Une belle leçon d’humilité, c’est ce que retient Cécile Tessier-Gendreau de son « aventure humaine ». Réaliser Ananahi, demain a été pour cette journaliste d’investigation une véritable expérience de vie. « On ne peut pas en ressortir indemne », confie t-elle au cours de la conversation. Interpellée par la souffrance d’une jeunesse polynésienne qui se cherche, Cécile Tessier-Gendreau est partie à sa rencontre. Ce qu’elle a découvert ? Une jeunesse marquée par 200 ans de bouleversements, une jeunesse qui aspire en toute logique à la modernité mais aussi une jeunesse qui lutte pour se contruire dans cet unviers. « Les jeunes ont beaucoup de difficulté à exprimer ce qu’ils ressentent. La parole ne s’est pas encore libérée contrairement à d’autres pays du Pacifique, cela fait « honte » de dire les choses ». C’est pour cette raison que la journaliste, une globe trotteuse confirmée, s’est tournée vers la musique, un élément important de la culture polynésienne. « Quand j’ai connu les Takanini, j’ai tout de suite su que c’était eux que je devais filmer ». « Takanini » est un groupe de musiciens marquisiens au style de reggae inédit. Il chante sa culture, affirme sa langue et ses valeurs. Le message de leur musique qui est un cri d’alerte aux jeunes, dérange quelque peu mais enflamme les foules par sa puissance évocatrice. Encore habitée par cette recontre et ce documentaire, présenté hors compétition au FIFO, Cécile Tessier-Gendreau nous en parle avec passion.
Racontez nous votre rencontre avec ce groupe désormais connu dans toute la Polynésie française…
La première fois qe j’ai vu Poiti, l’auteur-compositeur et chanteur du groupe, il m’a paru complétement habité par sa culture. En fait, Poiti est un être touché par la grâce, il est sur terre car il a un message à diffuser, un combat à mener. Les autres musiciens sont là pour l’accompagner et l’aider à mettre en forme son message. Poiti est connu aux Marquises car c’est une force vivante. Il a dû se battre toute sa vie contre une maladie. C’est donc évident que ce soit lui et son groupe qui portent le film.
Vous vous êtes donc servie de leur musique pour poser le problème de la jeunesse polynésienne tiraillée entre tradition et modernité ?
Oui car leur musique est un cri d’alerte, les Takanini leur disent : « Prenons nous en charge ! Il faut arrêter de chercher les coupables, il faut désormais chercher à reconstruire ». Au délà de la dénonciation, les Takanini ont une vision constructive de l’avenir. Ce qui m’a d’ailleurs tout de suite séduit chez eux, c’est leur discours avant gardiste. Aujourd’hui, en métropole ou en Europe, on parle de décroissance, d’un retour aux valeurs simples. Ce discours, les Takanini l’ont toujours prôné. Je suis aussi admirative de leur combat vers ce retour à la terre, au faapu (le jardin potager), alors que la majorité des jeunes aspire à une société de consommation. Mais attention, Takanini n’est pas dans un engagement politique mais humain.
Avez vous senti parfois comme une barrière entre vos deux cultures ?
Pas une barrière, je dirai plutôt que l’on ressent très vite la différence de nos culture. On le sent beaucoup à travers la langue, celle tahitienne se structure en métaphore. Toute la difficulté de ce documentaire a d’ailleurs été dans le montage car c’était la premier fois que je montais un film dans lequel je ne maîtrisais pas toujours la langue. Pour les chansons du groupe, j’ai demandé une traduction littérale. Parfois, il était impossible de la laisser telle quelle car cela aurait été incompréhensible aux yeux des Européens. Je devais donc nuancer la phrase traduite sans en perdre le sens ni la profondeur. C’est à ce moment-là que j’ai compris toute la difficulté des Polynésiens qui, pour 42 % d’entre eux, ne maitrisent ni leur langue maternelle ni le français. Comment faire pour bien grandir lorsque l’on ne maîtrise pas la langue ?
Vous n’avez pas cherché à creuser l’aspect historique de la culture polynésienne, pourquoi ?
Je me suis évidemment beaucoup documenté mais j’ai toujours privilégié les reportages de société aux films historiques, même si cela reste très bien. Je pense qu’il faut parler de ce qui se passe maintenant, le présent est important. Un film ne réparera pas le passé, par contre, il peut contribuer à nous faire réfléchir sur l’avenir.
Racontez nous votre rencontre avec ce groupe désormais connu dans toute la Polynésie française…
La première fois qe j’ai vu Poiti, l’auteur-compositeur et chanteur du groupe, il m’a paru complétement habité par sa culture. En fait, Poiti est un être touché par la grâce, il est sur terre car il a un message à diffuser, un combat à mener. Les autres musiciens sont là pour l’accompagner et l’aider à mettre en forme son message. Poiti est connu aux Marquises car c’est une force vivante. Il a dû se battre toute sa vie contre une maladie. C’est donc évident que ce soit lui et son groupe qui portent le film.
Vous vous êtes donc servie de leur musique pour poser le problème de la jeunesse polynésienne tiraillée entre tradition et modernité ?
Oui car leur musique est un cri d’alerte, les Takanini leur disent : « Prenons nous en charge ! Il faut arrêter de chercher les coupables, il faut désormais chercher à reconstruire ». Au délà de la dénonciation, les Takanini ont une vision constructive de l’avenir. Ce qui m’a d’ailleurs tout de suite séduit chez eux, c’est leur discours avant gardiste. Aujourd’hui, en métropole ou en Europe, on parle de décroissance, d’un retour aux valeurs simples. Ce discours, les Takanini l’ont toujours prôné. Je suis aussi admirative de leur combat vers ce retour à la terre, au faapu (le jardin potager), alors que la majorité des jeunes aspire à une société de consommation. Mais attention, Takanini n’est pas dans un engagement politique mais humain.
Avez vous senti parfois comme une barrière entre vos deux cultures ?
Pas une barrière, je dirai plutôt que l’on ressent très vite la différence de nos culture. On le sent beaucoup à travers la langue, celle tahitienne se structure en métaphore. Toute la difficulté de ce documentaire a d’ailleurs été dans le montage car c’était la premier fois que je montais un film dans lequel je ne maîtrisais pas toujours la langue. Pour les chansons du groupe, j’ai demandé une traduction littérale. Parfois, il était impossible de la laisser telle quelle car cela aurait été incompréhensible aux yeux des Européens. Je devais donc nuancer la phrase traduite sans en perdre le sens ni la profondeur. C’est à ce moment-là que j’ai compris toute la difficulté des Polynésiens qui, pour 42 % d’entre eux, ne maitrisent ni leur langue maternelle ni le français. Comment faire pour bien grandir lorsque l’on ne maîtrise pas la langue ?
Vous n’avez pas cherché à creuser l’aspect historique de la culture polynésienne, pourquoi ?
Je me suis évidemment beaucoup documenté mais j’ai toujours privilégié les reportages de société aux films historiques, même si cela reste très bien. Je pense qu’il faut parler de ce qui se passe maintenant, le présent est important. Un film ne réparera pas le passé, par contre, il peut contribuer à nous faire réfléchir sur l’avenir.
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