Un mot pour décrire ce documentaire bien fourni sur la situation des Kanak face au Nickel: Sacrifice, mais un sacrifice assumé par la population qui réclame l’exploitation du massif du Koniambo à son profit. Aujourd’hui, le pays est actionnaire à 51% de cette usine, avec cette exigence de préserver l’environnement des alentours et notamment le cœur de Voh, qui a rendu célèbre Yann Arthus Bertrand. Les richesses ne sont donc plus bradées mais valorisées. Un défi pour la Nouvelle Calédonie, qui souhaite maîtriser cette richesse économique et culturelle pour développer un jour une vraie Nation reconnue dans toute sa souveraineté. Rencontre avec Anne Pitoiset, une habituée du FIFO et réalisatrice de ce documentaire.
FIFO : La Nouvelle Calédonie a été divisée en 3. En 5 ans une des plus grande usine de métallurgie a été édifiée, véritable symbole de l’indépendance Kanak. Vont-ils réussir à maitriser ces outils et avec quels moyens ?
Anne Pitoiset : En effet en Calédonie il y a 3 provinces et celle du nord a décidé depuis les événements d’Ouvéa de se prendre en mains et d’exploiter le Nickel. Ils ont déposé les armes pour l’indépendance en se disant qu’ils allaient la gagner par l’économie. Tjibaou disait : « On ne veut pas être les mendiants de l’Histoire ». Alors vont-ils réussir ? Ils en ont les moyens car ils ont un des massifs les plus fournis au monde. Ils sont majoritaires dans le capital de la société ce qui est une première mondiale. La question qui est soulignée dans le film c’est : Est ce que les multinationales ne vont pas être plus fortes qu’eux ? Les Kanak peuvent ils s’imposer dans la mondialisation ?
FIFO : Quels sont les conséquences environnementales de l’extraction du nickel pour cette baie de Koniambo?
Anne Pitoiset : Extraire du nickel c’est gratter la montagne jusqu’à ce qu’on arrive à la roche donc c’est assez désastreux. Avant on jetait les roches dans les rivières directement, ça polluait tout. Maintenant on fait des bassins versants pour retenir les eaux, on fait beaucoup de replantations. Il y a énormément de moyens qui sont mis à leur disposition. Mais il faut savoir que le maquis minier met 25 à 30 ans avant de repousser, on ne va pas avoir grand-chose avant ça.
FIFO : Une usine, une ville, un pays ! La tradition, la coutume y survivront-elles ?
Anne Pitoiset : C’est toute la problématique, car le grand défi des Kanak, c’est de garder leurs traditions. Je pense que ça va être difficile, car la tradition est communautaire et le salariat est individualiste. Nous sommes aujourd’hui dans une culture de performances et la tradition va en être profondément transformée. On le voit bien autrefois, ils s’échangeaient des ignames, des manu qui sont des étoffes, et aujourd’hui ça se chiffre en CFP. Pendant que les Kanak vont travailler à l’usine, ils n’ont plus le temps de cultiver et doivent acheter. Il y a donc une monétisation de la société difficilement compatible avec la coutume mais certains y arriveront sans doute...
FIFO : Pourquoi les Français n’ont-ils pas voulu travailler avec les Kanak à l’époque ? A la place c’est un proche de Jean-Marie Tjibaou, André Dang président de la société SMSP aujourd’hui qui a trouvé des financiers étrangers.
Anne Pitoiset : Le groupe français de l’époque qui était présent a fait ce qu’on appelle une erreur stratégique, car il ne croyait pas que les Kanak étaient capables de maîtriser ces outils. C’est une conséquence des conflits d’intérêts de l’époque avec les Caldoches.
FIFO : Aujourd’hui la Nouvelle Calédonie passe un cap décisif avec la société Xtrata qui commence en effet à commercialiser l’exploitation ?
Anne Pitoiset : Oui on rentre en 2014 dans une montée en puissance : ils commencent à commercialiser les premières tonnes de nickel jusqu’à l’année prochaine où ils pourront vendre 60 000 tonnes. Il va y avoir 3 usines de productions maintenant et mettons dans 2 ans environs, la Nouvelle Calédonie sera le 2ème producteur mondial de nickel. Ce qu’on peut dire c’est que les Kanak ne se sont pas arrêtés à cette usine avec la société XTRATA, ils ont construit une autre usine en Corée du sud. Ils se sont associé avec le 2ème aciériste mondial avec toujours un accord à 51 %. Ils servent aujourd’hui d’exemple aux pays africains mais aussi océaniens.
FIFO : Cette richesse minière n’est pas inépuisable, comment vont-ils faire ensuite ?
Anne Pitoiset : On estime à une centaine d’années le délai d’exploitation de ces ressources. L’idée est de gagner beaucoup d’argent pour pouvoir réinvestir dans le tourisme, l’agriculture… C’est un pari risqué.
FIFO : La Nouvelle Calédonie a été divisée en 3. En 5 ans une des plus grande usine de métallurgie a été édifiée, véritable symbole de l’indépendance Kanak. Vont-ils réussir à maitriser ces outils et avec quels moyens ?
Anne Pitoiset : En effet en Calédonie il y a 3 provinces et celle du nord a décidé depuis les événements d’Ouvéa de se prendre en mains et d’exploiter le Nickel. Ils ont déposé les armes pour l’indépendance en se disant qu’ils allaient la gagner par l’économie. Tjibaou disait : « On ne veut pas être les mendiants de l’Histoire ». Alors vont-ils réussir ? Ils en ont les moyens car ils ont un des massifs les plus fournis au monde. Ils sont majoritaires dans le capital de la société ce qui est une première mondiale. La question qui est soulignée dans le film c’est : Est ce que les multinationales ne vont pas être plus fortes qu’eux ? Les Kanak peuvent ils s’imposer dans la mondialisation ?
FIFO : Quels sont les conséquences environnementales de l’extraction du nickel pour cette baie de Koniambo?
Anne Pitoiset : Extraire du nickel c’est gratter la montagne jusqu’à ce qu’on arrive à la roche donc c’est assez désastreux. Avant on jetait les roches dans les rivières directement, ça polluait tout. Maintenant on fait des bassins versants pour retenir les eaux, on fait beaucoup de replantations. Il y a énormément de moyens qui sont mis à leur disposition. Mais il faut savoir que le maquis minier met 25 à 30 ans avant de repousser, on ne va pas avoir grand-chose avant ça.
FIFO : Une usine, une ville, un pays ! La tradition, la coutume y survivront-elles ?
Anne Pitoiset : C’est toute la problématique, car le grand défi des Kanak, c’est de garder leurs traditions. Je pense que ça va être difficile, car la tradition est communautaire et le salariat est individualiste. Nous sommes aujourd’hui dans une culture de performances et la tradition va en être profondément transformée. On le voit bien autrefois, ils s’échangeaient des ignames, des manu qui sont des étoffes, et aujourd’hui ça se chiffre en CFP. Pendant que les Kanak vont travailler à l’usine, ils n’ont plus le temps de cultiver et doivent acheter. Il y a donc une monétisation de la société difficilement compatible avec la coutume mais certains y arriveront sans doute...
FIFO : Pourquoi les Français n’ont-ils pas voulu travailler avec les Kanak à l’époque ? A la place c’est un proche de Jean-Marie Tjibaou, André Dang président de la société SMSP aujourd’hui qui a trouvé des financiers étrangers.
Anne Pitoiset : Le groupe français de l’époque qui était présent a fait ce qu’on appelle une erreur stratégique, car il ne croyait pas que les Kanak étaient capables de maîtriser ces outils. C’est une conséquence des conflits d’intérêts de l’époque avec les Caldoches.
FIFO : Aujourd’hui la Nouvelle Calédonie passe un cap décisif avec la société Xtrata qui commence en effet à commercialiser l’exploitation ?
Anne Pitoiset : Oui on rentre en 2014 dans une montée en puissance : ils commencent à commercialiser les premières tonnes de nickel jusqu’à l’année prochaine où ils pourront vendre 60 000 tonnes. Il va y avoir 3 usines de productions maintenant et mettons dans 2 ans environs, la Nouvelle Calédonie sera le 2ème producteur mondial de nickel. Ce qu’on peut dire c’est que les Kanak ne se sont pas arrêtés à cette usine avec la société XTRATA, ils ont construit une autre usine en Corée du sud. Ils se sont associé avec le 2ème aciériste mondial avec toujours un accord à 51 %. Ils servent aujourd’hui d’exemple aux pays africains mais aussi océaniens.
FIFO : Cette richesse minière n’est pas inépuisable, comment vont-ils faire ensuite ?
Anne Pitoiset : On estime à une centaine d’années le délai d’exploitation de ces ressources. L’idée est de gagner beaucoup d’argent pour pouvoir réinvestir dans le tourisme, l’agriculture… C’est un pari risqué.
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