
PAPEETE, le 14 décembre: Jack neuf Huit est auteur-narrateur. Sous la forme d'une fiction, il décrit non sans une touche d'humour, la gestion de la crise du Chikungunya en Polynésie . Un récit qu'il nous offre de partager en précisant toutefois que "Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite." :
"... Le responsable de la cellule de crise entra dans la salle climatisée.
En cette veille des vacances de Noël, cette dernière réunion était cruciale.
Depuis le patient Alpha et la découverte de 2 cas supplémentaires avérés de chikungunya sur nos archipels à la douce chaleur tropicale, on l'avait nommé directeur de " Trouver la solution. "
Une cellule de crise avait été mise en place pour endiguer au mieux une éventuelle épidémie.
La première chose à faire avait été aussi de trouver les consultants susceptibles de proposer des solutions adaptées à nos îles.
Quelques experts invités de l'étranger avaient rendu un audit clair et précis, mais localement nous allions trouver la solution.
Le comité de "lutte contre l'épidémie susceptible d'être imminente" fut rapidement mis en place. Celui-ci conseilla la fumigation par épandage globale des archipels par intervalle de 7 à 9 jours sur 3 pulvérisations.
Associé aux nettoyages des gîtes, il devenait envisageable de réduire le phénomène.
Ce protocole appliqué à d'autre pays avait produit de bons résultats.
Mais les moyens à mettre en œuvre s'avéraient beaucoup trop coûteux. Les risques d'intoxications existaient également auprès de la population et du personnel non formé. Le stock de produits nécessaire beaucoup trop long à faire venir.
Les communes avaient tout de même pris l'initiative de quelques fumigations isolées.
Les possibles conséquences dramatiques sur les abeilles avaient tôt fait d'empêcher toutes pulvérisations sans un accord préalable du syndicat des apiculteurs.
Un Syndicat en cours de création et aux statuts qui n'avaient pas encore tout à fait été définis.
Le syndicats n'avait évidemment approuvé aucune des pulvérisations.
Un projet de grande ampleur avait été émis. Pouvoir mettre l'île sous un dôme géant confectionné en tissu moustiquaire. Des grands travaux qui devraient intéresser quelques investisseurs étrangers et relancer l'économie du pays. Le dossier serait à étudier.
Un prototype de collection de vêtements de protection avait été aussi présenté lors d'une des précédentes réunions. Quelques élégants mannequins avaient défilés.
Dans un lin clair très léger, avec une capuche et son voile de moustiquaire devant les yeux. Le curieux mélange de tenue d'apiculteur et de capuche à tissu moustiquaire n'était pas sans rappeler certaines tenues religieuses. Bien que de belle qualité la collection et le projet de distribution à grande échelle n'avait pas retenu l'attention.
Les professionnels de la santé avaient aussi tiré la sonnette d'alarme dés le départ de la fameuse course inter-îles de pirogues.
Le virus risquait de se propager encore plus rapidement, mais le fait est qu'ils ne faisaient pas partie des consultants.
Il fallait désormais qu'ils se concentrent sur les cas passés de quelques dizaines à 27.000 référencés en peu de temps.
Sachant qu'un patient sur trois prenant le temps d'aller consulter, on ne devait plus être loin des 90.000 cas aujourd'hui.
L'une des autres mesures radicales fût enfin d'imposer un prix minimum pour le répulsif anti- moustiques.
Ainsi chacun pourrait accéder à moindre frais à la protection.
Il faudrait un peu de temps aux fournisseurs pour modifier leurs références et la rupture de stock de la plupart des produits allait grandement leur faciliter la mise à jours des grilles tarifaires.
C'est ainsi que d'ici quelques semaines chacun pourrait bénéficier des avantages d'une protection avec un tarif à la baisse.
Le comité de "lutte contre l'épidémie susceptible d'être imminente" était ce matin presque au complet.
Plus de la moitié des responsables des différents services concernés avaient déjà été contaminée par le virus. Quelques-uns boitillaient encore un peu, les absents devaient grelotter sous leur couverture entre 39 et 40 de fièvre sans pouvoir poser les pieds par terre.
L'ultimatum du directeur de "trouver la solution" tombait aujourd'hui.
Le responsable, qui venait de saluer le comité, s'avança doucement et s'asseyait avec difficulté.
Il avait fait de gros effort pour venir à la réunion de ce matin.
Bien que sous haute protection lui aussi avait enfin contracté la maladie due au virus. L'impression de ressentir toutes ses petites douleurs latentes amplifiées puissance dix depuis 48 heures n'était pas des plus agréables. Mais la rémission était en route et dans quelques jours à part les effets de rechute, il se sentirait beaucoup mieux.
Il prit solennellement la parole.
"Tout d'abord, je vous remercie de votre soutien, merci aux souffrants d'être présents, j'envoie aussi mes vœux de rétablissement à ceux qui souffrent encore. Je tenais à féliciter chacun d'entre vous d'avoir pris à cœur de trouver la solution.
Eh bien, c'est avec satisfaction, que je vous annonce et ce n'est pas la première fois que nous gérons la crise !
Nous avons tous, une fois de plus fait un excellent travail, au vu des chiffres encore très officieux, 90 % de la population devrait finalement être totalement immunisée contre le virus courant premier trimestre de l'année à venir.
Cette formidable idée de tout faire pour propager le virus le plus rapidement possible et ainsi immuniser chacun n'aurait jamais été possible sans la participation de tous. Je remercie aussi la population pour sa mobilisation sans faille, de s'être rendu au plus vite dans les hôpitaux, salles d'attentes de médecin, pharmacies et l'élan de solidarité dont elle a fait preuve en partageant le virus. On m'a même rapporté que les enfants jouaient à Moustique chikungunya dans les cours de maternelles, un genre de c'est toi le loup remplacé par le moustique qui pique.
Je sais que ce soir nombre d'entre nous seront en vacances alors il est temps de fermer ce dossier, de proposer un toast en ces périodes de fêtes de fin d'année et vous renouvelle mes vœux de belle santé pour cette nouvelle année."
Jack Neuf Huit
Auteur
"... Le responsable de la cellule de crise entra dans la salle climatisée.
En cette veille des vacances de Noël, cette dernière réunion était cruciale.
Depuis le patient Alpha et la découverte de 2 cas supplémentaires avérés de chikungunya sur nos archipels à la douce chaleur tropicale, on l'avait nommé directeur de " Trouver la solution. "
Une cellule de crise avait été mise en place pour endiguer au mieux une éventuelle épidémie.
La première chose à faire avait été aussi de trouver les consultants susceptibles de proposer des solutions adaptées à nos îles.
Quelques experts invités de l'étranger avaient rendu un audit clair et précis, mais localement nous allions trouver la solution.
Le comité de "lutte contre l'épidémie susceptible d'être imminente" fut rapidement mis en place. Celui-ci conseilla la fumigation par épandage globale des archipels par intervalle de 7 à 9 jours sur 3 pulvérisations.
Associé aux nettoyages des gîtes, il devenait envisageable de réduire le phénomène.
Ce protocole appliqué à d'autre pays avait produit de bons résultats.
Mais les moyens à mettre en œuvre s'avéraient beaucoup trop coûteux. Les risques d'intoxications existaient également auprès de la population et du personnel non formé. Le stock de produits nécessaire beaucoup trop long à faire venir.
Les communes avaient tout de même pris l'initiative de quelques fumigations isolées.
Les possibles conséquences dramatiques sur les abeilles avaient tôt fait d'empêcher toutes pulvérisations sans un accord préalable du syndicat des apiculteurs.
Un Syndicat en cours de création et aux statuts qui n'avaient pas encore tout à fait été définis.
Le syndicats n'avait évidemment approuvé aucune des pulvérisations.
Un projet de grande ampleur avait été émis. Pouvoir mettre l'île sous un dôme géant confectionné en tissu moustiquaire. Des grands travaux qui devraient intéresser quelques investisseurs étrangers et relancer l'économie du pays. Le dossier serait à étudier.
Un prototype de collection de vêtements de protection avait été aussi présenté lors d'une des précédentes réunions. Quelques élégants mannequins avaient défilés.
Dans un lin clair très léger, avec une capuche et son voile de moustiquaire devant les yeux. Le curieux mélange de tenue d'apiculteur et de capuche à tissu moustiquaire n'était pas sans rappeler certaines tenues religieuses. Bien que de belle qualité la collection et le projet de distribution à grande échelle n'avait pas retenu l'attention.
Les professionnels de la santé avaient aussi tiré la sonnette d'alarme dés le départ de la fameuse course inter-îles de pirogues.
Le virus risquait de se propager encore plus rapidement, mais le fait est qu'ils ne faisaient pas partie des consultants.
Il fallait désormais qu'ils se concentrent sur les cas passés de quelques dizaines à 27.000 référencés en peu de temps.
Sachant qu'un patient sur trois prenant le temps d'aller consulter, on ne devait plus être loin des 90.000 cas aujourd'hui.
L'une des autres mesures radicales fût enfin d'imposer un prix minimum pour le répulsif anti- moustiques.
Ainsi chacun pourrait accéder à moindre frais à la protection.
Il faudrait un peu de temps aux fournisseurs pour modifier leurs références et la rupture de stock de la plupart des produits allait grandement leur faciliter la mise à jours des grilles tarifaires.
C'est ainsi que d'ici quelques semaines chacun pourrait bénéficier des avantages d'une protection avec un tarif à la baisse.
Le comité de "lutte contre l'épidémie susceptible d'être imminente" était ce matin presque au complet.
Plus de la moitié des responsables des différents services concernés avaient déjà été contaminée par le virus. Quelques-uns boitillaient encore un peu, les absents devaient grelotter sous leur couverture entre 39 et 40 de fièvre sans pouvoir poser les pieds par terre.
L'ultimatum du directeur de "trouver la solution" tombait aujourd'hui.
Le responsable, qui venait de saluer le comité, s'avança doucement et s'asseyait avec difficulté.
Il avait fait de gros effort pour venir à la réunion de ce matin.
Bien que sous haute protection lui aussi avait enfin contracté la maladie due au virus. L'impression de ressentir toutes ses petites douleurs latentes amplifiées puissance dix depuis 48 heures n'était pas des plus agréables. Mais la rémission était en route et dans quelques jours à part les effets de rechute, il se sentirait beaucoup mieux.
Il prit solennellement la parole.
"Tout d'abord, je vous remercie de votre soutien, merci aux souffrants d'être présents, j'envoie aussi mes vœux de rétablissement à ceux qui souffrent encore. Je tenais à féliciter chacun d'entre vous d'avoir pris à cœur de trouver la solution.
Eh bien, c'est avec satisfaction, que je vous annonce et ce n'est pas la première fois que nous gérons la crise !
Nous avons tous, une fois de plus fait un excellent travail, au vu des chiffres encore très officieux, 90 % de la population devrait finalement être totalement immunisée contre le virus courant premier trimestre de l'année à venir.
Cette formidable idée de tout faire pour propager le virus le plus rapidement possible et ainsi immuniser chacun n'aurait jamais été possible sans la participation de tous. Je remercie aussi la population pour sa mobilisation sans faille, de s'être rendu au plus vite dans les hôpitaux, salles d'attentes de médecin, pharmacies et l'élan de solidarité dont elle a fait preuve en partageant le virus. On m'a même rapporté que les enfants jouaient à Moustique chikungunya dans les cours de maternelles, un genre de c'est toi le loup remplacé par le moustique qui pique.
Je sais que ce soir nombre d'entre nous seront en vacances alors il est temps de fermer ce dossier, de proposer un toast en ces périodes de fêtes de fin d'année et vous renouvelle mes vœux de belle santé pour cette nouvelle année."
Jack Neuf Huit
Auteur
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