PAPEETE, lundi 23 septembre 2013. 1988, 1999 et 2009 ce sont les dates des trois grandes enquêtes menées en Polynésie sur la consommation de drogue. Une tous les dix ans. La dernière effectuée en 2009 et publiée en 2011 a montré une progression de la consommation des drogues, particulièrement chez les jeunes. 29% des jeunes scolarisés au second degré (6e à la terminale) ont déjà consommé au moins une fois de la drogue, le plus généralement du pakalolo, le cannabis local. Quasiment un enfant sur trois qui entre au collège fumera au moins une fois un joint avant de quitter le lycée. Quand il ne s’agit que d’une consommation épisodique à l’occasion de soirées, ce n’est pas si grave.
Mais pour 4% de ces jeunes, la consommation de drogue est régulière : au moins deux à trois fois par semaine et surtout s’associe à d’autres conduites addictives, le plus souvent l’alcool et le tabac. La dépendance est alors importante, le changement de comportement de ces jeunes évident entraînant l’absentéisme scolaire voire la déscolarisation totale. Le ministre de l’éducation du Pays évoquait en 2011 environ 600 mineurs déscolarisés en Polynésie. Un phénomène suffisamment important, même s’il reste moindre que dans certaines régions urbaines françaises, pour qu’une convention de partenariat soit envisagée en août 2012 entre justice, police, gendarmerie et le système éducatif pour lutter contre le décrochage scolaire et les comportements déviants en milieu scolaire. La convention en question, du fait du renouvellement politique, est pour l’instant toujours en gestation.
Ce qui inquiète en Polynésie c'est l’aggravation de la consommation de drogue au cours des dix dernières années (ce qui est récurrent partout dans le monde) et surtout sur la jeunesse des consommateurs réguliers. Un consommateur sur trois a commencé à fumer du pakalolo avant l’âge de 14 ans. Au Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie (CCSAT) qui dépend de la direction de la santé à Papeete on remarque que pour certains des patients qui viennent en consultation au Centre, l’âge de la première bouffée de paka se situait à 6 ou 7 ans, au tout début de l’école primaire ! Bien sûr, ils ne sont pas alors des consommateurs réguliers, mais avec l’âge et l’augmentation de la consommation, vient la dépendance, d’autant qu’elle s’accompagne le plus souvent d’une poly consommation de divers produits illicites.
Il ressort également de la dernière enquête réalisée en 2009 que «par rapport à la métropole, à 15 ans, les niveaux de consommation et d’usages à risque de paka apparaissent supérieurs en Polynésie». La banalisation de l’usage de paka est aussi une nouvelle donnée selon le docteur Marie-Françoise Brugiroux, chef de service du CCSAT depuis 1987. Autre réalité vécue au quotidien par le Centre : les jeunes qui deviennent dépendants le sont en raison de problèmes de personnalité ou de leur contexte personnel. «La consommation régulière d’un produit quel qu’il soit s’explique toujours par une souffrance» détaille encore Marie-Françoise Brugiroux. Ce qui inciterait à poser le problème de la drogue d’un point de vue plus général. Faire des campagnes de communication contre les drogues est une chose, une prochaine campagne du Pays est prévue courant 2014, mais si rien n’est fait pour remédier au mal être des jeunes qui consomment, cela ne sera toujours pas significatif pour lutter contre ce fléau.
Pour lire l'enquête publiée en 2011 au complet, suivre le lien ICI
Mais pour 4% de ces jeunes, la consommation de drogue est régulière : au moins deux à trois fois par semaine et surtout s’associe à d’autres conduites addictives, le plus souvent l’alcool et le tabac. La dépendance est alors importante, le changement de comportement de ces jeunes évident entraînant l’absentéisme scolaire voire la déscolarisation totale. Le ministre de l’éducation du Pays évoquait en 2011 environ 600 mineurs déscolarisés en Polynésie. Un phénomène suffisamment important, même s’il reste moindre que dans certaines régions urbaines françaises, pour qu’une convention de partenariat soit envisagée en août 2012 entre justice, police, gendarmerie et le système éducatif pour lutter contre le décrochage scolaire et les comportements déviants en milieu scolaire. La convention en question, du fait du renouvellement politique, est pour l’instant toujours en gestation.
Ce qui inquiète en Polynésie c'est l’aggravation de la consommation de drogue au cours des dix dernières années (ce qui est récurrent partout dans le monde) et surtout sur la jeunesse des consommateurs réguliers. Un consommateur sur trois a commencé à fumer du pakalolo avant l’âge de 14 ans. Au Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie (CCSAT) qui dépend de la direction de la santé à Papeete on remarque que pour certains des patients qui viennent en consultation au Centre, l’âge de la première bouffée de paka se situait à 6 ou 7 ans, au tout début de l’école primaire ! Bien sûr, ils ne sont pas alors des consommateurs réguliers, mais avec l’âge et l’augmentation de la consommation, vient la dépendance, d’autant qu’elle s’accompagne le plus souvent d’une poly consommation de divers produits illicites.
Il ressort également de la dernière enquête réalisée en 2009 que «par rapport à la métropole, à 15 ans, les niveaux de consommation et d’usages à risque de paka apparaissent supérieurs en Polynésie». La banalisation de l’usage de paka est aussi une nouvelle donnée selon le docteur Marie-Françoise Brugiroux, chef de service du CCSAT depuis 1987. Autre réalité vécue au quotidien par le Centre : les jeunes qui deviennent dépendants le sont en raison de problèmes de personnalité ou de leur contexte personnel. «La consommation régulière d’un produit quel qu’il soit s’explique toujours par une souffrance» détaille encore Marie-Françoise Brugiroux. Ce qui inciterait à poser le problème de la drogue d’un point de vue plus général. Faire des campagnes de communication contre les drogues est une chose, une prochaine campagne du Pays est prévue courant 2014, mais si rien n’est fait pour remédier au mal être des jeunes qui consomment, cela ne sera toujours pas significatif pour lutter contre ce fléau.
Pour lire l'enquête publiée en 2011 au complet, suivre le lien ICI
1400 toxicomanes suivis par le CCSAT
Le Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie (CCSAT) a ouvert ses portes en Polynésie en 1984. Le Centre a suivi en 2012 pas moins de 1404 personnes pour des problèmes de toxicomanie, un nombre de «patients» important au vu de la taille du territoire concerné. En 2012, 40% des patients pris en charge par le Centre avaient moins de 20 ans (87% étaient adressés par leur établissement scolaire, 9% par la justice).
Le Centre est situé rue des Poilus Tahitiens à Papeete (en face de l'imprimerie Officielle). L’accueil du public se fait du lundi au jeudi de 7h30 à 15h30, le vendredi de 7h30 à 14h30. L’équipe est composée de deux médecins, trois psychologues cliniciennes, deux infirmiers et une secrétaire et assure chaque semaine plusieurs sessions d'information ou de consultations au sein des collèges et lycées de Tahiti et Moorea. Une prévention ou une action directement dans les établissements scolaires, relayées par les infirmières scolaires, qui porte ses fruits après 25 ans de travail sur le terrain.
Contacts du CCSAT
Téléphone : 46 00 67. Site Internet (qui doit être réactualisé prochainement) : www.drogue-polynesie.com/
Le Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie (CCSAT) a ouvert ses portes en Polynésie en 1984. Le Centre a suivi en 2012 pas moins de 1404 personnes pour des problèmes de toxicomanie, un nombre de «patients» important au vu de la taille du territoire concerné. En 2012, 40% des patients pris en charge par le Centre avaient moins de 20 ans (87% étaient adressés par leur établissement scolaire, 9% par la justice).
Le Centre est situé rue des Poilus Tahitiens à Papeete (en face de l'imprimerie Officielle). L’accueil du public se fait du lundi au jeudi de 7h30 à 15h30, le vendredi de 7h30 à 14h30. L’équipe est composée de deux médecins, trois psychologues cliniciennes, deux infirmiers et une secrétaire et assure chaque semaine plusieurs sessions d'information ou de consultations au sein des collèges et lycées de Tahiti et Moorea. Une prévention ou une action directement dans les établissements scolaires, relayées par les infirmières scolaires, qui porte ses fruits après 25 ans de travail sur le terrain.
Contacts du CCSAT
Téléphone : 46 00 67. Site Internet (qui doit être réactualisé prochainement) : www.drogue-polynesie.com/
L'association Vivre sans drogue reçue à l’Assemblée
L’association Vivre sans Drogue est allée il ya peu à la rencontre des élus de l’assemblée de Polynésie française via la commission santé de l’institution. «Nous avions invité les 57 représentants à parler des problèmes de la jeunesse et de la drogue et de notre demande de mettre en place des tests salivaires dans les établissements scolaires pour vraiment mesurer le problème. Seuls dix d’entre eux étaient présents, essentiellement des femmes» note avec un peu d’amertume la présidente de l’association Jacqueline Liénard. Mais la présidente de la commission santé de l’assemblée, Sylvana Puhetini s’est déclarée ouverte à ces questions «en tant que mère et en tant qu’infirmière». Elle souhaite ainsi poser une question au gouvernement à ce sujet «pour ouvrir le débat. Il y a une vraie inquiétude sur les problèmes de toxicomanie. C’est vrai dans les établissements scolaires et aussi dans le milieu du travail» remarque l’élue.
L’association Vivre sans Drogue est allée il ya peu à la rencontre des élus de l’assemblée de Polynésie française via la commission santé de l’institution. «Nous avions invité les 57 représentants à parler des problèmes de la jeunesse et de la drogue et de notre demande de mettre en place des tests salivaires dans les établissements scolaires pour vraiment mesurer le problème. Seuls dix d’entre eux étaient présents, essentiellement des femmes» note avec un peu d’amertume la présidente de l’association Jacqueline Liénard. Mais la présidente de la commission santé de l’assemblée, Sylvana Puhetini s’est déclarée ouverte à ces questions «en tant que mère et en tant qu’infirmière». Elle souhaite ainsi poser une question au gouvernement à ce sujet «pour ouvrir le débat. Il y a une vraie inquiétude sur les problèmes de toxicomanie. C’est vrai dans les établissements scolaires et aussi dans le milieu du travail» remarque l’élue.
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