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Le braqueur de la BP sera libéré dans les prochains mois

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Le braqueur de la BP sera libéré dans les prochains mois
PAPEETE, vendredi 13 septembre 2013. Maoke Tuahine, 34 ans, qui avait commis un vol à main armée à l’agence de Pirae de la Banque de Polynésie le 4 janvier 2012, a été condamné ce vendredi en début d’après-midi par la cour d’assises à cinq ans de prison dont un an avec sursis avec mise à l’épreuve durant trois ans. Compte tenu du fait qu’il a déjà effectué en préventive quasiment la moitié de sa peine, l’ex chanteur du groupe Marurao pourra sans doute bénéficier d’une liberté conditionnelle dans quelques mois. Dans le camp de Maoke Tuahine c’est le soulagement : après l’angoisse de ces deux jours d’audience et la menace d’une possible lourde peine criminelle (qui pouvait aller jusqu’à 20 ans de prison), les sourires reprennent le dessus. Avant que le condamné ne regagne sa cellule de Nuutania, ce sont de longues embrassades avec les membres de la famille et les amis venus le soutenir. «C’est un jugement équilibré à la fois pour la société et les parties civiles qui tient compte des paramètres de cette affaire. Dans quelques mois il pourra être dehors. Il nous faut travailler maintenant sur un projet de vie, c’est un nouveau combat. En tout cas, cette affaire démontre jusqu’à quelle déchéance la toxicomanie peut conduire» explique Me James Lau qui assurait la défense de l’accusé à la sortie du procès.

L’addiction de Maoke Tuahine aux stupéfiants et particulièrement à l’ice a été au centre de ce procès. C’est parce qu’il se droguait à l’ice de façon soutenue dès la fin de l’année 2009 que Maoke se retrouve impliqué dans une affaire de stupéfiants pour détention, recel et usage en 2010 et qu’il fait un premier séjour d’un mois en prison. C’est parce qu’il consomme de l’ice outrageusement et que son comportement devient agressif qu’il se fait expulser de Maruroa. Le groupe polynésien avait pourtant obtenu la consécration d’être invité en juillet 2010 au festival de jazz de Montreux mais Maoke, le chanteur, le leader du groupe se révèle ingérable et passablement violent. Privé de musique, englué dans son addiction, lâché par ses compagnes qui ne le supportent plus, il devient dépressif, suicidaire, perd son travail de cuisinier… et le 4 janvier 2012, à court d’argent et en manque de drogue, il passe à l’acte et va se servir dans la caisse de son agence bancaire de Pirae.

Pour l’avocat de la défense, ce vol à main armée est un acte suicidaire. «Il savait très bien qu’il allait être pris. Son but c’était de s’éclater à fond. La quantité de drogue qu’il ingurgite alors est telle qu’elle ne pouvait tendre que vers une issue fatale. Ce braquage c’était pour en finir» précise Me Lau. Le procès a mis en lumière une plaie profonde de l’enfance. Maoke Tuahine a admis avoir subi des abus sexuels commis durant environ une année alors qu’il n’était âgé que de 12 ans de la part d’une connaissance de la famille, une sorte de cousin guère plus âgé que lui. Il n’en avait parlé jusque-là qu’à son épouse, puis à la psychologue du centre de détention. C’est à ce moment-là, alors qu’il n’a que 13 ans qu’il devient consommateur régulier de drogue. Au départ du paka, puis des stupéfiants aux effets nettement plus ravageurs. Depuis quasiment deux ans en prison, il a pris la mesure de cette addiction et des conséquences à payer. «Avec l’ice il n’y a que trois issues : l’hôpital, la prison ou la morgue. Je suis déjà passé par les deux premiers, je ne veux pas de la 3e solution» explique Maoke Tuahine qui veut montrer à la cour d’assises que sa rédemption est possible.

Dans son réquisitoire, l’avocat général avait réclamé six ans de détention criminelle et demandé aux jurés de ne pas se laisser attendrir par les soucis existentiels de l’accusé. «Mais qu’est-ce qu’il veut de plus M. Tuahine ? C’est la première fois que nous avons en face de nous dans un procès aux assises quelqu’un qui a été très entouré, qui l’est toujours d’ailleurs. Il ne faut quand même pas oublier ses 16 secondes du braquage, du choc que cela peut causer à la guichetière de la banque, car ce n’est pas un vol commun. Bien sûr qu’elle se sent menacé par cet homme qui saute sur le comptoir avec un couteau à la main et réclame l’argent. Et on voudrait nous faire croire qu’il n’y a pas eu de violence» ? interroge Jacques Lefort. Il s'étonne également de la présence dans la salle d'audience, tout au long des deux jours du procès, de celui qui a fourni l'ice à Maoke durant ses deux jours de cavale après le braquage. "Il est là, il nous écoute justement, alors qu'il était le receleur du produit de ce vol avec arme".

A la lecture du verdict, Pierre Moyer le président de la cour d’assises prévient le condamné : «vous allez sortir de prison et vous serez ensuite suivi pendant trois ans. Si jamais vous recommencez il n’y aura que de la prison ferme et pour de longues années. A vous de savoir si vous voulez vous en sortir». Au-delà des peines de prison prononcées, Maoke Tuahine devra également payer à la Banque de Polynésie la somme de 1,029 million de Fcfp qui avait été dérobée assortie des intérêts et également 500 000 Fcfp à la guichetière visée lors du braquage pour le préjudice moral et personnel qu’elle a subi. Il devra encore payer un total de 400 000 Fcfp pour les frais de justice engagés par les deux parties civiles de ce procès.

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