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Le « Jésus Noir » papou victime de la justice villageoise

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Le « Jésus Noir » papou victime de la justice villageoise
PORT-MORESBY, dimanche 1er septembre 2013 (Flash d’Océanie) – Le corps de Stephen Tari, surnommé « Le Jésus Noir », criminel en cavale depuis mars 2013, a été retrouvé en fin de semaine dernière dans les environs de la ville de Madang, apparemment massacré à coups de machettes, a annoncé la police papoue.
Stephen Tari avait aussi été accusé de s’être livré, ces dernières années, à des actes de cannibalisme mystique sur les corps de ses victimes.
Depuis son évasion, la police avait lancé une vaste chasse à l’homme, qui s’était depuis révélée infructueuse.
Le fugitif a été victime d’une expédition punitive menée par un groupe d’hommes du village de Gal, où une jeune fille venait d’être agressée par Tari et un de ses comparses, a confirmé le Superintendant en Chef Sylvester Kalaut, qui dirige la police de cette province.
Quelques jours auparavant, mi-août 2013, l’assassinat d’une adolescente de 13 ans, dont le corps avait été retrouvé au bord d’une route, dans la même région, avait déjà été attribué à Tari.
Stephen Tari faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine de prisonniers qui s’étaient évadés en masse du quartier de haute sécurité de la prison de Beon (Madang, Est de l’île principale).
Il y purgeait depuis 2010 une peine de 15 ans de prison dans une affaire de culte ayant entraîné des viols et le meurtre d’au moins quatre adolescentes, qui figuraient parmi ses adeptes.
Ce mouvement, qu’il avait créé de toute pièce, comptait, à son apogée, plusieurs milliers de « fidèles », auxquels Tari enseignait que les jeunes filles devaient toutes être ses épouses.


Le 22 juillet 2013, un autre criminel, William Kapris, considéré comme l’ennemi public numéro en Papouasie-Nouvelle-Guinée, était abattu au cours d’un échange de coups de feu avec les forces de l’ordre, dans le petit village de Hisiu (province du centre du pays, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale), où ce dangereux criminel avait trouvé refuge depuis plus de deux mois.
Au cours de ce même échange de coups de feu, un autre dangereux criminel, qui accompagnait Kapris dans sa cavale, Raphael Walimini, a lui aussi été abattu, a précisé la police.
Les deux corps ont ensuite été transférés à l’hôpital de Port-Moresby, pour autopsie, non sans avoir auparavant été exhibés dans les rues de la capitale, par des véhicules de police, tous feux et sirènes dehors, ont constaté les médias sur place.
L’opération ayant conduit à leur mort a impliqué une trentaine d’agents en armes.
Récemment, la police avait fait monter les enchères sur la tête de l’ennemi public numéro un en promettant une récompense de quelque cent mille Kina (environ 32.000 euros) pour quiconque fournirait des informations conduisant à sa capture, mort ou vif.
William Kapris, qui purgeait une peine de trente ans de réclusion, s’était auparavant évadé à plusieurs reprises de quartiers de haute sécurité.
Après la dernière évasion de William Kapris, la police nationale avait été forcée de reconnaître début juillet 2013 qu’elle était désormais convaincue que l’intéressé, criminel endurci, bénéficiait de la protection d’agents des forces de l’ordre, corrompus.
Kapris avait aussi, par le passé, affirmé avoir séduit au moins une gardienne de prison, avec laquelle il aurait eu des relations sexuelles.
Cette dernière, sous le charme, lui aurait ensuite donné accès à du matériel, y compris des armes.
D’autres évasions en masse de dangereux criminels ont aussi eu lieu ces derniers mois dans les quartiers de haute sécurité des prisons de Madang et de Lae.
Depuis, la police a procédé à plusieurs arrestations, y compris de surveillants au sein même de la prison de Bomana, soupçonnés de complicité.

Lors de ses précédentes évasions et subséquentes recaptures, notamment en avril 2010, Kapris avait eu à cœur d’impliquer les plus hautes sphères et d’affirmer que bon nombre des vols à main armées et attaques de banques à son compte, ces dernières années, avaient été « sponsorisées » par de politiques de haut rang.

Triades chinoises et politiques : couvertures en très haut lieu ?

Ces propos avaient été tenus au cours d’interrogatoire avec la police, après sa recapture, et dont une bande vidéo présentée comme une fuite a ensuite été visionnée par les médias locaux, suscitant la colère de la police nationale.
M. Kapris, au cours de cet entretien filmé avec la police, allait plus loin encore en affirmant que les « liens » existaient aussi entre la classe politique papoue et les triades asiatiques, de plus en plus influentes dans ce pays et que son évasion de janvier 2010 aurait bénéficié d’un soutien financier en haut lieu.

Remise en vigueur de la peine de mort

Le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a adopté fin mai 2013 une série d’amendements visant à durcir l’arsenal pénal pour les crimes graves, et en particulier la réactivation effective de la peine de mort.
L’objectif affiché du gouvernement papou et de son Premier ministre Peter O’Neill, en faisant passer ces nouveaux textes, est de lutter contre une vague de crimes graves, dont des exécutions sommaires de personnes accusées d’actes de sorcellerie, ou encore des viols en réunion et des attaques à main armée dans ce pays de plus de sept millions d’habitants.
Pour ces crimes, l’amendement voté par le Parlement papou prévoit désormais la peine de mort, avec comme méthodes d’exécutions un éventail allant de la pendaison à l’électrocution en passant par l’injection létale et même le peloton d’exécution.
Ces derniers mois, plusieurs femmes, accusées de sorcellerie et d’être responsables de la mort inexpliquée de membres de la communauté, ont été exultées publiquement de manière extrajudiciaire, et pour certaines brûlées vives et décapitées.

Vives condamnations internationales

Cette décision a suscité de nombreuses et vives réactions internationales, sous forme de condamnations.
L’ONG Amnesty International, notamment, a rappelé depuis sa conviction selon laquelle la peine capitale est un acte « barbare » et ne serait pas efficace pour dissuader les préparateurs de crimes violents.
« La peine capitale va à l’encontre du droit à la vie, ainsi que de celui à ne pas être soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants », a également affirmé Kate Schuetze, de la branche Océanie d’Amnesty International.
Elle estime par ailleurs que si le gouvernement papou voulait vraiment prendre des mesures efficaces, alors il devrait investir dans la modernisation de son arsenal juridique, de sa police et de son appareil judiciaire.
Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits humains, avant même l’adoption de ces amendements aux lois existantes, dans un pays où la peine de mort n’avait pas été appliquée depuis les années 1950, mais où cette peine n’avait jamais formellement été abrogée, a aussi condamné une mesure qualifiée de « régressive ».

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