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Les jeunes polynésiens, la drogue et ses mythes

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Les jeunes polynésiens, la drogue et ses mythes
En 2009, en Polynésie française, on compte à peu près 34 000 enfants scolarisés de la 6ème à la terminale. Les principales sources de joies de ces élèves sont la famille pour 48% d’entre eux, les amis (24%), et les loisirs (11%). Les problèmes les plus fréquemment évoqués sont les relations avec les autres jeunes et les choix d’orientations et de métiers. Une enquête a été faite sur 4100 jeunes Polynésiens de la 6ème à la terminale, dans les 5 archipels, sur leurs usages des différentes drogues. Cette enquête révèle une consommation croissante du cannabis depuis 1999, qui peut être expérimenté dès l’âge de 10 ans. Cependant, les jeunes Polynésiens font moins usage de la drogue que les jeunes métropolitains ou les jeunes des îles Marshall, Guam ou Palau.

32% des moins de 10 ans ont déjà consommé de l’alcool, environ 90% des 17 ans et plus en consomment dont 7% régulièrement (soit plus de 10 fois par mois). Certains jeunes consomment du Komo puaka, alcool fait à base de levure fermentée, alcool pur.
33% des 15-16 ans ont déjà consommé du paka et 4% en consomment de façon régulière : A l’entrée au lycée, ils sont 33% à avoir fumé du cannabis, en fin de parcours, ils sont 47% des 17-18 ans à en avoir consommé.



Filles, Garçons : Deux attitudes différentes vis à vis des drogues, mais de plus en plus similaires.

Fumer du cannabis, ou paka, est un comportement plus masculin que féminin. Les filles vont plus vers le tabac. Egalement, les Polynésiennes fument nettement moins de cannabis que les Métropolitaines. Par contre, elles ont rattrapé les garçons dans la consommation d’alcool. L’étude constate qu’elles boivent par mimétisme lorsqu’elles sont en couple.

La consommation de Paka n’est pas une question de classe sociale : 63% des jeunes commencent par ‘curiosité’, l’autre raison est ‘l’oubli des problèmes’ plus souvent citée par les filles. A noter que dès l’âge de 10-12 ans, environ 4% de nos jeunes, surtout les garçons, ont déjà expérimenté le paka, mais la tranche d’âge la plus consommatrice est celle des 17-18 ans.

On remarque une évolution, puisque les filles sont de plus en plus consommatrices de cannabis, notamment lors de l’entrée au lycée. Malgré tout la différence entre filles et garçons est notable : 16% des garçons de 19 ans et plus en consomment régulièrement contre 3% des filles.



Les jeunes polynésiens, la drogue et ses mythes
Les drogues, les mythes :

- Drogues douces, drogues dures : Ces termes ne sont plus autant usités. On classifie les drogues en fonction de leurs effets :
o Des effets dépresseurs
o Les excitants
o Les effets perturbateurs.


Les jeunes polynésiens, la drogue et ses mythes
- Le paka : Nocif, pas nocif…
Il est fréquent d’entendre que le tabac est plus nocif que le cannabis. Le mode de consommation est différent : pour le cannabis, on garde plus longtemps la fumée dans les poumons. Le pakalolo ou cannabis entraîne des effets secondaires différents selon les personnes. Cette drogue peut provoquer des hallucinations. Mais contrairement aux idées reçues, le cannabis contient 400 à 600 produits toxiques, 1 joint équivaut à 6 cigarettes de tabac. Le THC ou Delta 9 tétrahydrocannabinol a une action immédiate sur le cerveau qui peut durer de 30 minutes à 3 ou 4 heures. Ce produit reste assez longtemps dans le corps, seulement 50% est éliminé au bout de 3 ou 4 jours, et les 50% restant disparaissent de 15 jours à un mois, selon les personnes. On retrouve parfois des traces résiduelles plus d’un mois après l’arrêt pour un consommateur régulier. Ces traces sont repérables dans le foie, les bronches, le cœur, la trachée, les neurones, le nez, la bouche…

On attribue au cannabis des vertus médicinales : En métropole, pendant une période test de 3 ans, il y aura des préparations médicinales à base de cannabis, mais l’amalgame est vite fait entre la drogue elle-même et la préparation médicamenteuse qui elle, n’a rien à voir avec le cannabis.


Les jeunes polynésiens, la drogue et ses mythes
Drogue et créations : Bob Marley aurait-il été le Roi du Reggae sans le cannabis, Baudelaire aurait-il écrit les Fleurs du Mal sans l’opium, Kurt Cobain aurait-il bouleversé le rock sans la drogue…

Souvent les jeunes s’identifient à leurs idoles et il est commun d’attribuer aux drogues la fonction de stimulant artistique ou de dopage créatif. On en oublie le génie de l’artiste : La drogue entretient le mythe, ce n’est pas parce qu’on fume du paka, qu’on devient bon musicien. Comme pour les vertus médicamenteuses, l’amalgame est vite fait en matière de cannabis. Seule la sensibilisation et le cadre dans lequel évolue l’enfant peut lui faire comprendre la part des choses.

Absentéisme et dépression : Causes ou conséquences de l’usage des drogues

21% des élèves consommateurs de cannabis sont en état de dépression. L’usage du paka est fortement lié à l’absentéisme scolaire, également le fait d’avoir des parents divorcés ou un parent décédé peut être lié à la consommation de cette drogue, de même que le fait d’être scolarisé en lycée professionnel reste corrélé à l’expérimentation du cannabis.

La consommation de Paka a inévitablement des conséquences, telles que l’effacement de la mémoire à court terme, la baisse de concentration, la baisse de vigilance, les réflexes ralentis… Il y a deux fois plus de risques d’accidents mortels au volant sous l’effet du cannabis, et 14 fois plus de risques d’accidents mortels sous l’effet du cannabis et de l’alcool cumulés.

Les signes remarqués sur les élèves consommateurs de drogues sont l’agitation, la nervosité, l’irritabilité, la démotivation et parfois l’agressivité. L’absentéisme est souvent une conséquence ainsi qu’un changement dans les fréquentations de l’élève. Irrémédiablement une baisse des résultats scolaires. On remarque aussi soit une perte importante, soit une prise importante de poids chez l’enfant.

La comparaison avec les pays limitrophes et la métropole :

En ce qui concerne les autres territoires du Pacifique, la Polynésie française se trouve à un niveau intermédiaire entre deux pays très consommateurs, la République de Palau et les îles Marianne du Nord. Par contre, les îles Marshall et les Samoa Occidentales sont très peu concernées par la consommation de cannabis. Les statistiques en Polynésie française et en Nouvelle Calédonie se reflètent à l’âge de 17 ans.

On constate que les jeunes métropolitains sont plus consommateurs de ces substances que les Polynésiens. La Polynésie française se trouve loin derrière Guam, les Mariannes du Nord et Palau en consommations de paka, de cocaïne ou d’amphétamines. L’étude conclue que le paka est très présent dans l’univers de la jeunesse polynésienne, plus que les autres drogues.

Apparition surprenante du Kava dans les drogues nocives :

Le Kava fait une apparition surprenante, même si l’implantation du kava est moins ancrée qu’ailleurs. Racine du poivrier sauvage, le Kava est également surnommé « Narcotic pepper ». Consommée à fortes doses, cette boisson devient hypnotique et le Kava est parfois utilisé pour renforcer les effets de l’alcool et du cannabis pour une recherche de sensations plus intenses. Il est consommé en Polynésie française même si cette consommation est minime.
22% des jeunes Polynésiens estiment qu’il est facile de se procurer du cannabis (comparé à 42% des jeunes en Métropole)

22% des jeunes Polynésiens estiment qu’il est facile de se procurer du cannabis contre 40%. Près de 27% des jeunes des zones urbaines des îles du vent estiment que c’est plus facile de se procurer du paka, contre 18% dans les zones rurales et 12% dans les archipels éloignés. Comparé à la France, il semble que les jeunes métropolitains accèdent plus facilement à cette drogue (42% de ces consommateurs estiment s’en procurer sans difficulté).

En ce qui concerne les produits à inhaler et les produits tels que le LSD et l’ecstasy, à peine 2% des jeunes Polynésiens estiment qu’il est facile de s’en procurer. Quelques chiffres :
- 2% des jeunes de 19 ans et plus ont déjà consommé des champignons hallucinogènes.
- 3% ont déjà consommé de l’ecstasy
- 3% des 17-18 ans et 4% des 19 ans et plus ont consommé des amphétamines
- 2% des 10-12 ans, 5 % des 17-18 ans ont consommé du Kava
- 4% des 19 ans et plus ont déjà consommé de la cocaïne

Une petite spécificité locale fait son apparition : Il arrive que des familles plantent et cultivent le paka pour l’usage ou la revente.

Face à cette réalité, il n’est pas toujours évident pour les professeurs de gérer la situation gravissime de l’élève qui prend de la drogue régulièrement. Mais rappelons que les premières sources de joies et d’épanouissement de l’élève sont sa famille, ses amis et que l’environnement dans lequel il évolue (parents, corps enseignant, soignants) peut l’influencer positivement et le guider vers les choix d’une vie saine et prometteuse.

Enfin il est bon de savoir qu’il existe un CCSAT, Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie, qui se situe à la Direction de la Santé Publique à Papeete. Un médecin, 3 psychologues, deux infirmiers sont présents pour répondre aux interrogations, aux besoins des personnes concernées. Un site (http://www.drogue-polynesie.com/ et une page facebook (https://www.facebook.com/pages/Drogues-et-Addictions-Polyn%C3%A9sie/563864883625515 ) peuvent être consultés. Plus d’indication sur l’étude menée en 2009 : http://www.inpes.sante.fr/nouveautes-editoriales/2011/conduites-addictives-adolescents-polynesiens.asp

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