TOKYO, 1 juillet 2014 (AFP) - Le gouvernement japonais a pris mardi la décision historique d'autoriser les forces armées nippones à participer à des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, une première depuis l'instauration en 1947 d'une Constitution pacifiste.
En fin de journée, le nationaliste et conservateur Premier ministre Shinzo Abe a annoncé cette décision en conférence de presse en déclarant que "quelles que soient les circonstances, je protégerai la vie et l'existence en paix des Japonais".
"J'ai cette grave responsabilité", a-t-il ajouté avant d'expliquer la philosophie de cette nouvelle doctrine concoctée par un panel d'experts mandatés par lui-même et dans le secret des deux partis de la coalition au pouvoir, le Parti Libéral-Démocrate (de M. Abe) et le Nouveau Komeito.
Coïncidence: ce mardi marque le 60e anniversaire de la création des "Forces d'Auto-défense" (SDF), le nom officiel de l'armée nippone.
Shinzo Abe s'est voulu rassurant: le Japon "ne sera pas impliqué dans une guerre pour défendre un pays étranger, c'est hors de question".
Pour justifier ses choix, il invoque depuis des mois les menaces croissantes pour le Japon et ses habitants, dans une allusion claire aux ambitions régionales de la Chine, dont l'augmentation du budget militaire est chaque année à deux chiffres.
Cette évolution approuvée par Washington constitue un tournant majeur dans l'histoire du pays depuis la fin de la dernière guerre, car derrière le nouveau concept plutôt barbare de "droit à l'auto-défense collective" se cache en fait la possibilité d'engager les SDF dans des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, au premier rang desquels les Etats-Unis, principal allié et protecteur de l'archipel.
Concrètement, des soldats japonais pourront secourir des forces d'un pays allié attaquées et ce même si le Japon n'est pas directement attaqué lui-même.
La décision du cabinet doit être désormais transformée en loi, ce que devrait être une formalité: le PLD et son petit allié contrôlent les deux chambres du parlement.
Lors d'un premier et bref passage raté à la tête du gouvernement en 2006-2007, M. Abe caressait déjà l'idée de réformer cette Constitution imposée par le vainqueur américain, et surtout son fameux article 9 qui consacre la renonciation à la guerre "à jamais" et donc un pacifisme gravé dans l'airain.
De retour au pouvoir fin 2012, et après s'être concentré sur l'urgence d'une relance économique du pays, M. Abe a ressorti son vieil agenda nationaliste.
Mais il a dû vite se rendre compte que l'affaire était plus compliquée qu'il ne l'imaginait, car la Charte de 1947 comporte plusieurs garde-fous.
Son article 96 précise que les amendements doivent être introduits à l'initiative de la Diète (le parlement bicaméral) par vote des deux tiers au moins des membres de chaque chambre. Les amendements doivent ensuite être approuvés par référendum avec une majorité des suffrages.
Faute d'amendement, M. Abe a donc contourné l'obstacle, se contentant de "réinterpréter" la Constitution avec une idée en tête: tourner définitivement la page de la guerre, de la défaite et de la repentance.
- Du bon usage de la menace chinoise -
Une attitude qui, malgré les efforts de M. Abe pour se défaire de l'image d'un "va-t-en-guerre", déplait souverainement à la Chine.
Mardi, un porte-parole des affaires étrangères chinoises a dénoncé des "mesures sans précédents qui modifient substantiellement la politique militaire du Japon".
"Il est normal de se demander si ce dernier va quitter la voie du développement pacifique sur laquelle il est" depuis la fin de la guerre, a ajouté Hong Lei.
Même si la voie législative est dégagée, il demeure que l'orientation nouvelle donnée au pays par M. Abe, qui a en outre mis fin début avril à un auto-embargo vieux d'un demi-siècle sur les exportations d'armes, ne semble pas plaire à une majorité de Japonais.
Selon tous les derniers sondages, plus de la moitié de la population reste fermement attachée à la Charte pacifiste et se dit opposée à la participation de soldats nippons à toute action militaire extérieure.
Lundi soir plus de 10.000 personnes ont manifesté sous les fenêtre de M. Abe aux cris de "pas de guerre!" ou encore "stoppez les fascistes". Certains manifestants brandissaient des portraits de lui affublé d'une moustache façon Hitler.
En fin de journée, le nationaliste et conservateur Premier ministre Shinzo Abe a annoncé cette décision en conférence de presse en déclarant que "quelles que soient les circonstances, je protégerai la vie et l'existence en paix des Japonais".
"J'ai cette grave responsabilité", a-t-il ajouté avant d'expliquer la philosophie de cette nouvelle doctrine concoctée par un panel d'experts mandatés par lui-même et dans le secret des deux partis de la coalition au pouvoir, le Parti Libéral-Démocrate (de M. Abe) et le Nouveau Komeito.
Coïncidence: ce mardi marque le 60e anniversaire de la création des "Forces d'Auto-défense" (SDF), le nom officiel de l'armée nippone.
Shinzo Abe s'est voulu rassurant: le Japon "ne sera pas impliqué dans une guerre pour défendre un pays étranger, c'est hors de question".
Pour justifier ses choix, il invoque depuis des mois les menaces croissantes pour le Japon et ses habitants, dans une allusion claire aux ambitions régionales de la Chine, dont l'augmentation du budget militaire est chaque année à deux chiffres.
Cette évolution approuvée par Washington constitue un tournant majeur dans l'histoire du pays depuis la fin de la dernière guerre, car derrière le nouveau concept plutôt barbare de "droit à l'auto-défense collective" se cache en fait la possibilité d'engager les SDF dans des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, au premier rang desquels les Etats-Unis, principal allié et protecteur de l'archipel.
Concrètement, des soldats japonais pourront secourir des forces d'un pays allié attaquées et ce même si le Japon n'est pas directement attaqué lui-même.
La décision du cabinet doit être désormais transformée en loi, ce que devrait être une formalité: le PLD et son petit allié contrôlent les deux chambres du parlement.
Lors d'un premier et bref passage raté à la tête du gouvernement en 2006-2007, M. Abe caressait déjà l'idée de réformer cette Constitution imposée par le vainqueur américain, et surtout son fameux article 9 qui consacre la renonciation à la guerre "à jamais" et donc un pacifisme gravé dans l'airain.
De retour au pouvoir fin 2012, et après s'être concentré sur l'urgence d'une relance économique du pays, M. Abe a ressorti son vieil agenda nationaliste.
Mais il a dû vite se rendre compte que l'affaire était plus compliquée qu'il ne l'imaginait, car la Charte de 1947 comporte plusieurs garde-fous.
Son article 96 précise que les amendements doivent être introduits à l'initiative de la Diète (le parlement bicaméral) par vote des deux tiers au moins des membres de chaque chambre. Les amendements doivent ensuite être approuvés par référendum avec une majorité des suffrages.
Faute d'amendement, M. Abe a donc contourné l'obstacle, se contentant de "réinterpréter" la Constitution avec une idée en tête: tourner définitivement la page de la guerre, de la défaite et de la repentance.
- Du bon usage de la menace chinoise -
Une attitude qui, malgré les efforts de M. Abe pour se défaire de l'image d'un "va-t-en-guerre", déplait souverainement à la Chine.
Mardi, un porte-parole des affaires étrangères chinoises a dénoncé des "mesures sans précédents qui modifient substantiellement la politique militaire du Japon".
"Il est normal de se demander si ce dernier va quitter la voie du développement pacifique sur laquelle il est" depuis la fin de la guerre, a ajouté Hong Lei.
Même si la voie législative est dégagée, il demeure que l'orientation nouvelle donnée au pays par M. Abe, qui a en outre mis fin début avril à un auto-embargo vieux d'un demi-siècle sur les exportations d'armes, ne semble pas plaire à une majorité de Japonais.
Selon tous les derniers sondages, plus de la moitié de la population reste fermement attachée à la Charte pacifiste et se dit opposée à la participation de soldats nippons à toute action militaire extérieure.
Lundi soir plus de 10.000 personnes ont manifesté sous les fenêtre de M. Abe aux cris de "pas de guerre!" ou encore "stoppez les fascistes". Certains manifestants brandissaient des portraits de lui affublé d'une moustache façon Hitler.
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