TEAHUPO'O, le 21 août 2014. A la veille des Trials Manoa Drollet, le 'free surfeur' de légende, avait contacté Tahiti Infos pour une interview au sujet de son projet de création d'une association constituée de surfeurs et de personnalités du surf local ayant pour but de faire évoluer différents aspects, notamment une meilleure représentativité des surfeurs locaux lors de la compétition internationale qu'est la Billabong Pro Tahiti. Cet article avait suscité un vif intérêt et engendré diverses réactions.
Son projet d'association voudrait traiter également différents points comme le 'localisme' et ses excès ou encore la création d'une caisse pour aider les jeunes surfeurs de talent qui ont fait les compétitions fédérales depuis enfant et qui se retrouvent à l'adolescence sans moyens pour poursuivre une carrière internationale, comme certains juniors que l'on voit actuellement faire de bons résultats mais qui 'galèrent' quelque peu.
Alors que la Billabong Pro est en 'période d'attente' pour la journée, nous en avons profité pour donner un droit de réponse à Philippe Klima par rapport à l'intervention de Manoa. Nous l'avons également interrogé par rapport au déroulement de la compétition et du relationnel avec l'ASP 'nouvelle formule' qui, rappelons-le, a été rachetée courant 2013 par le grand groupe média Américain ZoSea. C'est la première année lors de laquelle la nouvelle ASP prend réellement l'organisation en main, épaulée par la société privée locale TOP présidée par Pascal Luciani, sous l'égide de la fédération tahitienne de surf et des instances territoriales.
Philippe Klima, le président de la fédération tahitienne de surf :
Que penses-tu de cette première année avec l'ASP 'nouvelle formule' ?
« Ils sont très professionnels mais nous cela fait quelques années que l'on travaille là, donc on a acquis de l'expérience. Ils n'ont pas inventé les 'scaff holding', c'est une invention locale. Au début on a eu l'impression qu'il voulaient nous mettre un peu à l'écart et faire tout gérer par des gens de l'ASP et ce n'est pas ce que l'on souhaite. Il faut faire travailler les locaux, que l'ASP apporte son expérience au niveau médiatique, au niveau de l'organisation soit, mais on a aussi du savoir faire ici à Tahiti. »
Il y aura un débriefing après la compet ?
« On va faire un bilan de la compétition pour voir quels sont les points négatifs pour eux avec le staff local, et vice versa, on va donner également nos impressions sur leur façon de se comporter aussi. Après 14 ans, malheureusement, ils ne changeront pas leur mentalité, c'est toujours à nous d'aller vers eux pour dire bonjour, c'est parfois gênant. Bon, il y a des nouveaux maintenant, on fait leur connaissance, on reste positifs. »
Les médias locaux ont eu quelques difficultés et réclamaient un troisième bateau ?
« Entre eux à l'ASP, ils se connaissent, mais nous à la fédé on a eu du mal à savoir qui fait quoi. Il y eu des cafouillages. Il aurait fallu faire une réunion avant pour dire 'ok, lui il s'occupe de ça, on colle un gars de la fédé à côté', on aurait été sur le même son de cloche. Alors quand on nous demande où est le bateau média, c'est difficile à trouver à la dernière minute car il doit être déclaré au service maritime etc... Mais il faut rester positif, c'est la première année, on regarde pour améliorer tous ces petits détails pour l'année prochaine. »
Quel est ta réaction par rapport à l'intervention de Manoa Drollet ?
« C'est dommage qu'il ait fait ça de son côté sans en parler à la fédé pour que l'on puisse travailler ensemble. On a justement besoin de ces gens pour aider les jeunes. Je n'ai pas lu l'article mais j'en ai entendu parler. Les portes de la fédération sont ouvertes pour ces idées provenant d'anciens champions, on est pas éternels. Si des jeunes veulent nos places il n'y a pas de problème. Mais il faut faire le travail correctement. Les règles sont les mêmes pour tout le monde, ce n'est pas parce que tu as été un ancien champion que tout doit être gratuit. Il y a d'autres champions qui eux respectent les règles. »
Et l'idée qu'il y ait une autre entité associative pour mieux négocier éventuellement avec l'ASP, notamment pour avoir plus de Tahitiens dans les Trials et le 'Main Event' ?
« Il ne faut pas oublier qu'au début des Trials avec Billabong, il y avait le format de 64 surfeurs qui étaient ouvert aux locaux et qui n'ont jamais été remplis. Il y avait toujours des places de libres alors qu'il y avait beaucoup d'étrangers qui attendaient 'à la porte' pour pouvoir rentrer. Bien sûr, il y avait les invités Billabong etc... mais le reste c'était les locaux et cela n'a jamais été rempli. Les Trials sont une compétition sur le récif, cela a un coût, avec les bateaux etc...Il y toute une logistique derrière et ce n'est pas gratuit. Et 3-4 jours de Trials, c'est 3-4 jours à payer. C'est comme cela que l'on a baissé à une journée, et même comme ça, cela ne bouscule pas. »
Et l'exemple d'Hawaii où il ont imposé 'par la force' ?
« Pour moi, il faut faire ses preuves avant. Il y a quand même les 34 meilleurs mondiaux qui se battent pour la première place, qui investissent pour faire toutes les étapes pendant l'année alors sauter dedans comme ça, certains ne sont même pas licenciés, ne font pas les compétitions locales, qu'ils montrent déjà qu'ils existent avant de prétendre à entrer comme ça dans le 'main event'. A Hawaii, ils n'ont pas besoin de publicité pour le tourisme, cela 'pleut' chez eux. Nous on a besoin d'étrangers ici pour faire vivre la communauté de Teahupo'o, c'est pour cela que l'on a décidé depuis trois ans de faire moitié-moitié mais avec des pré-trials pour les locaux. »
Tu serais donc contre une association ?
« Je préférerais qu'ils viennent à la fédé pour qu'il n'y ait que deux entités, pour que cela ne parte pas dans tous les sens. C'est mieux de regrouper les forces. Quitte à crée une section qui s'occupe des jeunes, comme celle qui existe déjà avec Tereva David et Hira Teriinatoofa, pourquoi ne pas se joindre à eux. » SB