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Sept ans et déjà un avenir incertain pour le golf de Moorea

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Sept ans et déjà un avenir incertain pour le golf de Moorea
PAPEETE, 8 avril 2014 - Sept ans après son ouverture, faute de liquidités le golf de Temae vivote à petite échelle et peine à réaliser le complexe immobilier qui devait lui donner du sens. Le tribunal de commerce de Papeete se donne jusqu’en octobre pour statuer sur son avenir.

"D’ici 2010, le projet finalisé du Moorea Golf Resort devrait voir le jour à proximité immédiate du parcours de golf. Le site accueillera l’hôtel Warwick Moorea Golf & Spa Resort, un établissement cinq étoiles de style polynésien, composé de 154 chambres et d’un centre spa et fitness", vantait une brochure optimiste publiée en 2008. Couplé au parcours international de 18 trous de Temae ce développement immobilier complémentaire devait permettre de justifier toute la réalisation en offrant un complexe touristique tourné vers une clientèle de golfeurs aujourd’hui drainée vers Hawaii ou la Nouvelle Zélande.

Pour ce tourisme haut de gamme, le golf de Temae apportait à la Polynésie française son deuxième golf de stature internationale. A l’époque, un troisième golf était à l’étude à Bora Bora et pourquoi pas un autre à Tahaa. Les Etats-Unis comptent à eux seuls 55 millions de golfeurs licenciés...

Mais rien ne s’est passé comme prévu, ni dans le monde, ni en Polynésie ni à Temae. La crise financière de 2008 a secoué l'économie mondiale et en Polynésie les projets de golfs de Tahaa et Bora Bora sont restés dans leur carton. Sept ans après son ouverture, en panne de trésorerie le Golf de Temae est en redressement judiciaire, menacé par la liquidation si aucune solution économique viable n’est présentée au Tribunal de commerce de Papeete d’ici le 13 octobre 2014.

Depuis fin 2013, un appel d’offre international est publié, toujours sans succès, à la recherche d’investisseurs alors que le contrat de partenariat signé en 2008 avec la société calédonienne Antipodes Golf pour aider à la concrétisation du projet hôtelier est aujourd’hui dénoncé par cette dernière et fait l’objet d’une procédure en justice.

Pour couronner le tout la South Pacific Golf and Resorts Development (SPGRD), société par actions simplifiée détenue par Jean-Louis Gregori et exploitante du golf de Moorea, se trouve en conflit avec la SNC Moorea Temae II, son partenaire pour la défiscalisation. Le montage juridique prévoyait à l’origine une transmission de propriété du golf, après construction, à la SNC en échange d’une prise à bail par la société SPGRD jusqu'à la fin de la période de défiscalisation. Mais faute de liquidités…

Un espoir venant de Chine

Le golf, un "par 70" imaginé par le célèbre concepteur Jack Nicklaus à la demande du promoteur Jean-Louis Gregori, sur près 165 hectares en bord de mer à Teamae, a bien vu le jour en 2008. Il aura demandé 2,25 milliards Fcfp d’investissements pour s'implanter sur ce qui était auparavant un immense marécage boueux.

Le projet bénéficie d’emblée pour sa réalisation de fonds issus de la défiscalisation. Une première victoire pour la SPGRD qui pouvait se vanter alors d’être à la tête du tout premier golf à profiter d’une telle manne fiscale.
Devait suivre assez rapidement la réalisation d’un complexe touristique comprenant notamment un hôtel de grand standing (154 chambres, 4 à 5 étoiles) couplé à une offre hôtelière de classe moyenne avec 200 appartements en "time share", voire un centre de thalasso, un casino. Le projet avait été dessiné par l’architecte Pierre Lacombe. Le complexe hôtelier avait l’obligation d’être "hors d’eau", c'est-à-dire toitures posées, avant fin 2010. Il bénéficiait à cette condition de la double "défisc" : une aide locale de type "loi Flosse" pour 2,2 milliards Fcfp et un apport sur fonds de défiscalisation "loi Girardin" de 2,86 milliards Fcfp. Ajouté à cela le montage financier comptait l’emprunt de 1,8 milliard Fcfp à un pool bancaire (Oceor, Banque de Tahiti, Banque Socredo) et un apport en fonds propre d’1,2 milliard Fcfp.

En 2008, faute de liquidités et pressé par l’échéance, Jean-Louis Gregori consent à se séparer de 8,7 hectares du foncier autour du golf au bénéfice de la société Antipodes Golf. L’émanation locale d’une société de promotion immobilière calédonienne s’était engagée à les acheter pour 950 millions Fcfp pour ensuite se fondre dans le projet d’ensemble en réalisant avec l’aide de la défiscalisation un complexe de 200 unités d’appart-hôtel.

Le contrat pour cette acquisition foncière a été dénoncé en 2010 par Antipodes Golf, puis reconnu parfait par le Tribunal de commerce de Papeete. La société calédonienne s’est pourvue en appel. La cour d'appel de Papeete doit rendre son arrêt le 11 avril prochain.

Mais privé des 5 milliards Fcfp issus de la double défiscalisation le projet de complexe touristique du golf de Temae voit aujourd’hui sa réalisation incertaine, en période de raréfaction de l'argent public.

Dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, près de 9 milliards Fcfp de dettes ont été transmis à Me Ancel. Le représentant des créanciers estime ce chiffre "complètement farfelu" et "loin d’être définitif", à l’heure d’être épluché par tribunal de commerce. Le montant des créances de la SPGRD serait plutôt de l’ordre de 3 milliards Fcfp.

Reste que la société demeure à la recherche d’une solution pour se tirer de l’ornière. Après avoir sollicité le Pays en décembre 2013, sans succès, ses espoirs pourraient venir d’investisseurs chinois. Une mission de prospection de la compagnie Hainan Airlines a visité le golf de Temae en mars dernier et s’est dit "intéressée" par le site indique la Présidence. Tous les espoirs ne sont pas perdus.

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