FAA'A, 20 février 2014 - Te Hihi o te maramarama. Un hangar rouge sur les hauteurs de Faa’a aménagé en siège de campagne du Tavini Huira’atira pour les municipales de mars 2014. Sur l’arrière de ce bâtiment où l’on s'active, une table est posée sous un immense appentis de tôles qui regarde la mer. Là, Oscar Temaru accepte de nous recevoir pour un regard sur l’actualité à la veille d’un rendez-vous électoral déterminant pour le parti souverainiste.
Lors du congrès des jeunes du Tavini, vous avez insisté sur l’importance du processus initié le 17 mai dernier avec la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes. Est-ce important de rappeler ça à la veille d’un scrutin de proximité comme celui des municipales ?
Oscar Temaru : Je dis tout simplement qu’il est de notre devoir (…) de commencer d’abord par comprendre ce qui se passe dans le monde. (…) Depuis le 17 mai il y a déjà eu deux résolutions prises par le comité spécial de la décolonisation, qui rappellent à l’Etat ses responsabilités vis-à-vis de la Polynésie (…).
C’est cette coquille coloniale qu’il faut casser. Et expliquer qu’il nous faut d’abord – ça c’est un objectif important – arriver à équilibrer la balance commerciale de notre pays. Quand on sait qu’il y a des verrous que l’on peut faire sauter. Je pense notamment aux visas, une compétence de l’Etat. Les chiffres sont clairs : si nous arrivons à 500 000 touristes dans notre pays, nous équilibrons la balance commerciale. Si nous étions souverains, il n’y aurait plus de problème. (…)
Combien de mairies comptez-vous rallier comme ça, le 30 mars ?
Oscar Temaru : God only knows (rires)
Le gouvernement Flosse annonce 36,4 milliards Fcfp de commande publique pour relancer l’économie. Il promet la création de 15 000 emplois au cours de la mandature. Pensez-vous que la Polynésie voit enfin le bout du tunnel ?
Oscar Temaru : J’ai bien laissé un budget d’investissements de 38 milliards, pour 2014 ? Et dans ces 38 milliards nous avions prévus en crédits de paiement pour la première fois dans notre pays, 3 milliards pour le secteur primaire. Il les a retirés pour mettre dans le bitume, contenter les entreprises … Les copains et les coquins ! Alors que c’est là, dans l’agriculture et la pêche, que nous pouvons créer des emplois durables. S’il n’a pas compris ça …
Et puis il y a les grands projets, le Mahana beach, Atimaono. Ceux-là m’inquiètent parce qu’il y a des rumeurs : on parle de l’implantation de casinos dans notre pays, alors que ça fait des années que pratiquement toutes les confessions religieuses ont annoncé la couleur : qu’on est contre les casinos ; qu’on n’en veut pas dans notre pays. Les casinos ça veut dire pauvreté, misère, blanchiment d’argent sale : non ! Tahiti a une telle réputation dans le monde … sans casino. On n’a pas besoin de ça. (...)
Je dis également que ces grands projets montrent un manque de sagesse, de vision politique de la part du gouvernement : je ne veux pas que ce pays soit un jour sous la mainmise des multinationales. Ce n’est pas bon pour la démocratie, ni pour l’économie. On le voit déjà : il y des petites entreprises, chez nous, qui ne sont que des sous-traitants parce que les gros marchés, ce sont les grosses entreprises qui les ont. Les petites entreprises meurent. Et ça continuera comme ça. Si on veut faire une politique de développement harmonieux pour notre pays, on ne peut pas laisser ces situation de monopole s’installer.
Le comité spécial pour la décolonisation entame ses travaux, ce jeudi à l’ONU. Avez-vous prévu de vous rendre à New York pour y participer ?
Oscar Temaru : Non, ils savent que nous sommes en période d’élections. Les travaux vont continuer, et les rapports nous seront transmis sur les travaux du comité des 24. Mais une réunion de ce comité et prévue de se tenir au Vanuatu. Là oui, nous allons y participer, bien sûr.
Dernièrement, la vice-amiral Anne Cullere a tenu des propos très controversés à propos de Moruroa. Comment ce discours est-il ressenti dans le mouvement souverainiste ?
Oscar Temaru : C’est un manque de respect vis-à-vis de notre peuple, un tout petit peuple. Je trouve que rien de cela n’est bon pour l’image de la France dans le monde. (…) Vous savez, si elle avait tenu ces propos avant de me rendre sa visite de courtoisie, à la Présidence, je ne l’aurais pas reçue. Ce ne sont pas des propos dignes d’un haut représentant de l’armée française. Elle oublie que nous sommes Polynésiens.
Pensez-vous que l’Etat devrait reconnaître officiellement le fait nucléaire, en Polynésie ?
Oscar Temaru : Si la France le faisait, je dirais : on peut pardonner ; mais on ne peut pas oublier. (…) Cela fait des années que l’on attend cela. Ce n’est tout de même pas à nous de leur dire : reconnaissez les dégâts que vous avez causés. Et puis, reconnaître le fait nucléaire, c’est admettre le fait colonial. Et pour cela, il n’y a que la Cour internationale de justice qui pourra mettre de l’ordre dans tout ça.
Lors du congrès des jeunes du Tavini, vous avez insisté sur l’importance du processus initié le 17 mai dernier avec la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes. Est-ce important de rappeler ça à la veille d’un scrutin de proximité comme celui des municipales ?
Oscar Temaru : Je dis tout simplement qu’il est de notre devoir (…) de commencer d’abord par comprendre ce qui se passe dans le monde. (…) Depuis le 17 mai il y a déjà eu deux résolutions prises par le comité spécial de la décolonisation, qui rappellent à l’Etat ses responsabilités vis-à-vis de la Polynésie (…).
C’est cette coquille coloniale qu’il faut casser. Et expliquer qu’il nous faut d’abord – ça c’est un objectif important – arriver à équilibrer la balance commerciale de notre pays. Quand on sait qu’il y a des verrous que l’on peut faire sauter. Je pense notamment aux visas, une compétence de l’Etat. Les chiffres sont clairs : si nous arrivons à 500 000 touristes dans notre pays, nous équilibrons la balance commerciale. Si nous étions souverains, il n’y aurait plus de problème. (…)
Combien de mairies comptez-vous rallier comme ça, le 30 mars ?
Oscar Temaru : God only knows (rires)
Le gouvernement Flosse annonce 36,4 milliards Fcfp de commande publique pour relancer l’économie. Il promet la création de 15 000 emplois au cours de la mandature. Pensez-vous que la Polynésie voit enfin le bout du tunnel ?
Oscar Temaru : J’ai bien laissé un budget d’investissements de 38 milliards, pour 2014 ? Et dans ces 38 milliards nous avions prévus en crédits de paiement pour la première fois dans notre pays, 3 milliards pour le secteur primaire. Il les a retirés pour mettre dans le bitume, contenter les entreprises … Les copains et les coquins ! Alors que c’est là, dans l’agriculture et la pêche, que nous pouvons créer des emplois durables. S’il n’a pas compris ça …
Et puis il y a les grands projets, le Mahana beach, Atimaono. Ceux-là m’inquiètent parce qu’il y a des rumeurs : on parle de l’implantation de casinos dans notre pays, alors que ça fait des années que pratiquement toutes les confessions religieuses ont annoncé la couleur : qu’on est contre les casinos ; qu’on n’en veut pas dans notre pays. Les casinos ça veut dire pauvreté, misère, blanchiment d’argent sale : non ! Tahiti a une telle réputation dans le monde … sans casino. On n’a pas besoin de ça. (...)
Je dis également que ces grands projets montrent un manque de sagesse, de vision politique de la part du gouvernement : je ne veux pas que ce pays soit un jour sous la mainmise des multinationales. Ce n’est pas bon pour la démocratie, ni pour l’économie. On le voit déjà : il y des petites entreprises, chez nous, qui ne sont que des sous-traitants parce que les gros marchés, ce sont les grosses entreprises qui les ont. Les petites entreprises meurent. Et ça continuera comme ça. Si on veut faire une politique de développement harmonieux pour notre pays, on ne peut pas laisser ces situation de monopole s’installer.
Le comité spécial pour la décolonisation entame ses travaux, ce jeudi à l’ONU. Avez-vous prévu de vous rendre à New York pour y participer ?
Oscar Temaru : Non, ils savent que nous sommes en période d’élections. Les travaux vont continuer, et les rapports nous seront transmis sur les travaux du comité des 24. Mais une réunion de ce comité et prévue de se tenir au Vanuatu. Là oui, nous allons y participer, bien sûr.
Dernièrement, la vice-amiral Anne Cullere a tenu des propos très controversés à propos de Moruroa. Comment ce discours est-il ressenti dans le mouvement souverainiste ?
Oscar Temaru : C’est un manque de respect vis-à-vis de notre peuple, un tout petit peuple. Je trouve que rien de cela n’est bon pour l’image de la France dans le monde. (…) Vous savez, si elle avait tenu ces propos avant de me rendre sa visite de courtoisie, à la Présidence, je ne l’aurais pas reçue. Ce ne sont pas des propos dignes d’un haut représentant de l’armée française. Elle oublie que nous sommes Polynésiens.
Pensez-vous que l’Etat devrait reconnaître officiellement le fait nucléaire, en Polynésie ?
Oscar Temaru : Si la France le faisait, je dirais : on peut pardonner ; mais on ne peut pas oublier. (…) Cela fait des années que l’on attend cela. Ce n’est tout de même pas à nous de leur dire : reconnaissez les dégâts que vous avez causés. Et puis, reconnaître le fait nucléaire, c’est admettre le fait colonial. Et pour cela, il n’y a que la Cour internationale de justice qui pourra mettre de l’ordre dans tout ça.
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