BORDEAUX, 3 juin 2014 (AFP) - A peine plus impressionné que lorsqu'il discute avec sa famille via Skype, un Polynésien de Bordeaux a passé son oral de tahitien du bac par visioconférence avec un examinateur à 16.000 km, une possibilité inédite et d'avenir. Et ça s'est passé "maita'i roa, mauruuru", très bien merci.
Dix minutes de préparation d'un thème choisi, cinq minutes de présentation, cinq minutes de questions. Sur le fond, l'oral de LV2 (2e langue vivante) passé par Temauri Tehei ne diffère guère d'un autre. N'était-ce l'outil, une visioconférence, le décalage (07H30 à Bordeaux, 19H30 à Papeete), et les kilomètres entre son examinateur et lui.
Une salle aussi neutre que possible, un petit écran avec webcam devant lui, un écran géant au mur projetant son examinateur, en chemise à fleurs jaune et bleue. Et après quelques tests de son et image, le jeune Polynésien s'est lancé. Si stress il y avait, il n'était pas lié à l'outil.
"Pour moi ça ne change pas grand-chose. Je suis habitué, car je parle avec mes parents sur Skype tous les jours", explique après l'épreuve Temauri, 18 ans, avec un roulement de "r" musical et îlien.
- Mieux qu'avec l'examinateur en face -
"D'ailleurs, j'ai moins stressé avec l'examinateur derrière la caméra qu'en face de moi derrière un bureau. C'est bizarre au début de voir l'écran vide, mais dès que l'examinateur est arrivé, le stress est parti."
Le lycéen, en terminale STMG (management et gestion) à Mérignac, mesure sa "très grande chance" de pouvoir passer l'oral de LV2 dans sa langue maternelle dont il est si fier, lui qui est arrivé à Bordeaux en 2013 pour suivre sa jeune épouse étudiante. Et craignait de ne pouvoir passer son "tahitien" au bac. Faute, évidemment, d'enseignants de tahitien en Gironde...
Mais depuis un décret ministériel en mars, les candidats au bac peuvent passer des oraux à distance en temps réel, une mesure visant un "profil très spécifique": ceux qui ne peuvent se déplacer en raison d'un handicap géographique, de santé, ou qui sont incarcérés.
"Les outils numériques ne sont pas nouveaux, on les utilise déjà dans le cadre de réunions, aujourd'hui ce sont les examens que l'on fait logiquement entrer dans le monde numérique", explique Romain Marcillac, en charge du projet modernisation au rectorat de Bordeaux.
Fin mai à Saint-Dié (Vosges), c'est un oral de néerlandais qu'avait passé un candidat au bac, une première en France aux termes du décret de mars, pour pallier à l'éloignement entre le lycéen et son examinateur, en ce cas à Reims.
Au total, une dizaine de candidats vont en bénéficier pour cette session du bac, notamment dans des centres étrangers rattachés aux académies françaises, notamment au Maroc.
Le cadre réglementaire du ministère est ultra-précis: il est par exemple recommandé de privilégier "des salles possédant des surfaces de couleurs unies, sombres et non-réfléchissantes", ou de placer la webcam pour éviter "de filmer en plongée ou contre-plongée, afin de ne pas influencer la manière dont la personne est filmée et perçue".
- 'Juste l'écran qui nous sépare' -
"A l'issue de l'épreuve, le candidat signe un procès-verbal où il consigne tous les incidents qui auraient pu se produire, l'examinateur aussi", explique-t-on aussi au rectorat.
Mais pas de bug technique mardi, pas de trac démesuré pour le candidat, qui a disserté sur le "port de Papeete" et son impact économique. Et a donc passé, comme près de 500 jeunes Polynésiens, son oral de tahitien.
Pour l'examinateur, cela "ne change rien du tout", assure Atemi Pitu, le prof de tahitien de Papeete "enchanté" d'officier pour cette première. "Au final aujourd'hui, il y a juste l'écran qui nous sépare."
Tout au plus, avance-t-il, pourra-t-on parfaire le dispositif ou le son, s'agissant de candidats dont le tahitien n'est pas la langue maternelle "pour éviter les difficultés au niveau de l'élocution". Car le tahitien, explique-t-il, a ses pièges subtils, liés à la pronociation: "Si on n'accentue pas certains mots, ils prennent un tout autre sens, avec parfois une connotation qui nous fait... sourire."
Dix minutes de préparation d'un thème choisi, cinq minutes de présentation, cinq minutes de questions. Sur le fond, l'oral de LV2 (2e langue vivante) passé par Temauri Tehei ne diffère guère d'un autre. N'était-ce l'outil, une visioconférence, le décalage (07H30 à Bordeaux, 19H30 à Papeete), et les kilomètres entre son examinateur et lui.
Une salle aussi neutre que possible, un petit écran avec webcam devant lui, un écran géant au mur projetant son examinateur, en chemise à fleurs jaune et bleue. Et après quelques tests de son et image, le jeune Polynésien s'est lancé. Si stress il y avait, il n'était pas lié à l'outil.
"Pour moi ça ne change pas grand-chose. Je suis habitué, car je parle avec mes parents sur Skype tous les jours", explique après l'épreuve Temauri, 18 ans, avec un roulement de "r" musical et îlien.
- Mieux qu'avec l'examinateur en face -
"D'ailleurs, j'ai moins stressé avec l'examinateur derrière la caméra qu'en face de moi derrière un bureau. C'est bizarre au début de voir l'écran vide, mais dès que l'examinateur est arrivé, le stress est parti."
Le lycéen, en terminale STMG (management et gestion) à Mérignac, mesure sa "très grande chance" de pouvoir passer l'oral de LV2 dans sa langue maternelle dont il est si fier, lui qui est arrivé à Bordeaux en 2013 pour suivre sa jeune épouse étudiante. Et craignait de ne pouvoir passer son "tahitien" au bac. Faute, évidemment, d'enseignants de tahitien en Gironde...
Mais depuis un décret ministériel en mars, les candidats au bac peuvent passer des oraux à distance en temps réel, une mesure visant un "profil très spécifique": ceux qui ne peuvent se déplacer en raison d'un handicap géographique, de santé, ou qui sont incarcérés.
"Les outils numériques ne sont pas nouveaux, on les utilise déjà dans le cadre de réunions, aujourd'hui ce sont les examens que l'on fait logiquement entrer dans le monde numérique", explique Romain Marcillac, en charge du projet modernisation au rectorat de Bordeaux.
Fin mai à Saint-Dié (Vosges), c'est un oral de néerlandais qu'avait passé un candidat au bac, une première en France aux termes du décret de mars, pour pallier à l'éloignement entre le lycéen et son examinateur, en ce cas à Reims.
Au total, une dizaine de candidats vont en bénéficier pour cette session du bac, notamment dans des centres étrangers rattachés aux académies françaises, notamment au Maroc.
Le cadre réglementaire du ministère est ultra-précis: il est par exemple recommandé de privilégier "des salles possédant des surfaces de couleurs unies, sombres et non-réfléchissantes", ou de placer la webcam pour éviter "de filmer en plongée ou contre-plongée, afin de ne pas influencer la manière dont la personne est filmée et perçue".
- 'Juste l'écran qui nous sépare' -
"A l'issue de l'épreuve, le candidat signe un procès-verbal où il consigne tous les incidents qui auraient pu se produire, l'examinateur aussi", explique-t-on aussi au rectorat.
Mais pas de bug technique mardi, pas de trac démesuré pour le candidat, qui a disserté sur le "port de Papeete" et son impact économique. Et a donc passé, comme près de 500 jeunes Polynésiens, son oral de tahitien.
Pour l'examinateur, cela "ne change rien du tout", assure Atemi Pitu, le prof de tahitien de Papeete "enchanté" d'officier pour cette première. "Au final aujourd'hui, il y a juste l'écran qui nous sépare."
Tout au plus, avance-t-il, pourra-t-on parfaire le dispositif ou le son, s'agissant de candidats dont le tahitien n'est pas la langue maternelle "pour éviter les difficultés au niveau de l'élocution". Car le tahitien, explique-t-il, a ses pièges subtils, liés à la pronociation: "Si on n'accentue pas certains mots, ils prennent un tout autre sens, avec parfois une connotation qui nous fait... sourire."
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