” assez effrayant que s'est procuré Tahiti Infos sur l'état réel du navire de pêche chinois Shen Gang Shun n°1 qui s'est échoué le 21 mars 2020 sur l'atoll de Arutua aux Tuamotu. En effet, le 27 septembre dernier, le consultant de l'assureur du navire Marinsal Consultants B.V. a lancé une consultation pour “l'enlèvement du navire” au nom des “propriétaires et assureurs” du bateau de pêche. Dans ce document de 70 pages, auquel est annexé notamment le rapport de l'inspection du navire effectuée les 8 et 9 août 2020, figure d'inquiétantes révélations sur le stock de gazole marin restant à bord et surtout sur la présence massive “d'hydrogène sulfuré” issu de la décomposition des poissons et appâts abandonnés dans les cales… Un gaz toxique potentiellement mortel en fonction de sa concentration.
 

​Un échouage et deux inspections
​Shen Gang Shun 1, le navire toxique
Le document relate d'abord l'ensemble des événements survenus depuis l'échouage du navire. A l'origine de l'accident, rappelons que le Shen Gang Shun 1 avait été contraint de faire escale à Tahiti le 15 mars 2020 pour réparer une avarie. Six jours plus tard, le 21 mars, le navire dérivait à la suite d'une nouvelle avarie et s'échouait vers 5h30 du matin au sud-ouest de Arutua. Le capitaine a alors tenté –sans succès– de renflouer le navire “par ses propres moyens”, avant de prendre la décision d'abandonner sur place le bateau de 55 mètres de long.
 
Une première inspection a été faite le 1er avril. Et c'est à la suite de cette mission d'observation que des clichés de cales pleines de poisson, puis de fuites de carburant, ont circulé sur les réseaux sociaux en suscitant immédiatement la colère des internautes. Courant mai, une première opération d'enlèvement et de dépollution du navire a conduit au pompage de 77 tonnes de gazole marin des cales du Shen Gang Shun 1 et d'une partie des éléments polluants présents sur place tels que des bouteilles de gaz réfrigérant et des batteries. C'est au cours de cette opération qu'une tentative de renflouage avec les remorqueurs Aito Nui et Aito II a finalement échoué.
 
Ce n'est qu'après la levée des restrictions de voyage anti-Covid, les 8 et 9 août suivant, qu'une nouvelle inspection a été effectuée à bord du navire. Les observations menées à l'époque ont montré que le Shen Gang Shun 1 avait très légèrement bougé sous l'effet de la marée, qu'il ne semblait néanmoins pas avoir subi de dégâts supplémentaires, mais que plusieurs “petites fissures” avaient été découvertes sur sa coque.
 

​Du gazole et de l'hydrogène sulfuré
​Shen Gang Shun 1, le navire toxique
La consultation lancée par l'assureur décrit précisément l'état du navire au moment de l'inspection des 8 et 9 août. Elle révèle que le navire transportait environ 280 tonnes de gazole marin au moment de l'échouement. Or le rapport indique que selon les informations de l'entreprise à l'origine du pompage du mois de mai, seule de l'eau a été trouvée dans toutes les citernes de soute… “L'entrepreneur retenu doit donc considérer que d'importantes quantités de gazole marin sont encore à bord du navire et qu'elles doivent être enlevées”, décrit le document. Il précise également que de petits réservoirs dans la salle des machines contiennent également du gazole marin mais aussi “de l'huile de lubrification et de l'huile hydraulique”.
 
Plus stupéfiant, le rapport s'attarde longuement sur l'état des cales de poisson du navire. Au moment de l'échouement, le Shen Gang Shun 1 transportait “environ 11 tonnes de poisson et environ 62 tonnes d'appâts”. Ces poissons étaient gelés au moment de l'échouement, mais ont progressivement décongelés pour finir par pourrir dans les cales. “Le poisson et les appâts sont actuellement en état de décomposition, créant de l'hydrogène sulfuré et d'autres gaz toxiques potentiels. Le travail dans la cale à poisson est donc considéré comme un risque important pour la sécurité”, précise le rapport. En effet, ce point a fait l'objet de discussions pointues avec un chimiste marin contacté par l'assureur du navire, aux conclusions édifiantes (voir encadré).
 
Enfin, la mission d'inspection a observé “des quantités importantes de polluants solides” à bord du navire. Principalement des plastiques et des produits électroniques…
 

​Silence radio
Finalement, la consultation invitait en septembre dernier les soumissionnaires à faire “une proposition pour le retrait du navire de son lieu d'échouement actuel et pour l'enlèvement de tous les débris qui ont été perdus du navire, ou qui pourraient l'être au cours des opérations des entrepreneurs”. Renflouage, enlèvement des cargaisons de gazole marin, retrait et rejet en mer des appâts et du poisson… Le document précise notamment que “les principales citernes de soute (…) doivent être considérées comme ayant subi une brèche”, que “l'état des citernes de double fond est inconnu, mais il est probable qu'elles soient moins endommagées” et l'on “pense que les autres réservoirs de la soute sont intacts”. Outre les mesures de précaution à prendre pour l'enlèvement des stocks de poisson en décomposition, la consultation évoquait la solution du “sabordage” du navire ou “alternativement” de sa livraison “dans un état flottant stable dans le port de Papeete”.
 
Pour autant, selon nos informations, cette consultation n'a pas vraiment été suivie d'effet. Un plan d'enlèvement du navire a bien été présenté par les assureurs, mais il aurait été refusé par le propriétaire du Shen Gang Shun 1. Depuis, les autorités polynésiennes sont sans nouvelles de l'assureur ou de l'armateur… Ne laissant vraisemblablement d'autre choix pour le Pays que d'assurer lui-même les opérations de dépollution et de retrait. En attendant, la bombe toxique du Shen Gang Shun 1 continue de menacer sur le platier de Arutua.
 

​Un gaz dangereux dans les soutes
​Shen Gang Shun 1, le navire toxique
Contacté par l'assureur du navire, un chimiste marin –dont les conclusions sont annexées à ladite consultation– détaille les dangers représentés par la présence de gaz à l'intérieur du Shen Gang Shun 1. Ce sont les 11 tonnes de poisson et 62 tonnes d'appâts qui sont à l'origine de la formation potentielle de vapeurs toxiques comme le sulfure d'hydrogène et l'ammoniac, ainsi que du méthane. En outre, écrit le chimiste, “lorsque la cale est confinée, un manque d'oxygène se produit et les limites inférieures d'explosivité peuvent atteindre des niveaux dangereux”. L'expert ajoute qu'à un niveau élevé, l'hydrogène sulfuré peut “paralyser les nerfs olfactifs ou brûler les récepteurs du nez et l'odeur ne sera plus détectée”. Au delà d'un certain seuil, le gaz est également “considéré comme une menace pour la vie, voire mortel”. Enfin, dans le cas d'une extrême concentration en l'hydrogène sulfuré, le chimiste explique que l'on peut “considérer la cale comme explosive lorsqu'il y a 11% ou plus d'oxygène présent également”.
 
Les mesures effectuées au cours de l'inspection des 8 et 9 août 2020 indiquent une concentration d'hydrogène sulfuré parfois 14 fois supérieure à la “valeur limite” acceptée du gaz. Pas de quoi faire sauter le navire, mais de quoi constituer un véritable danger pour la santé humaine. “Au cours de l'inspection, nous avons ouvert les panneaux d'écoutille afin d'effectuer une inspection visuelle de la cale et de l'état de la cargaison, mais cela s'est avéré difficile. Le poisson en décomposition dans les cales a généré une atmosphère dangereuse, avec des niveaux particulièrement élevés d'hydrogène sulfuré, qui ont immédiatement déclenché l'alarme de notre détecteur de gaz personnel”, indiquait le rapport de mission d'août dernier.
 

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A Taputapuātea, l'hypothèse du cannibalisme remis en question

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A Taputapuātea, l'hypothèse du cannibalisme remis en question
Tahiti, le 29 avril 2021 - Dans un article consacré à l’étude de 964 restes humains recueillis en 1994 et 1995 à Taputapuātea, la chargée de recherche au CNRS, Frédérique Valentin, remet en question l’hypothèse de cannibalisme répandue par ses prédécesseurs dans les années 60. Des ossements d’individus qui semblent par ailleurs appartenir au même groupe social. C'est le 3e opus de notre série sur les Dossiers de l'archéologie polynésienne.

Lorsqu’en 1965, les recherches des anthropologues Sinoto et Emory débouchent sur le cannibalisme pour justifier la dispersion de restes humains à Taputapuātea, c’est aussi la conclusion la plus fréquente à l’époque, notamment en Nouvelle-Zélande. Un demi-siècle plus tard, les analyses de la chargée de recherche au CNRS, Frédérique Valentin, remettent en question cette hypothèse “qui n’est pas la seule possible”, ni “la plus plausible”. Dans un article paru la dernière édition des DAP (Dossiers de l'archéologie polynésienne) consacré à l’étude des ossements recueillis lors de la restauration effectuée par le Centre Polynésien des Sciences Humaines en 1994 et 1995, la scientifique ne relève “aucune trace de découpe”, d’impact de pression, ni de “grignotage”.

Et si des signes d’une combustion sont visibles sur la grande majorité d’entre eux, ils apparaissent après la décomposition des corps, lorsque les corps n’étaient déjà plus que des squelettes et les os déjà secs. Difficile dans ce contexte de retenir le cannibalisme qui “implique le traitement de cadavres frais”, mais plutôt des “dommages accidentels, liés à d’autres activités humaines ou animales”.

964 os humains à la loupe

Car sur les 2 179 restes osseux collectés et examinés, plus de la moitié (1213) sont des os animaux, principalement le cochon. L’inventaire et les caractéristiques observées sur les 964 restes humains en revanche, permet de conclure que plus de 14 personnes des deux sexes, dont trois enfants, avaient été déposés sur (ou inhumés dans) plusieurs des constructions composant le complexe cérémoniel.

Les datations radiocarbones pratiquées sur sept échantillons osseux et dentaires estiment leur décès entre la fin du 18e siècle et le début du 19e,“c'est-à-dire durant une période de profondes transformations des traditions culturelles et des pratiques funéraires” souligne la chercheuse. Un moment qui correspond également au développement de relations entre les Polynésiens et les colons.

Mais qui sont ces personnes et comment ont-elles été “recrutées” ? Si certaines caractéristiques (taille du bassin, du crâne, dégénérescence de l’os, éruption des dents) permettent de renseigner sur leur âge au moment du décès (périnatal, enfant, adolescent, adulte) sur leur sexe pour un adulte, ou sur une éventuelle pathologie, l'exercice demeure "délicat".

Des “sacrifiés” du même groupe social

L’analyse des prélèvements par la datation radiocarbone montrera que ces individus présentent une morphologie caractéristique aux populations de Polynésie, ce que confirmera l’ADN extrait de dents. “Il s’agit donc bien d’individus d’origine locale qui, de plus, ne présentent pas de signe de métissage avec des Européens, ceci malgré une présence occidentale dans la région au moment où les individus déposés à Taputapuātea ont vécus” commente la chargée de recherche. Les ossements collectés témoignent néanmoins “d’expériences de vie”, comme une “forte sollicitation du système musculo-squelettique (os, muscles et articulations, Ndlr)durant leurs activités quotidiennes”, comme en attestent des lésions sur les os de la colonne vertébrale, des genoux et des coudes.

Mais ces atteintes, dont le nombre augmente avec l’âge, n’ont “rien d’exceptionnelles”, nuance la chercheuse. “Elles sont généralement considérées comme étant liées ou comme étant la conséquence d’un mode de vie actif ou à la pratique d’activités qui augmentent le risque de développement de lésions osseuses”. L’analyse du tissu osseux témoigne également de la “consommation importante” de pélagiques

Les défunts de Taputapuātea n’auraient donc pas été sélectionnés sur des critères d’âge ou de sexe, “mais plutôt en raison d’une appartenance à un même groupe social, ayant partagé la même alimentation riche en poisson du large et les mêmes activités dommageables en particulier pour les articulations du bas du dos”, en déduit Frédérique Valentin. Définir ce groupe de manière plus précise reste cependant difficile à ce stade compte tenu des données disponibles.
 

Berceau des dieux
A Taputapuātea, l'hypothèse du cannibalisme remis en question
D’une importance centrale dans la cosmologie polynésienne, la religion ancienne et les valeurs humaines des îles de la Société, le complexe cérémoniel de Taputapuāteaa bien justifié son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco le 9 juillet 2017. Situé à l’est du district d'Ōpoa, il s'étend sur une superficie de 5 hectares, dédié au culte de plusieurs divinités polynésiennes. De Ta'aroa Nui le créateur mythique, à 'Oro le dieu de la paix invoqué en temps de guerre. Les datations obtenues récemment sur des coquillages et des blocs de remplissage de corail, font état d’une construction aux 17et 18e siècles, la date de l’occupation initiale du site reste inconnue. Les généalogies et les traditions orales recueillies indiquent quant à elles une fondation autour des 10e et 11e siècles.
 

Pierre d’investiture et têtes humaines
A Taputapuātea, l'hypothèse du cannibalisme remis en question
“Les guerriers qui gisaient morts ou blessés sur le champ de bataille étaient décapités et leur tête portée au marae national de Raiatea à Taputapuatea” écrivait Teuira Henry en 1968. Un témoignage qui pourrait justifier la surreprésentation de restes crâniens (36%) notamment près de la pierre d’investiture sur le marae Hauviri. “Ces observations suggèrent une possible relation entre tête humaine et pierre d’investiture” note la chercheuse. “La pierre d’investiture ayant apparemment joué un rôle d’attracteur”.
 

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Enseignement grandeur nature au Cetad de Hao

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Enseignement grandeur nature au Cetad de Hao
Hao, le 29 avril 2021 – Journée d'application au motu Tehora mardi pour les élèves du Cetad de Hao en gestion et exploitation en milieu marin (GEMM). C'est dans ce cadre idyllique que les jeunes ont dû mettre en application leurs connaissances mêlant pêche, valorisation des produits de la mer et développement touristique.
 
C'est dans le cadre préservé du motu Tehora sur l'atoll de Hao que les élèves en Gestion et exploitation en milieu marin (GEMM) du Centre d'éducation aux technologies appropriées au développement (Cetad) de Hao ont organisé mardi une journée d'excursion. Un exercice durant lequel ils ont du mettre en application les enseignements de leur spécialité.
 
Le certificat d'aptitude professionnelle (CPAP) GEMM, est une formation de niveau V qualifiante qui répond aux exigences des métiers de la mer, indispensable au développement économique de l'archipel des Tuamotu. Axé sur la pêche et l'aquaculture, il est particulièrement adapté aux activités professionnelles actuelles et futures sur l'atoll. La formation dure deux ans et est menée par des professeurs spécialisés en pêche, aquaculture et génie mécanique nautique qui enseignent quatre matières professionnelles : la pêche, l'aquaculture, le tourisme et la maintenance d'une embarcation.
 
Cette journée d'excursion touristique s'inscrit parfaitement dans le cadre de cette formation. Ainsi, six élèves de première année ont animé cette sortie et pris en charge huit touristes (joués par des intervenants extérieurs), encadrés par leurs professeurs.
 
Tourisme, pêche et valorisation des produits
 
En route vers le motu Tehora, les apprentis guides ont dû présenter à leurs visiteurs les différents lieux notables : la résidence Dantzer et son osmoseur, idéale pour parler de la problématique de l'eau; le site d'enfouissement des déchets du CEP , sujet incontournable de l'histoire de l'atoll et enfin, la sablière, ancien site d'extraction de sable nécessaire à la construction de CEP et dont les dégâts sont encore visibles aujourd'hui.  Une fois sur le motu, les jeunes ont organisé une partie de pêche tout en faisant participer les “clients”, qui ont pu ensuite assister à la préparation du poisson cru. Pour l'accompagner, les élèves devaient préparer un repas traditionnel paumotu en utilisant les ressources du motu. Tressage de ni'au, confection de lait de coco, confection de faraoa nounou, cuisson du poisson tunu pa'a… autant d'occasion d'interagir avec les touristes du jour. Les critères d'évaluation étaient basés sur les échanges oraux, la mise en œuvre de l'activité touristique, de la pêche lagonnaire, la valorisation du produit péché et la qualité des prestations.
 
“Un potentiel touristique ahurissant”
 
Lionel Tigli, le directeur du Cetad est ravi de l'expérience : “Bilan très positif, c'est la deuxième excursion que l'on organise et les élèves se sont bien améliorés, ils ont appris de leur première expérience, en plus nous avons eu des conditions météo exceptionnelles".
Quand on l'interroge sur le potentiel touristique de Hao, il ne cache pas son enthousiasme : “Il y a ici un potentiel ahurissant, j'ai quelques amis qui ont eu la chance de venir à Hao, ils ont été très ravis , il y a beaucoup d'activités à proposer sur l'atoll comme la plongée, la pêche, les excursions au motu et les activités nautiques.”
 
Les jeunes du Cetad sont issus de Hao mais aussi de différents atolls des Tuamotu. Cette formation est pour eux un véritable bagage pour pouvoir développer un secteur d'activité nouveau sur leur île.  Au vu de la beauté des paysages et de leur motivation, le potentiel est bien là. C'est le cas de Junior Tama : "C'était bien notre journée, il a fait beau, on a eu beaucoup de poissons, les touristes sont contents, c'est le principal. Je suis originaire de l'atoll de Tematangi et je pense peut être en faire mon métier plus tard."

Enseignement grandeur nature au Cetad de Hao

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​Bien-être, sushis et qi gong à Nuku Hiva

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​Bien-être, sushis et qi gong à Nuku Hiva
Nuku Hiva, le 29 avril 2021 - La cellule de promotion de la santé des Marquises et de la maison de l’enfance de Taiohae ont organisé mercredi une journée bien-être pour booster le système immunitaire des petits et grands. Avec au programme, discussions, alimentation saine et gymnastique qi gong.
 
Depuis son ouverture en août 2016, la maison de l’enfance de Nuku Hiva, qui dépend du Fare tama hau de Tahiti, propose régulièrement diverses animations afin que les parents et les enfants de l’île puissent jouir, à titre gracieux, de ce lieu qui leur est entièrement dédié et ainsi se rencontrer, échanger et même découvrir de nouvelles activités. Mercredi, en partenariat avec la cellule de promotion de la santé des Marquises, la maison de l’enfance a organisé une journée bien-être et détente à l’attention de la population de l’île, de tous les âges.

Au programme de cette journée, des discussions sur la parentalité, la vie de famille ou encore l’éducation. Puis, dans la mesure où le bien-être passe par une alimentation saine, un atelier de création de sushis réalisés à base de fruits, légumes et poissons locaux avait pris place dans la grande salle de la maison de l’enfance, animé par Mana Ségur et Tautini Kimitete.
Toujours dans le but de se faire du bien, une initiation à la médecine chinoise ancestrale, le qi gong, était proposée aux adultes. C'est une gymnastique traditionnelle chinoise couplée d’une science de la respiration fondée sur la connaissance et la maîtrise du souffle, qui associe mouvements lents, exercices respiratoires et concentration. Une opération bien-être à laquelle un grand nombre d’habitants de Nuku Hiva ont participé et qui sera donc prochainement renouvelée.

“Faire circuler l’énergie dans le corps pour éviter d’être malade”
​Bien-être, sushis et qi gong à Nuku Hiva
Stéphanie Nouel, responsable de la cellule de promotion de la santé.
“Il me semblait évident de proposer une séance de qi gong, car cette gymnastique chinoise très ancienne peut être adaptée à toutes sortes de publics. Aussi bien les personnes âgées, que les enfants ou les femmes enceintes. C’est ce qui est très intéressant, car c’est assez simple par rapport à d’autres pratiques comme le yoga ou le tai chi qui demandent plus de technique. Le principe du qi gong, c’est de faire circuler l’énergie dans le corps pour éviter d’être malade. On pense que lorsqu’on a des maladies, c’est qu’il y a un blocage à l’intérieur du corps, à un niveau énergétique. Le fait de pratiquer une gymnastique qui fait circuler l’énergie permet d’être mieux dans son corps, plus détendu et de se protéger contre certaines maladies. C’est vraiment en rapport avec la médecine traditionnelle chinoise.”

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​22 nouveaux capitaines sur le lagon de Bora Bora

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​22 nouveaux capitaines sur le lagon de Bora Bora
Bora Bora, le 30 avril 2021 - Une société de bateau école s'est déplacée depuis Tahiti jusqu'à Bora Bora pour permettre aux habitants de l'île de passer leur permis côtier. Pas moins de 22 stagiaires ont pu suivre la formation. Ils ont tous obtenu leur précieux sésame.

Du 16 avril au 29 avril, la société Moana Boat School de Tahiti, a fait le déplacement, bateau et moniteurs compris, jusqu'à Bora Bora pour proposer une formation au passage du permis côtier à Bora Bora. 22 stagiaires âgés entre 17 et 40 ans, s'y sont inscrits.
Après deux semaines de cours, les examens se sont déroulés mercredi pour la partie théorie et jeudi pour la partie pratique, devant les moniteurs et l’examinateur.

Le permis côtier, qui permet de naviguer jusqu’à 5 000 milles d’un abri, est destiné à la navigation de plaisance. Il est nécessaire notamment aux personnes qui se rendent sur les motu, comme souvent sur la Perle du Pacifique. Pour la théorie, la formation s'est adaptée aux disponibilités de chacun en journée jusqu’en soirée. Pendant ces cours, les stagiaires apprennent, essentiellement le balisage, la sécurité c’est-à-dire comment se signaler en cas de détresse ainsi que les piquets propres à la Polynésie française. Dans la pratique, les candidats doivent répondre aux questions de sécurité, savoir récupérer une personne à la mer, maintenir le bateau droit, faire une prise de coffre (attacher un bateau sur un poito par exemple) et évidement maîtriser la conduite et l’accostage.

Le formateur Heremoana Marii, est satisfait de l'opération : “La formation s’est bien passée, la pratique c’est facile puisque la plupart des stagiaires savent déjà piloter un bateau (...) C’est comme à l’école, il y a une bonne ambiance, mais parfois quelques perturbateurs. Mais ils sont attentifs et disciplinés car ils veulent leurs permis. Certains adultes parfois ne m’écoutent pas, peut-être parce que je suis jeune formateur”? 
 

“Qu’ils soient prudents sur l’eau”
​22 nouveaux capitaines sur le lagon de Bora Bora
Taiamani Tuiho-Neuffeur, monitrice et gérante de la société Moana Boat School.

"Sur 22, tous ont fait 0 faute, c’est un bon résultat. Je souhaite qu’ils soient prudents sur l’eau et inciteront leurs familles et amis à passer leurs permis. Car trop souvent ça bloque, ils se disent ‘pourquoi eux vont venir m’apprendre à conduire alors que je sais déjà conduire un bateau ?’”.

"Il faut passer le permis pour naviguer sans souci”
​22 nouveaux capitaines sur le lagon de Bora Bora
Horoi Jamet, l'un des stagiaires.

“La formation était super, on a appris les balisages, les normes sur un bateau et surtout le matériel de sécurité avant de sortir en mer. Je me suis inscrit à cette formation parce que j’ai un projet d’avoir un bateau et donc j’ai mon permis et pour pouvoir aller au motu. Je suis rassuré en cas de contrôle. Il faut passer le permis pour naviguer sans souci. C’est une bonne chose, on n'a pas été obligé à aller à Tahiti.”

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​Le Pays annonce le retour des restrictions sur la vente d'alcool

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​Le Pays annonce le retour des restrictions sur la vente d'alcool
Tahiti, le 29 avril 2021 – Le gouvernement a annoncé jeudi qu'il reprendrait prochainement un arrêté destiné à restreindre les horaires d'autorisation de vente d'alcool. Plus question de raisons sanitaires cette fois-ci, le Pays affirme répondre à une demande des tavana qui estiment "que durant la période de restriction un sentiment de mieux vivre s’était installé dans les communes".
 
C'était annoncé, le gouvernement va bientôt remettre en place les restrictions sur la vente d'alcool récemment annulées par le tribunal administratif de Papeete. Dans un communiqué diffusé jeudi, la présidence a annoncé qu'Edouard Fritch avait rencontré mardi "des maires de Tahiti et des îles Sous-le-vent" pour "connaître leur sentiment" après l’annulation des arrêtés restreignant les horaires et jours de vente d'alcool en Polynésie française.
 
"Les maires ont fait le constat que durant la période de restriction un sentiment de mieux vivre s’était installé dans les communes et que les brigades de police municipale étaient moins sollicitées", indique le communiqué, qui poursuit : "De manière unanime, les élus communaux présents à la réunion ont souhaité que le gouvernement encadre à nouveau les horaires de vente d’alcool dans les magasins. Certains ont également souhaité également une aggravation des peines d’amende pour les ivresses sur la voie publique." Le communiqué confirme donc que le conseil des ministres "suivra l’avis des maires" et prendra prochainement un arrêté pour limiter les plages horaires de ventes de boissons alcoolisées dans la semaine, ainsi que les week-end et jours fériés.
 
Rappelons que la vente d'alcool avait été d'abord été interdite intégralement en mars 2020 au fenua, afin de mettre fin aux rassemblements pendant la période de confinement. Par la suite, la vente d'alcool a été ré-autorisée mais sur un volume horaire restreint par rapport à l'avant-confinement. Des restrictions finalement annulées le 13 avril dernier après un recours du groupe Wane, propriétaire notamment des enseignes de grande distribution Carrefour.
 

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Made in Fenua : les artisans back in business

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Made in Fenua : les artisans back in business
Tahiti, le 29 avril 2021 - L’inauguration de la 21e édition du salon Made in Fenua a eu lieu jeudi matin sur la place To’ata en présence du président de la CCISM Stéphane Chin Loy et du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Énergie Yvonnick Raffin. Durant quatre jours, une centaine de créateurs vont présenter leurs produits au grand public. Une bouffée d’air financière pour les artisans.

Le président de la Chambre de commerce Stéphane Chin Loy et le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Énergie Yvonnick Raffin ont inauguré jeudi le 21e salon Made in Fenua sur la place To’ata. Avec la fermeture des frontières aux touristes internationaux, une reprise de la consommation par les résidents était plus que jamais vitale pour les artisans du fenua. Ils seront 100 à exposer pendant quatre jours jusqu'à dimanche. Malgré le dispositif sanitaire mis en place, l’événement va permettre aux créateurs de Tahiti comme des îles de relancer leur chiffre d’affaires.

Deux clients par stand

Repoussé du 1er au 4 octobre l’an passé pour cause de confinement, le Made in Fenua 2021 peut se tenir aux dates habituelles, mais en respectant un protocole sanitaire strict : masque obligatoire, gel-hydro alcoolique et circulation fléchée. Aussi, pour respecter la distanciation sociale, la décision de n’accepter que deux clients en simultané dans un stand a été imposée. “Il y un an, la pandémie nous a forcés à nous réorganiser, à nous réinventer, à trouver les bonnes solutions pour que ce salon annuel puisse se tenir au bénéfice de tous nos exposants”, a expliqué Stéphane Chin Loy. La sécurité sanitaire sera assurée par les jeunes du lycée professionnel de Faa’a. En 2nd bac pro métier de la sécurité ou en 1ère année de BTS management opérationnel de la sécurité, une quarantaine de jeunes seront mobilisés sur les quatre journées pour faciliter la sécurité sanitaire du salon.  

100 exposants tirés au sort

La CCISM investit habituellement 15 millions de Fcfp dans l’organisation du Made in Fenua. Avec la mise en place d’un accueil respectant les normes sanitaires, le directeur de la Chambre a assuré que ce sont “près de 20 millions de Fcfp” qui ont été injectées cette année. “L’an passé, nous étions hyper déficitaires”. C’est la raison avancée pour justifier le passage des frais d’inscription de 100 000 à 120 000 Fcfp  pour la location d’un stand sur quatre jours.

L’année dernière, 70 personnes avaient passé la nuit devant la CCISM pour obtenir un emplacement, 200 artisans potentiels s’étaient présentés pour une centaine de places disponibles. “Cette année, nous avons procédé de façon différente avec un tirage au sort numérique en présence d’un huissier de justice pour retenir les cent exposants présents aujourd’hui”, a expliqué Stéphane Chin Loy. Parmi les cent stands, se trouve celui de Derry Changuy, sculpteur-graveur sur os. L’artisan originaire des Marquises s’est dit ravi de pouvoir retrouver des clients. “J’avais fait des petits salons avant mais l’événement, c’est le Made in Fenua. Ça va permettre de me refaire de la trésorerie. Facebook c’est bien, mais les clients ont besoin de toucher, de voir de près le produit. Je suis déjà content de pouvoir exposer, j’espère bien vendre”. Stéphane Chin Loy a tenu à souligner l’importance du salon, rappelant que “pour certains exposants, ces quatre jours peuvent représenter 50% de leur chiffre d’affaires”.

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Répétition générale à l'aéroport avant la réouverture des frontières

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Répétition générale à l'aéroport avant la réouverture des frontières
Tahiti, le 29 avril 2021 - Un cheminement spécial est mis en place dans la zone internationale de l’aéroport de Tahiti-Faa’a pour gérer les flux de passagers à l’arrivée en Polynésie. A compter du 1er mai, le nouveau protocole d’entrée et de surveillance des passagers des vols internationaux impose un test à l’arrivée.
 
Un vol Air France est attendu samedi à 20h15 en provenance de Paris après une escale technique à Vancouver. A son bord, tous les passagers ont un motif impérieux d’ordre familial, professionnel ou de santé pour se rendre en Polynésie. Aucun touriste. Mais ce vol du 1er mai sera le galop d’essai pour le nouveau protocole sanitaire d’entrée en Polynésie à compter de samedi. Le premier vol touristique arrive de Los Angeles lundi 3 mai à 5h05. Trois sont programmés par Air Tahiti Nui la semaine prochaine, lundi, mercredi et samedi. Et ainsi de suite au moins jusqu’en juin. Parallèlement, Air France et French Bee opèrent actuellement cinq fréquences hebdomadaires avec Paris.

C’est dans ce contexte qu’une visite des installations mises en place en zone internationale de l’aéroport de Tahiti-Faa’a a été organisée jeudi matin par le président Fritch, le haut-commissaire, Dominique Sorain et la ministre du Tourisme, Nicole Bouteau.
A compter du 1er mai, tout passager arrivant en Polynésie doit être systématiquement soumis à un test antigénique dès son arrivée. Bien entendu, chaque passager devra avoir présenté un test PCR de moins de 72 heures avant d’embarquer et avoir renseigné la plateforme Etis. Les passagers arrivants de métropole seront automatiquement placés en quarantaine de dix jours, à l’exception de ceux vaccinés avec rappel en Polynésie. Les touristes américains n’échapperont à la quarantaine que s’ils prouvent qu’ils sont vaccinés ou disposent d’une analyse sérologique de moins d’un mois établissant qu’ils ont déjà eu le Covid.

Test antigénique

C’est au dispositif mis en place pour le test antigénique à l’aéroport que s’est intéressée la visite officielle, jeudi matin. Un cheminement balisé est en place. Avant le passage au guichet de la police de l’air et des frontières, les passagers sont d’abord enregistrés et reçoivent le nécessaire pour leur autotest du quatrième jour. Après cette phase de prise en charge, ils sont orientés vers une zone de tests dédiée, gérée en zone internationale par l’institut Louis Malardé. Six postes de prélèvement sont prêts avec du personnel médical. Avec celui nécessaire pour le test antigénique, un prélèvement de sécurité est alors prévu sur chaque passager. L’échantillon servira, au besoin, à une analyse PCR de confirmation si le test antigénique s’avérait positif.
Le test antigénique permet un résultat dans les 15 minutes. Le temps pour les voyageurs de passer le poste de contrôle de la police de l’air et des frontières. A la sortie, le flux est directement orienté vers les six guichets où est donné le résultat des tests rapides. Si le test antigénique est négatif, les passagers peuvent accéder à la zone de récupération des bagages avant de passer en douane puis entrer sur le territoire polynésien. En cas de test positif, ils seront pris en charge par un agent de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale et placés à l’isolement dans un local dédié. “Ce sera très limité”, estime Pierre Frébault, le directeur de l’Arass. “N’oublions pas qu’ils ont déjà fait un test PCR avant de venir”. Si jamais un passager devait malgré tout être testé positif à l’arrivée, après isolement sur place il serait transféré à hôtel Tiare Tahiti à Papeete, pour être maintenu à l’isolement. Mineurs, il sera accompagné par un parent. L’ILM déclenchera alors le test PCR de confirmation sur la base de l’échantillon de sécurité systématiquement prélevé à l’arrivée. En cas de confirmation, un arrêté de placement à l’isolement pour dix jours sera pris par le haut-commissariat.
A noter qu’un test antigénique sera également proposé aux voyageurs se rendant aux États-Unis. Une zone dédiée est mise en place dans l’aérogare.

“Entre une heure et demie et deux heures”

Les diverses étapes de ce dispositif de filtrage à l’arrivée devraient nécessiter “entre une heure et demie et deux heures, pour un vol avec 250 à 280 passagers”, assure Jean-Michel Ratron, le directeur général de la société gestionnaire de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a. “Cela devrait être fluide à partir du moment où les avions ne se suivent pas de façon trop proche. Et c’est le cas.”
Sortis de l’aéroport, c’est grâce aux renseignements de sa fiche Etis que chaque touriste américain doit pouvoir être localisé et contacté à tout moment par les autorités sanitaires. Notamment, si le résultat de son autotest du quatrième jour devait s’avérer positif. Ce CovCheck à j+4 est la dernière barrière de sécurité sanitaire prévue par le nouveau protocole d’entrée et de surveillance pour les passagers qui n’auront pas été orientés directement en quarantaine, à compter du 1er mai.

Un nouveau protocole d’entrée et de surveillance des passagers des vols internationaux présenté dans son ensemble par le haut-commissaire comme un “surcroit de précautions à l’arrivée”, mu par la nécessité de protéger la population. “On est dans une phase de transition. Le problème est de sécuriser correctement le territoire”, dans un contexte où la volonté partagée par le Pays et l’État est “d’ouvrir et de faire redémarrer l’économie”.
Le motif “touristique” n’est pour l’instant possible que pour les voyageurs en provenance des États-Unis où ils doivent avoir séjourné au moins 30 jours avant d’embarquer pour Tahiti. Son élargissement aux voyageurs en provenance de l’Hexagone n’est pas encore à l’ordre du jour, en dépit de la levée du confinement annoncée le 3 mai en métropole. Et ce ne sera pas le cas avant que la situation sanitaire “s’améliore” en métropole a expliqué jeudi sans plus de précision Dominique Sorain.

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Dix perles pour un diadème

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Dix perles pour un diadème
Tahiti, le 29 avril 2021 – La présentation officielle des dix candidates à l’élection de Miss Tahiti 2021, ce matin, marque le top départ de la course à la couronne. Si les dates sont fixées au 5 juin pour la soirée de gala et au 25 juin pour le grand soir, reste la grande inconnue de l’ouverture de la billetterie. Le comité organisateur étant suspendu au contexte sanitaire à la veille de l’ouverture des frontières.
 
Épaules en arrière, tête haute, sourire pétillant, démarche souple et chaloupée. Après une année blanche et plusieurs semaines de préparation, les candidates à la 60e édition de Miss Tahiti ont eu le temps de travailler l’entrée en matière. Coachées depuis mars, les dix prétendantes au titre ont ainsi bravé les flashs d’une nuée de caméras, ce matin, pour la conférence de présentation officielle. Un premier contact avec la presse qui donne le top départ de la course au titre. "Elles attendaient ça avec impatience", sourit Leïana Faugerat, directrice de la société Miss Tahiti.
 
Cours de marche, de maintien, de diction, de diététique, de remise en forme ou de stylisme : deux mois déjà que les candidates sont coachées activement, sous la houlette d’ancienne reine de beauté, à l’instar de la Miss Tahiti 2014, Hinarere Taputu, ou la Miss Heiva 2014, Meiti-Here Iotefa-Stergios. Étape incontournable du programme, le test de culture générale en revanche relève plus d’un effort personnel d’information, commente la directrice. "On leur dit d’écouter la radio tous les matins, de lire les quotidiens de la place, ou de regarder le journal télévisé le soir".

"Miss Tahiti fête son tiurai"
Dix perles pour un diadème
 Si une poignée d’entre elles font parties du cru avorté de 2020, d’autres ont dû abandonner la course, notamment pour poursuivre leurs études. "Nous avons quand même reçu 16 à 18 candidatures", indique Leïana Faugerat. De quoi "relancer la machine" pour cette 60e édition. Et parce que 60 ans ça se fête, le comité organisateur compte bien "marquer le coup" en rendant hommage à toutes nos Miss Tahiti élues depuis 1960 et "en valorisant la femme polynésienne". La campagne de promotion va donc mettre en avant les Miss Tahiti de chaque décennie et le style de l’époque, à commencer par les "sixties".
 
Tenu secret jusqu’à aujourd’hui, le thème retenu du "Tiurai" veut faire oublier une année marquée par la crise et l’arrêt forcé du secteur de l’événementiel. "Ces festivités sont des moments qui nous ont manqué", commente Rava Sachet, du comité Miss Tahiti et Miss Tahiti 2002. "On s’est même un peu ennuyé", ironise Leïana Faugerat.
 
Tous les événements qui évoquent la saison estivale feront ainsi l’objet de tableaux le soir de l’élection, le 25 juin : Le Heiva, l'artisanat avec le Heiva rima'i, les traditionnels papios ou encore le bal populaire du 14 juillet, célèbre à l’époque de Tahiti d’antan. "On va le revisiter comme celui de Miss Tahiti", souligne Vaiana Tuihani, en charge de l’organisation des grands événements. "Ce sera très festif, c’est ce qu’on voulait, quelque chose de "'ārearea" comme on dit." 

Un grand soir avec ou sans public
Dix perles pour un diadème
Reste une grande inconnue : Celle de l’ouverture de la billetterie. Le comité étant tributaire de l’ouverture des frontières et du contexte sanitaire. "Pour la soirée de gala au Motu l’InterContinental, le 5 juin, on est contraint à 500 personnes. On attend juste de signer le protocole d’accord avec le haussariat", précise Leïana Faugerat. "Pour la soirée d’élection dans les jardins de la mairie, c’est plus compliqué, ça dépendra de l’ouverture des frontières. Si les choses évoluent dans le bon sens, qu’il n’y a pas de cluster, on pourra peut-être accueillir du public“.
 
Dans le pire des cas, les deux soirées se feront sans public, avec rediffusion en direct sur les télés et les réseaux sociaux. Dans le meilleur des cas, le comité sait d’ores et déjà qu’il ne pourra recevoir que 500 à 1 000 personnes. "Au-delà, il ne faut pas rêver", confie la directrice. Mais sans public, difficile d’équilibrer les comptes. "Financièrement, on va perdre beaucoup d’argent. Après, on s’en doutait, on essaye juste de limiter la casse et d’éviter les surcoûts sur les tenues ou les shootings photos par exemple."
 
Si le jury est déjà composé, pas question de révéler l’identité de ses membres, au risque de les exposer à des pressions des familles des candidates. Petite nouveauté au tableau, l’élection investit le réseau social du moment : TikTok. "On va régulièrement poster des vidéos des candidates dans différentes situation", glisse Leïana. "Elles auront des défis à relever." Crise sanitaire oblige, c’est d’ailleurs sur les réseaux sociaux, à grand renfort d’images, que se tiendra la valse des candidates avant le grand soir.

Les votes du public par SMS au 7588 peuvent commencer. Pour que celui-ci soit comptabilisé, il faudra indiquer "MISS TAHITI", marquer un espace, suivi du numéro de la candidate. Ce vote comptera pour classement définitif, à hauteur de 25% de la note finale. A vos téléphones !

À chaque candidate sa cause à défendre
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Violence physique et verbale, indépendance économique des femmes, lutte contre la délinquance, le cancer ou les maladies radio induites : à chaque miss un motif de candidature et une cause à défendre. Celles du cru 2021 font sans surprise échos aux grands sujets de société qui agitent le fenua. Ainsi, Tipari Haumani, première dauphine de Miss Moorea, s’apprête à ouvrir sa propre association en faveur des enfants défavorisés et se présente pour "repousser ses limites". Même discours pour Nauriki Dury, Miss Papara en 2019, qui veut s’inscrire contre la violence, ou Karen Wiriamu, Miss Arutua en 2012, qui se présente pour "sortir de sa zone de confort", militant pour l’émancipation économique des femmes. Des femmes "souvent rabaissées, alors qu’elles sont fortes, c’est ma mère qui m’a poussée à me présenter et c’est un de mes plus grands challenges", renchérit Monoihere Debeuf. "Je suis plus sensible à la lutte contre le cancer, j’ai perdu ma maman comme ça", confie pour sa part Tumateata Buisson, Miss Raromatai en 2018. Dans le même registre, Eileen Thuau aimerait s’engager dans "la lutte contre les maladies radio induites" pour leur "donner un peu plus de visibilité". Passionnée d’arts martiaux, Ruruna Jacquot, veut, quant à elle, pouvoir inculquer les valeurs de respect et de discipline aux jeunes. Cette élection représente pour elle une "opportunité à saisir".
 

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Un vaccin pour étudiants de retour au fenua

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Un vaccin pour étudiants de retour au fenua
Tahiti, le 29 avril 2021 - Les étudiants de retour pour les vacances auront la possibilité de se faire vacciner, le lendemain de leur arrivée au fenua, a annoncé Edouard Fritch jeudi. 

Comme tout passager à l’arrivée, les étudiants de retour au fenua seront soumis au nouveau protocole sanitaire. Non vaccinés, une quarantaine de dix jours leur est en principe imposée dès l’arrivée. Édouard Fritch a cependant annoncé jeudi qu’un dispositif particulier leur serait proposé, pour alléger cette mesure d’isolement : “Je propose que les étudiants soient vaccinés à J+1”, a-t-il dit.

Les étudiants qui auront passé favorablement le test antigénique de l’arrivée seront orientés vers le Centre d’hébergement étudiant d’Outumaoro pour être placés à l’isolement. Là, une injection du vaccin unidose Janssen leur sera proposée le lendemain de leur arrivée. “Si le test à j+4 confirme la négativité du test antigénique subi à l’arrivée, ils pourront revenir dans leur famille en confinement.” Le test à j+8 prévu dans le protocole sanitaire pour les personnes placées à l’isolement sera fait à domicile par ces étudiants ayant accepté d’être vacciné. “L’avantage, c’est qu’ils auront pu se faire vacciner ici”, avant de reprendre leur cursus d’études supérieures.

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Pererau, un tahua renaît de ses ruines après 10 ans de restauration

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Pererau, un tahua renaît de ses ruines après 10 ans de restauration
Tahiti, le 30 avril 2021 - A l’issue de près de 10 ans de restauration, les vestiges de Pererau déployés sur plus de 2 000 mètres carrés à Piha’e’ina à Moorea offrent désormais “un lieu propice à la redécouverte des racines culturelles pour la jeunesse polynésienne“, peut-on lire dans la 6e édition des Dossiers d'archéologie polynésienne. 

"Pererau est la grande place, l’esplanade des déclamations, le marae où veillent les jumeaux, Teava et Teavau, (…) le tambour gronde sur Pererau et résonne sur Rotui”. En contrebas de l’une des petites vallées du mont Rotui, le site de Pererau a ainsi été psalmodié de génération en génération dans les légendes des “pari pari fenua”, traditions orales aujourd’hui transmise par Maurice Rurua, président de l’association Mata Tohora et Rotui Tane.

C’est là, sur deux plateformes monumentales de plus de 2 000 mètres carrés au sommet d’un petit promontoire, que les deux aito faisaient résonner les pahu dans la vallée. Comme pour annoncer, d’après les pari pari, la présence de Teremu’ura, “vahine ari’i” du Rotui. Les tahu’a de la vallée se réunissaient alors sur le paepae de Pererau. “Le site s’inscrit dans un paysage légendaire des temps anciens, qui inclut le marae Tevairoa, situé en haute vallée, le marae Naonao situé en moyenne vallée et le marae Atitaihae situé en bord de mer” note Aymeric Hermann sur “l’étude et la restauration des structures archéologiques sur la terre Pererau à Piha’e’ina”.

Ancienne zone de pâture pour le bétail, le site a souffert de nombreuses perturbations auxquelles s’est ajoutée la construction d’une piste à proximité. Un décapage “intensif” s’impose dans le cadre d’une restauration vivement souhaité par l’association Puna Reo, responsable de la gestion du site, afin de “pouvoir réinvestir le site dans le cadre d’activités extra-scolaires et culturelles”.

Un simple tahua plus qu’un marae
 
Aussi, une collaboration avec le service de la Culture et du patrimoine à partir de 2010 met le chantier sur les rails. Après le décapage, un nettoyage intensif en 2014 et 2015 permet d’abattre de nombreux arbres aux racines menaçantes et de dégager les blocs effondrés. Dernière phase des travaux, un sondage et une fouille de 10 mètres carrés écartent la présence supposée de l’élément principal d’un marae : un ahu. 

En l’absence de celui-ci, “les deux plateformes pavées (…) ne peuvent être qualifiées de marae au sens strict et se rapportent plutôt à des tahua simples, des espaces non-cérémoniels”, note le chercheur, sorte de “plateformes de conseil” ou de “terrain de réunion” dotée d’une fonction publique, politique ou pour un événement festif ponctuel. Un espace qui se démarque ainsi du marae à ahu, “plus restreint à une classe sociale ou à une lignée familiale particulière”.

Outre une meilleure compréhension de la “nature des structures archéologiques”, ces dix ans de remise en valeur offrent aujourd’hui “un lieu propice à la redécouverte des racines culturelles pour la jeunesse polynésienne” afin de “faciliter la réappropriation de l’histoire locale et (…) léguer ce patrimoine matériel et immatériel aux enfants”. Par ailleurs, le projet a déjà permis de nombreux échanges culturels avec des communautés de Polynésie, mais aussi des associations de Hawaii, de Rapa Nui et de Aotearoa. Un usage “en accord avec la fonction traditionnelle des plateformes de réunion, (…) plus accessibles à l’ensemble de la communauté” peu importe sa classe sociale.
 

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Sur les pentes du Yasur

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Sur les pentes du Yasur
Au Vanuatu, ex-Nouvelles-Hébrides franco-britanniques, l’île de Tanna se conjugue sur deux modes : le passé pas simple du tout et le présent très compliqué. Des ATR s’y posent, sur une piste asphaltée, des touristes du monde entier (hors période de Covid) y débarquent et se retrouvent dans des hôtels très contemporains mais dans le même temps, à l’ombre du colérique volcan Yasur, des croyances ancestrales, mâtinées de superstitions plus récentes mais très fortes, engluent encore une société parfois figée. Bienvenue sur l’île d’ombre et de lumière qu’est Tanna, découverte par le capitaine James Cook en 1774.
 
L’histoire, sans majuscule, la petite histoire, prétend que si le capitaine James Cook mit le cap sur l’île de Tanna il y a quasiment deux siècles et demi, c’est parce que de nuit, la vigie en haut de son mât avait aperçu dans le lointain, une lueur orange-rouge. En s’approchant, tout l’équipage fut fasciné par le spectacle de ces mystérieux rougeoiements. Il y avait là-bas, sur cette terre inconnue, un volcan dont la rauque respiration exhalait feu, flammes et vapeurs méphitiques, un volcan qui crachait sans jamais se lasser sa mauvaise humeur. 
De nos jours, les géologues et volcanologues assurent que cette éruption dure depuis huit siècles déjà et qu’elle est donc bien antérieure à l’arrivée des découvreurs britanniques.
 
“Des torrents de feu”
 
Laissons Cook lui-même nous parler de Tanna où il aborda. “Pendant la nuit, le volcan qui nous restait à l’ouest, à quatre miles, vomit des torrents de feu et de fumée, comme la nuit précédente, et les flammes s’élevèrent au-dessus de la montagne qui nous en séparait. A chaque éruption, il grondait avec un bruit semblable à une mine profonde, au moment où elle éclate. Une pluie abondante qui tomba alors parut lui donner encore plus d’activité. Ses feux produisaient un très beau coup d’œil. La fumée, qui s’échappait en tourbillons épais, était teinte de différentes couleurs, de jaune orange, cramoisi et pourpre, et elle se terminait en gris rougeâtre et brun. Dès qu’il y avait une nouvelle explosion, les champs et les forêts de tout le pays prenaient aussi une teinte orange et pourpre (...) Durant la nuit et toute la journée du 11 août 1774, le volcan devint excessivement incommode. Il grondait d’une manière terrible : il poussait jusqu’aux nues des torrents de feu et de fumée à chaque explosion, dont l’intervalle n’était guère que de trois quatre minutes. Du vaisseau, nous le voyions lancer en même temps des pierres d’une prodigieuse grosseur. Les petites colonnes de vapeur qui s’élevaient des environs du cratère nous paraissaient être des feux allumés par des insulaires”.

Sur les pentes du Yasur
“Une vapeur de soufre”
 
Le naturaliste Johann Reinhold Forster, qui fait partie de l’expédition, est lui aussi fasciné par ce spectacle : “le feu en dedans du cratère du volcan éclairait encore les nuages de fumée lorsque nous débarquâmes sur la grève, où nous vîmes peu d’habitants. Nous nous rendîmes dans la partie de l’ouest, où nous avions observé un sentier qui conduisait à une colline... Nous n’aperçûmes pas un seul naturel sur la première croupe de cette montagne et aucune plantation n’y frappa nos regards. Après avoir fait environ un demi mille par différents détours, nous atteignîmes une petite clairière couverte d’une herbe molle et environnée des arbres les plus charmants de la forêt. Nous sentions une vapeur de soufre qui s’élevait du terrain et qui ajoutait encore à la chaleur du lieu. A gauche du sentier, presque cachée par les branches des figuiers sauvages, il y avait une petite levée de terre blanchâtre et une vapeur s’élevait continuellement de ce monticule. La terre était si chaude que nous pouvions à peine y poser le pied, et nous la trouvâmes imprégnée de soufre. En la remuant, les vapeurs jaillissaient avec plus de vivacité et nous y remarquâmes en partie une qualité stypique (astringente), pareille à celle de l’alun.”
 
“Les masses énormes de roches qu’il vomissait”
 
Face à un tel spectacle (les spécialistes du Yasur estiment que Cook et ses équipages étaient arrivés à Tanna à un moment particulièrement intense de l’activité du volcan), Forster et Cook ne cessent de s’y référer dans leurs journaux de bord.
Ainsi Forster explique qu’ “observant que c’était la seconde fois que les explosions du volcan recommençaient après la pluie, on soupçonna que la pluie les excite, en quelque sorte, en produisant ou en accroissant la fermentation des diverses substances minérales (...) Bientôt, nous aperçûmes le volcan entre les arbres et il nous parut que, pour y arriver, il nous restait encore à faire deux lieues à travers des collines et des vallées. Nous voyions cependant son éruption, ainsi que les masses énormes de roches qu’il vomissait parmi les tourbillons de fumée ; quelques-unes étaient au moins aussi grosses que le corps de notre longue chaloupe. Comme il ne nous était arrivé aucun accident et que nous n’avions pas rencontré un seul naturel, nous pensions à en approcher, mais, en causant, nous alarmâmes sans doute les insulaires des plantations, car, à l’instant, nous en entendîmes un ou deux qui soufflaient dans de grandes conques, dont les nations sauvages et surtout celles de la Mer du Sud se servent pour sonner le tocsin. Nous résolûmes alors de retourner sur nos pas”.

Sur les pentes du Yasur

Sur les pentes du Yasur
“Couverts de cendres”
 
Cook ajoute : “le volcan était agité de convulsions et les cendres qu’il vomissait avec le feu obscurcissaient le ciel. La pluie qui tomba dans ce moment était un composé d’eau, de sable et de terre, de telle sorte qu’on pouvait l’appeler une ondée de vase. Nous étions couverts de cendres”. 
Forster poursuit : “Le volcan continua à gronder toute la journée et à vomir des quantités prodigieuses de petites cendres noires, qui, examinées de près, furent reconnues comme des formes de shorls en forme d’aiguilles à demi transparentes. Tout le pays était jonché de ces particules, et, en herborisant, elles furent très nuisibles à nos yeux parce chaque feuille en était entièrement couverte.”
Le 14 au matin, James Cook décide de tenter une nouvelle approche du volcan qui est sous ses yeux et qui, il l’a constaté, n’est pas très élevé. Mais s’il put s’approcher assez près pour mesurer des vapeurs s’échappant de crevasses, dont la température était voisine de cent degrés, il se heurta une nouvelle fois à l’hostilité des habitants qui firent tout ce qu’ils purent pour dissuader les Britanniques d’approcher du Yasur. Ce qu’ignorait Cook est que le Yasur était en effet un lieu sacré, tabu, fermé à tous sauf aux grands chefs et à certains prêtres.
Conclusion d’un Forster philosophe : “toutes nos tentatives pour approcher de la bouche du volcan ont été inutiles. Nous n’aurions pas pu satisfaire notre curiosité sans verser du sang, et la vie des hommes est plus précieuse que la connaissance de tous les phénomènes de la nature”.
 
Toutes les 30 ou 60 secondes...
 
De nos jours, moyennant le paiement d’un droit de passage, les habitants proches du Yasur laissent volontiers les 4x4 chargés de touristes se garer littéralement au pied de la colline formant le volcan. Il suffit alors d’une marche d’une petite demi-heure, rapide grimpette sur de la cendre, pour parvenir sur la lèvre même du cratère afin de profiter pleinement du spectacle. 
Nous avons eu la chance de nous y rendre deux fois ; à chacune de nos visites, le Yasur semblait modérément agité ; toutes les trente secondes, soixante au grand maximum, l’une de ses bouches (il y en avait deux au fond) semblait exploser et expulsait sur le flanc qui nous faisait face des quantités importantes de bombes volcaniques. En fonction de l’orientation de ces deux bouches, elles crachaient plutôt de la lave ou plutôt gaz et fumées, généralement sur un côté seulement, ce qui permettait aux touristes de se regrouper sur la pente opposée et d’être aux premières loges pour assister à ce spectacle son et lumière tout à fait extraordinaire. 

Sur les pentes du Yasur
De nuit, comme un enfer
 
De jour, les sons dominent au niveau des perceptions alors que dès que tombe la nuit, le cratère semble s’illuminer et se parer de toutes les teintes chaudes possibles, du jaune vif pour la lave sortant du conduit souterrain où elle est encore liquide aux rouges les plus chatoyants. Les vapeurs et nuages de gaz se teintent eux aussi de ces couleurs rougeâtres, donnant à la scène l’allure d’un enfer d’où succubes et incubes pourraient jaillir aux côtés d’on ne sait quelle créature méphistophélique, chef d’orchestre de l’infernale bacchanale. 
On l’aura compris, le Yasur se découvre en fin d’après-midi et se savoure pleinement la nuit tombée, en prenant soin de s’habiller en conséquence ; le Yasur ne culmine qu’à 361 m d’altitude, mais lorsque l’obscurité se fait, les vents qui soufflent sur les lèvres du cratère sont très frais. 
Enfin il convient évidemment d’observer les secteurs où tombent les bombes volcaniques ; en quelques heures, les taches rouges qui marquent les points d’impact peuvent sensiblement se rapprocher, voire même s’orienter face aux visiteurs si la bouche du cratère se retrouve subitement encombrée de roches et de débris. Dans ce cas là, la fuite est évidemment la seule possibilité qui s’offre aux curieux...
 
Le poids de la “kastom”
 
Si le Yasur est indubitablement la première attraction de l’île, sa population est évidemment très attachante pour qui prend le temps d’entrer en contact au-delà du seul “clic-clac” d’un téléphone portable ou d’un appareil photo. Les Ni-Vanuatais de Tanna sont très pauvres et vivent essentiellement de ce que produit la terre qu’ils travaillent, hormis ceux qui ont la chance d’œuvrer dans le tourisme (hébergements, excursions). 
La vie à Tanna est marquée par le poids souvent jugé écrasant de la kastom, entendez la coutume, qui régit tous les faits et gestes de chacun, à travers un fort complexe réseau d’interdits et d’autorisations. Ce poids de la coutume est très lourd pour ceux et celles qui la subissent après avoir vécu ailleurs, à Nouméa notamment ; loin de Tanna, la liberté d’aller et de venir est évidemment totale par rapport au sinueux jeu d’interdits imposés par les petits chefs et les grands chefs. Ceux-ci sont avant tout soucieux de préserver à tout prix cette kastom de laquelle ils détiennent leurs pouvoirs, alors qu’ils sentent et savent bien qu’ailleurs, la vie quotidienne n’obéit pas, n’obéit plus à ce type de contraintes. 
Bien entendu, cette coutume doit être scrupuleusement respectée par les visiteurs et d’ailleurs les guides ne manquent jamais d’expliquer les gestes ou paroles à avoir ou à éviter dans les villages. Globalement, les touristes y sont toujours très bien accueillis car les Ni-Vanuatais, s’ils n’ont pas l’habileté des sculpteurs marquisiens par exemple, vivent en partie de la vente d’un peu d’artisanat ; celui-ci leur permet de compléter leurs ressources naturelles par de l’argent frais. 

Sur les pentes du Yasur
Les miracles du cargo cult
 
En revanche, on reste interloqué par la persistance d’une coutume pas si ancienne que cela, coutume devenu un culte, une sorte de religion, celle du “cargo-cult” en vigueur à Tanna depuis 1946.
Les cargo cults, ou cultes du cargo, datent du XIXe siècle en Mélanésie. Les autochtones, ne comprenant pas que dans les pays d’où venaient les missionnaires ou les traders (ceux qui tenaient des comptoirs pour acheter nacres, écailles de tortue, santal, bêches de mer...) existait toute une infrastructure permettant de fabriquer les produits reçus par goélette, imaginèrent que parce que le religieux venait de couper des fleurs pour décorer sa chapelle et que le jour même ou le lendemain, hasard des calendriers, un bateau arrivait chargé de marchandises, il suffisait alors de faire comme l’homme blanc, à savoir couper des fleurs pour recevoir tout ce dont on pouvait avoir besoin, et même plus. 
Îles Salomon, Nouvelle-Guinée, Nouvelles-Hébrides, Fidji même, hors Nouvelle-Calédonie, pratiquement toute la Mélanésie fut touchée par ces cultes du cargo qui consistaient à imiter en tout point ce que faisait un ou des Européens puisqu'ainsi les “cargos” arrivaient.
A force d’explications, ces croyances quelque peu enfantines, basées sur l’imitation, disparurent, mais la Seconde Guerre mondiale remit cette superstition d’actualité. 
 
John Frum et sa croix rouge...
 
Quand les Américains débarquaient sur une île, ils dégageaient un coin de brousse pour en faire une piste d’atterrissage et surtout, par radio, ils parlaient un langage que ne comprenaient bien évidemment pas les indigènes très intrigués par ces soldats parlant à une boîte, dans un drôle d’objet (un micro). Peu après, voyant tomber du ciel des dizaines d’avions chargés de denrées et de matériels, voyant les bateaux ventrus décharger sur les plages des quantités astronomiques de matériels divers, beaucoup s’imaginèrent là encore qu’il suffisait d’imiter les Américains pour recevoir toutes ces merveilles. 
A Tanna, le culte du cargo prit une tournure plus religieuse puisqu’on y vénère aujourd’hui encore un dénommé John Frum, portant une croix rouge et qui correspond tout simplement à un infirmier américain, John, qui se présenta comme “John from...” on ne sait quel État ou quelle ville. 
L’infirmier en question faisait sans doute parti d’un premier contingent de militaires US venus reconnaître le terrain avant l’installation de troupes. De “John from...”, on passa à “John Frum” et depuis, à Tanna, on défile régulièrement avec des fusils en bois ou en bambou, on construit des répliques de véhicules militaires ou même d’avions avec des bambous, on lève les couleurs (souvent le drapeau américain) et on psalmodie des incantations destinées à faire revenir le vénéré John Frum et toutes ses richesses.
 
Une superstition entretenue
 
C’est cette croyance aveugle en un Messie à croix rouge qui illustre le mieux la part d’ombre qui recouvre encore l’île de Tanna, pourtant ouverte au modernisme ; du ciel débarquent chaque semaine des ATR 72 remplis de touristes, mais aucun avion de John Frum n’a jamais montré le bout d’une hélice... Les téléphones portables se répandent de plus en plus, ici et là on peut avoir accès à Internet, mais le cargo cult persiste, encouragé il est vrai par certains chefs. Ceux-ci, en effet, imaginent ou font croire à leurs ouailles crédules qu’en pratiquant la religion de John Frum, bateaux et avions reviendront, exclusivement pour les Mélanésiens qui pourront alors vivre selon leurs coutumes ancestrales, tout en bénéficiant de tout ce dont ils peuvent rêver, mais en se passant des Occidentaux, des touristes, du modernisme...
Allez à Tanna (dès que le problème de la Covid sera réglé), explorez le Yasur, visitez les tribus ouvertes au tourisme, respectez les croyances locales, si fantaisistes puissent-elles paraître, surfez le soir sur Internet dans votre luxueux hôtel après avoir effectué une plongée dans le temps durant la journée, profitez de Tanna comme cette île le mérite ; elle est à la fois l’une des plus touristiques du vaste archipel du Vanuatu et l’une des moins “polluées” par les avatars du modernisme. 
Quant au Yasur, toujours considéré avec le plus grand respect par la population locale, depuis huit cents ans il expulse avec une rare constance lave, gaz, cendres et scories... Spectacle unique au monde, qui vaut à lui seul le déplacement.

Tanna la sécessionniste
Sur les pentes du Yasur
 C’est peu de dire que l’indépendance des Nouvelles-Hébrides, acquise en juillet 1980, fut loin de faire l’unanimité dans certaines îles dont Espiritu Santo et Tanna. Cette dernière, vieille de trois millions d’années environ, mesure 550 km2 (la moitié de la surface de Tahiti) et culmine à 1 084 m, altitude du mont Tukosmera.
Peuplée d’environ 30 000 personnes, elle tenta par deux fois, en janvier 1980 puis en juin 1980, d’échapper à la tutelle du pasteur Walter Lini, anglophone devenu Premier ministre en novembre 1979, bien décidé à contrôler tout le pays malgré de fortes oppositions. 
En janvier 1980, un État se revendiquant indépendant du Vanuatu encore en gestation de Lini vit le jour, le “Taféa”, formé avec les premières lettres des îles de Tanna, Anatom, Futuna, Erromango et Aniwa. Malgré l’opposition des dirigeants de Taféa à l’installation à Isangel, petite capitale de Tanna, du délégué de Lini, les Anglais remirent de l’ordre en mai 1980 et le délégué en question put prendre ses fonctions alors que les autorités franco-anglaises quittaient le terrain, indépendance oblige. 
En juin 1980, rebelote pour les îles d’Espiritu Santo et de Tanna ; le leader charismatique Jimmy Stevens, à la tête du mouvement Nagriamel, prend la tête de la sécession mais cette fois-ci, Walter Lini ne s’embarrasse pas de scrupules et demande aux forces armées de Papouasie Nouvelle-Guinée de venir faire le ménage dans les deux îles rebelles. Fin juillet 1980, l’ordre façon Lini règne à Espiritu Santo comme à Tanna... Jimmy Stevens est condamné à quatorze ans de prison. Il y restera jusqu’en 1991 et mourra en 1994.

Le culte du prince Philip
Sur les pentes du Yasur
 Il n’y a pas que le culte rendu à John Frum qui surprendra les visiteurs à Tanna. Quelques villages du sud-ouest de l’île, Yaohnanen et Ikunala notamment, vénéraient le prince Philip, duc d’Edimbourg, époux de la reine Elisabeth II, tout récemment décédé.
La genèse de ce culte est quelque peu surréaliste : le dieu noir de l’île, Karapanenum, qui serait également John Frum selon certains croyants, a quitté l’île de Tanna en 1946 pour rentrer avec les troupes alliées. Karapanenum s’était déguisé en homme blanc. En Angleterre, il participa à une compétition organisée par la reine qui choisit de se marier avec le vainqueur. Ce fut évidemment Karapanenum qui gagna et qui devint le prince Philip, duc d’Edimbourg et accessoirement prince-consort...
Une autre version explique que deux dieux sont sortis du volcan Yasur. Le dieu noir est à l’origine du peuple de Tanna, alors que le dieu blanc a donné naissance aux hommes blancs. La reine Elisabeth et le prince Philip, ont effectué en 1974 une visite officielle aux Nouvelles-Hébrides. Or, lors de cette visite, un villageois reconnut dans le mari de la reine le dieu blanc sorti du Yasur il y a très longtemps... L’un de chefs coutumiers de l’époque assura qu’il faisait partie des piroguiers venus à la rencontre du couple royal et qu’il avait compris, en observant le prince Philip, qu’il était un nouveau Messie.
On aurait pu penser que Buckingham ferait une stricte mise au point pour mettre fin à ce culte. Ce fut tout le contraire ; les membres du “Prince Philip Muvmen” reçurent une première photo du prince en septembre 1978 et des cadeaux (des pipes en terre). Les villageois lui offrirent en remerciement un nalnal (une canne pour tuer les cochons) en lui demandant de poser en photo avec ce nalnal, ce que fit le duc d’Edimbourg. 
A l’époque, les convertis à ce culte n’étaient pas favorables aux thèses séparatistes de ceux qui ne voulaient pas appartenir au Vanuatu en gestation et c’est pour renforcer leur soumission aux décisions des Britanniques quittant ce qui allait devenir un État indépendant que Buckingham aurait en quelque sorte manipulé les habitants de Tanna pour qu’ils s’abstiennent de toute contestation. 
Plus fort encore, en 2000, une troisième photo dédicacée a été envoyée à Tanna et en 2007 le prince Philip reçut lui-même à Windsor cinq habitants du village d’Ikunala. 
Commentaires de Buckingham : “L’échange de photographies, ainsi que la réception de quelques villageois au château de Windsor, doivent être interprétés comme des gestes amicaux, rien de plus”. Chacun appréciera...

Un 9 avril noir
 
Pour les adeptes du culte du prince Philip, la date du 9 avril 2021 est à marquer d’une pierre noire, puisque leur “dieu”, leur Messie, a rendu son dernier soupir. Du coup, dans les villages de Tanna adeptes de ce culte, un deuil de cent jours a été décrété ; et déjà les dirigeants de cette singulière chapelle ont discuté de la suite à donner à ce décès. Les chefs ont décidé, après palabres, de s’adresser au prince Charles pour prendre la succession de son père. Le culte du prince Philip deviendra peut-être prochainement le culte du prince Charles ; à condition que ce dernier accepte...

Forster, le naturaliste trahi
Sur les pentes du Yasur
Johann Reihold Forster (22 octobre 1729-9 décembre 1798) était un naturaliste allemand de grande renommée à son époque. Ornithologue distingué, il fut embarqué dans le Pacifique par James Cook lors de son second voyage dans cette région du monde, toujours à la recherche du continent austral.
Forster ne s’était installé à Londres qu’en 1766, mais il s’y fit rapidement une solide réputation de scientifique rigoureux. En 1771, il publia un ouvrage très remarqué à l’époque, consacré à la faune de l’Amérique du Nord. L’année suivante, il fit encore parler de lui à propos d’un livre sur les oiseaux de la région de la baie d’Hudson.
Lorsque Cook décida de repartir pour son second voyage, le célèbre naturaliste Joseph Banks, qui l’avait accompagné lors du premier périple, renonça à embarquer à la dernière minute. Johann Forster fit alors acte de candidature pour accompagner Cook ; à près de quarante-cinq ans, il proposa d’embarquer à condition que son jeune fils Georg Forster (1754-1794), âgé de seulement dix-huit ans (mais peintre de talent), fasse lui aussi partie du voyage en tant qu’assistant de son père. Ils quittèrent l’Angleterre en juillet 1772 et ne revinrent que trois ans plus tard, en juillet 1775.
Les Anglais se montrèrent particulièrement malhonnêtes envers les deux Forster, car à leur embarquement, une prime de mille livres leur avait été promise par contrat dûment signé. Or, à son retour, Forster, qui ramenait abondance de notes et collections, comprit que l’Amirauté et, plus haut encore, le gouvernement britannique, se fichaient comme d’une guigne de ses travaux, refusant de lui payer son dû.
Complètement ruiné, il dut vendre en les dispersant ses collections tandis que Banks racheta toutes les peintures de son fils et une partie des échantillons ramenés par Johann Forster.
Même si le naturaliste poussa la loyauté jusqu’à publier le récit de son voyage en 1778 (Observations Made during a Voyage round the World), il avait compris à l’occasion de cette escroquerie des Anglais qu’il n’avait plus rien à faire à Londres. 
En 1779, il retourna dans son pays d’origine, la Prusse, et devint professeur de minéralogie et de sciences naturelles à l’université de Halle, où ses mérites furent reconnus et où ce qu’il avait pu sauver de ses collections fut mis en valeur. Il décéda à Halle en 1798. Le manuscrit de son odyssée avec Cook ne sera, quant à lui, publié qu’en 1844...

Où s’installer
Sur les pentes du Yasur
On peut passer deux jours à Tanna comme une semaine entière sans jamais s’ennuyer. Parmi plusieurs dizaines d’hébergements, allant du camping ou du bungalow très rustique au resort de luxe, nous avons choisi les trois plus belles adresses qui s’offrent aux voyageurs :
 
  • Rockwater Resort au nord de l’île
  • Tann Evergreen Resort & Tours, au nord-ouest, à deux pas de la Kiss Kiss Beach
  • White Grass Ocean Resort & Spa, sur la côte ouest

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A Tubua’i, une carrière aurait produit des milliers d'herminettes

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A Tubua’i, une carrière aurait produit des milliers d'herminettes
Tahiti, le 30 avril 2021 - Dans le cadre de sa thèse sur “les industries lithiques pré-européennes de Polynésie centrale”, évoquée dans la 6e édition des Dossiers d’archéologie polynésienne, Hermann Aymeric met un coup de projecteur sur l’archipel méconnu des Australes. Et notamment sur l’île de Tupua’i, dans la carrière de Tanataetea, dont la qualité de la roche, un filon de basanite à grain, aurait permis de produire des milliers d’herminettes.  
 
Avec une poignée de missions scientifiques au compteur, c’est l’une des régions les moins connues et certainement les moins documentées du fenua. Il faudra attendre la thèse de doctorat de Hermann Aymeric au sein de l’UPF entre 2010 et 2013 sur l’île de Tupua’i pour mettre un coup de projecteur sur les Australes. Mais s’il y a bien eu des fouilles organisées dans les années 1990, puis en 2007, elles n’ont jamais fait l’objet de suivies, ni de publication si ce n’est quelques “collections” et “notes de terrain” dispersées dans plusieurs universités du Pacifique.
 
A cela, s’ajoute les rares témoignages au moment du “Contact” avec les premiers Européens qui forment un “kaléidoscope de remarques, d’affirmations et de suppositions”. Reste cependant le récit détaillé des mutinés de la Bounty entre le 23 juin et le 14 septembre 1789 et les notes du missionnaire William Ellis, qui semblent évoquer une division de l’île “en au moins trois districts indépendants (…) pris dans de fréquents conflits politiques.”

Des prismes “faciles à extraire”
 
En parallèle, les prospections intensives réalisées en 2010 ont permis d’établir une première carte archéologique de l’île. Outre l’architecture cérémonielle “particulièrement intéressante” avec la présence de marae à ahu “relativement rares” et de marae à enclos, c’est le complexe de carrière-ateliers de Tanataetea (découvert par Manuari’i Doom) qui concentre l’attention des fouilles en août 2012. Un site “exceptionnel” par la qualité de la roche exploitée : “un filon de basanite à grain qui se présente sous la forme de prismes naturels faciles à extraire et à utiliser pour la confection de lames d’herminette”. Les Polynésiens ont ainsi flairé le filon dont l’exploitation sur plus de 3 000 m2 correspond à “la production de milliers d’herminettes”.
 
Dans le cadre de sa thèse sur “les industries lithiques pré-européennes de Polynésie centrale”, Hermann Aymeric, aujourd’hui chargé de recherche au CNRS, s’est donc focalisé sur la production de ces outils qui occupent une place centrale dans la culture polynésienne. L’étude des techniques de fabrication notamment devait permettre de “contextualiser les sites liés à l’extraction et à la transformation des matériaux lithiques utilisés.”

“Forte proximité“ avec les îles Cook
 
Si les cinq îles volcaniques forment aujourd’hui l’ensemble administratif des Australes, “rien ne laisse penser que les habitants de l’archipel puissent être historiquement associés à une même identité culturelle, linguistique, ou politique avant la constitution des Établissements français de l’Océanie”, note Hermann Aymeric dans un papier bilan. “Cultures matérielles, traditions techniques, réseaux d’échange, traditions orales sur les généalogies de chef et les réseaux de marae” : de nombreux indices et notamment les types d’herminettes, montrent effectivement une “forte proximité” avec les îles Cook et les îles de la Société.
 
Ce que la suite des recherches doit permettre d’éclaircir. Aujourd’hui, les travaux sur l’exploitation traditionnelle des ressources marines à Atiahara se poursuivent avec l’étude de l’outillage et des vestiges de la faune marine en collaboration avec Vahine Ahuura Rurua (UPF) et Philippe Béarez (MNHN). “Dans l’ensemble, très peu de ces sites sont encore bien conservés et les destructions vont bon train dans cette île qui voit une pression démographique et immobilière en hausse : il est donc urgent d’inventorier, d’étudier, et de protéger les sites encore identifiables”, alerte le chercheur. “A l’instar d’autres sites majeurs de Polynésie française (…), Atiahara constitue un contexte domestique clé dont l’étude permettra de mieux comprendre les modes de vie domestiques et les activités artisanales et de subsistances des premières sociétés de Polynésie orientale”.
 

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Tahuhu Maraeura, élu maire de Rangiroa

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Tahuhu Maraeura, élu maire de Rangiroa

Tahuhu Maraeura, élu maire de Rangiroa

 

Rangiroa, le 30 avril 2021-  Vendredi matin, le conseil municipal de l'île a procédé à l'élection de son nouveau maire suite à l'inéligibilité de Teina Maraeura. Sans réelle surprise, c'est son fils, Tahuhu qui prend le poste avec 16 voix contre 11 à son opposant, Félix Tetua.

 

Dès 7H30, les élus se sont réunis ce vendredi 30 avril en conseil municipal afin d'élire leur nouveau maire et ses adjoints. Cette élection faisait suite à la condamnation de Teina Maraeura (ancien maire et représentant actuel Tapura à l’Assemblée) par le tribunal correctionnel le 14 avril, dans l'affaire du FDA pour favoritisme et détournement de fonds publics.

Teina Maraeura avait annoncé à la presse locale lors de sa condamnation au palais de justice qu’il avait choisi son successeur sans avancer de nom. Depuis quelques jours, celui de Tahuhu Maraeura était pressenti pour reprendre les rênes de la commune qu'il a obtenus avec 16 voix contre 11 à Félix Tetua. Un résultat plus serré que celui obtenu par Teina Maraeura lors des dernières élections contre ce même adversaire avec 22 voix contre 5.

  

Pour le nouveau maire ce résultat ne pose pas de problème et déclare : "Nous allons travailler ensemble. Les 27 élus que nous sommes ferons de notre mieux pour offrir à notre population ce dont elle a besoin. Beaucoup de projets sont déjà en cours tels que les constructions d'abris ou la reconstruction du quai de Avatoru. Aujourd’hui je reprend le flambeau et je vais poursuivre au mieux ce qu'il a fait pour sa commune".

Huit adjoints ont dû également être élus. A commencer par Martine Tetua qui succède a Tahuhu Maraeura en tant que 1er maire adjoint :  "Je remercie le groupe qui a  mis sa confiance sur cette liste. Ce sera pour nous une nouvelle ère et je remercie également l’ancienne équipe avec laquelle nous avons beaucoup travaillé. Maintenant il faudra qu'on aille au-delà de ce qu’elle a fait."

La population s'est également déplacée à la mairie afin de féliciter son nouveau maire, le soutenir dans les projets, mais aussi pour remercier le maire sortant pour tout ce qu’il a apporté à sa commune durant ses 30 années de règne. Comme l’explique William Petis : "Tout d’abord il faudra remercier Teina Maraeura pour ses 30 années à la commune et les projet réalisés."

 

Teina Maraeura qui va devoir partir en métropole pour raisons de santé, ne pensait pas avoir à céder sa place dans ces conditions mais a déclaré avoir tout mis en œuvre pour remettre la commune à la nouvelle équipe dans de bonnes conditions et de l'y avoir préparée.


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