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Un suivi au-delà des murs, pour les auteurs de violences sexuelles

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Un suivi au-delà des murs, pour les auteurs de violences sexuelles
PUNAAUIA, 10 juin 2014 – Magistrats, praticiens et acteurs du monde carcéral ont dressé, ce mardi, un état des lieux de la prise en charge des auteurs d’actes de violence sexuelle et de ses limites, en Polynésie française lors du colloque "Regards croisés sur les agresseurs sexuels en Polynésie française" organisé à l’amphithéâtre du lycée hôtelier de Punaauia.

Viol, agression, exhibition, harcèlement sexuels, détention ou diffusion d’image à caractère pornographique mettant en scène des mineurs : dans la catégorie des atteintes aux personnes, les atteintes sexuelles sont une source d’encombrement des tribunaux en Polynésie française. Au centre pénitentiaire de Nuutania, un détenu sur deux est incarcéré pour des faits d’agression sexuelle ou de violence conjugale.

La question de leur prise en charge et de ses limites était l’enjeu du colloque "Regards croisés sur les agresseurs sexuels en Polynésie française".

Un état des lieux de ce qui est en place en Polynésie française a été tenté, avec la participation d’universitaires, de représentants de la justice, d’acteurs du monde carcéral et de praticiens avec l’ambition de trouver des solutions pour offrir les conditions d’un suivi, avec plus de moyens, aux auteurs d’actes de violences sexuelles.

L’idée générale est de lutter contre le phénomène de récidive, dans un souci d’insertion, même si statistiquement le taux de réitération concerne moins d’un condamné pour des faits d’agression sexuelle sur cinquante.

Au plan fonctionnel, il peut s’agir dans le cadre d’une remise de peine ou de l’application d’une peine complémentaire d’offrir au condamné un contexte offrant un suivi socio-judiciaire qui trouve tout son sens en matière de délinquance sexuelle mais qui connait de nombreux problème pour sa mise en œuvre en Polynésie, notamment en raison de l’éloignement géographique des structures spécialisées, pour les condamnés résidants dans les archipels éloignés ou de leur incapacité économique à prendre en charge les frais de consultation.

"Nous avons de nombreux délinquants sexuels à Nuutania", résume Nicolas Chareyre, juge d’application des peines, "se pose le problème du suivi à l’intérieur du centre de détention puis, une fois la peine purgée, de sa poursuite en dehors du monde carcéral : il n’y a pas forcément en Polynésie française des structures adaptées pour traiter les délinquants sexuels lorsqu’ils ont une obligation de soin".

Le colloque "Regards croisés sur les agresseurs sexuels en Polynésie française" a été organisé avec l'idée de structurer des solutions adaptées à cette problématique, en Polynésie française.

Un suivi au-delà des murs, pour les auteurs de violences sexuelles
"Tout seul, personne ne peut rien faire"

Le docteur Raymond Videlaine, psychiatre au centre hospitalier du Taaone, membre de l'association pour la recherche et le traitement des auteurs de violence sexuelle (ARTASS), est co-organisateur du colloque "Regards croisés sur les agresseurs sexuels en Polynésie française".

Quelle est l’ambition de ce colloque ?

Raymond Videlaine : L’ambition est d’embrayer sur des choses concrètes. Nous avons parlé de médecins coordinateurs, de liens justice-santé, de la formation de gens qui vont intervenir auprès des délinquants, et – je vais employer le terme – des agresseurs sexuels ou des auteurs de violences sexuelles : ça ne s’invente pas ; on ne peut pas, sous prétexte que l’on a un diplôme de psychiatre ou de psychologue, prendre en charge des auteurs de violences sexuelles : non, il y a tout un travail de formation. Donc l’idée, tout de même, c’est de déboucher sur l’élaboration de projets communs : justice-Etat-Pays-Santé. Je pense que c’est important : tout seul, personne ne peut rien faire.

Il s’agit d’offrir les conditions d’une meilleure prise en charge des délinquants sexuels.

Raymond Videlaine : L’idée est d’offrir une prise en charge en dehors du monde pénitentiaire. Malheureusement, tous les auteurs de violence sexuelle qui sortent de prison n’ont pas – et je ne suis pas persuadé que ce soit spécifique à la Polynésie – la possibilité de poursuivre le travail qui a été fait en prison.
Il s’agit déjà de créer les conditions d’une réflexion avec tous les partenaires.

Il y avait urgence à organiser une telle rencontre ?

Raymond Videlaine : Les tribunaux jugent toujours plus de cas de violence sexuelle. Le respect des injonctions ou des obligations de soins à la sortie de prison posent problème. C’est vrai aussi que parfois l’éloignement pose problème : mettre en place une équipe complète pour effectuer une prise en charge complète aux Marquises, aux Australes… Mais enfin, même si on y croit dans un premier temps que pour une partie de la population, il ne faut pas hésiter à avancer. On verra ensuite comment les choses se mettront en place.

La Polynésie connait-elle un problème particulier de délinquance sexuelle ?

Raymond Videlaine : Le mot délinquant me met un peu mal à l’aise : il est plus juridique que médical. Mais la Polynésie est à part, dans son fonctionnement collectif ; (…) et à partir du moment où le fonctionnement intersubjectif entre les individus est différent, on peut supposer le fonctionnement intrapsychique des individus puisse être différent. (…) Toute culture a ses particularités ; mais je ne pense pas qu’il y ait une importance certaine d’actes de violence sexuelle liée à la problématique de la culture, en Polynésie.

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