
Ua Pou, le 22 décembre 2020 - Le changement d'opérateur pour les liaisons marquisiennes de Ua Pou et Ua Huka pris par décision gouvernementale a fait naître du scepticisme au sein de la population qui se plaignait déjà d'une situation chaotique. Le sentiment d'abandon prédomine.
Ua Pou serait-elle aujourd’hui encore moins accessible que Fatu Hiva, pourtant réputée l’île la plus enclavée des Marquises ? Le week-end dernier, le seul moyen fiable de quitter l’île était de tomber gravement malade ou d’avoir un accident qui vous permette de bénéficier d'un transport en hélicoptère vers l’hôpital de Nuku-Hiva. En effet, cela fait quelque temps maintenant que la population de l’île subit les pannes à répétition du Twin Otter d’Air Archipels opéré par Air Tahiti et ces interruptions s’intensifient à l’approche du changement d’opérateur prévu pour le 1er janvier prochain. Les navettes et poti mārara rendant service à la population afin qu’elle puisse se déplacer à Nuku Hiva ou prendre l’avion pour Tahiti, pour des raisons souvent administratives ou médicales, se sont aussi trouvées simultanément à l’arrêt tout le week-end, pour diverses causes techniques ou circonstancielles.
A l'heure actuelle, la compagnie Tahiti Air Charter du groupe Degage a remporté l’appel d’offres public pour assurer la liaison aérienne déficitaire vers les îles de Ua Pou et Ua Huka, mais il y aurait un petit conflit d’agenda. La reprise était censée s’effectuer au premier jour de l’an 2021 mais la ligne n’étant pas tout à fait opérationnelle, elle pourrait n'avoir lieu qu’en juillet prochain. Entre-temps, Air Tahiti a accepté d’assurer les vols en janvier prochain pendant une période tampon d’un mois, pour un arrêt à partir du 1er février.
Ua Pou serait-elle aujourd’hui encore moins accessible que Fatu Hiva, pourtant réputée l’île la plus enclavée des Marquises ? Le week-end dernier, le seul moyen fiable de quitter l’île était de tomber gravement malade ou d’avoir un accident qui vous permette de bénéficier d'un transport en hélicoptère vers l’hôpital de Nuku-Hiva. En effet, cela fait quelque temps maintenant que la population de l’île subit les pannes à répétition du Twin Otter d’Air Archipels opéré par Air Tahiti et ces interruptions s’intensifient à l’approche du changement d’opérateur prévu pour le 1er janvier prochain. Les navettes et poti mārara rendant service à la population afin qu’elle puisse se déplacer à Nuku Hiva ou prendre l’avion pour Tahiti, pour des raisons souvent administratives ou médicales, se sont aussi trouvées simultanément à l’arrêt tout le week-end, pour diverses causes techniques ou circonstancielles.
A l'heure actuelle, la compagnie Tahiti Air Charter du groupe Degage a remporté l’appel d’offres public pour assurer la liaison aérienne déficitaire vers les îles de Ua Pou et Ua Huka, mais il y aurait un petit conflit d’agenda. La reprise était censée s’effectuer au premier jour de l’an 2021 mais la ligne n’étant pas tout à fait opérationnelle, elle pourrait n'avoir lieu qu’en juillet prochain. Entre-temps, Air Tahiti a accepté d’assurer les vols en janvier prochain pendant une période tampon d’un mois, pour un arrêt à partir du 1er février.
Population et personnel d'Air Tahiti désabusés
La population de l’île se sent lasse à la veille des fêtes de fin d’année et plusieurs familles n’arrivent même pas à se réunir avant Noël car certains de leurs membres sont coincés à Hiva Oa ou Tahiti.
Même le personnel d’Air Tahiti se trouve un peu perdu car à Ua Pou, deux nouveaux agents venaient de passer un mois de formation à Tahiti pour prendre la relève des deux agents actuels pour cause de départs à la retraite. Depuis, ces deux remplaçants n’auront travaillé qu’un mois en CDD, entrecoupé de pannes régulières les mettant dans une situation incertaine avec l’espoir d’être, peut-être, engagés par le successeur. En termes de personnel, à Ua Pou, il y a deux agents en CDI qui sont les responsables d’escale et d’agence et trois manutentionnaires. A Ua Huka, ce sont deux agents permanents et deux manutentionnaires dont il est question.
Actuellement, pour ces deux îles du Nord qui aujourd’hui comptent quelque 3 000 habitants, c’est un Twin Otter de 40 ans à l’arrêt et un autre également vieux et souvent mis à pied pour diverses raisons techniques qui doivent assurer les liaisons. Dans ce contexte la population du Nord de l’archipel des Marquises attend toujours l'équivalent de la navette Ata O Hiva livrée au Sud en 2016. Il y a bien une navette mixte de 60 places prévue pour fin 2021, mais la population est perplexe et les plus optimistes misent plutôt sur une livraison en 2022 puisque la construction n’a commencé que cette année.
Une autre question est sur la table : comment la compagnie Tahiti Air Charter va-t-elle appréhender la desserte aérienne de l’île aux pitons mythiques ? La piste est un peu particulière avec sa disposition en pente, mais aussi par son emplacement soumis à des vents forts avec des atterrissages et décollages ne pouvant avoir lieu que dans le même sens, et personne sur l’île n’a aperçu de personnel du groupe Degage venir sur place pour étudier le terrain.
"Sensation d’être pris en otage"
Côté tourisme, certains visiteurs en colère et extrêmement déçus ayant fait les frais de cette situation aérienne instable ont décrit une "sensation d’être pris en otage ", "une communication opaque et une gestion chaotique" par Air Tahiti. C’est le cas de Frédéric et Katalina qui avaient prévu huit jours de voyage, dont seulement quatre se sont déroulés comme prévu. Les quatre autres, ils les ont passés au téléphone à essayer d’arranger la suite et leur retour à Tahiti. Ce sont trois vols sur quatre en Twin Otter qu’il a fallu réorganiser et des vacances au goût un peu amer. "Ce n’est pas comme si les billets ne coûtaient pas grand-chose, c’est extrêmement cher de venir aux Marquises et cela, rien qu’en parlant des billets d’avion" explique Frédéric qui après une matinée passée au téléphone a du mal à profiter de sa dernière soirée sur l’île. En effet, le couple qui voyage avec sa petite fille et bénéficie d’une réduction famille de 30% a dépensé près de 400 000 Fcfp en billets d’avion pour visiter les îles de Hiva Oa, Nuku Hiva et Ua Pou. "C’était un voyage organisé il y a trois mois" continue-t-il, "on devait passer deux nuits et trois jours à Ua Huka et au lieu de ça, on y est arrivé à 16 heures la veille pour repartir le lendemain matin à 9 heures. Heureusement que les propriétaires de la pension étaient gentils et compréhensifs. Et d’ailleurs, les pensions de famille faisaient des navettes à l’aveugle à l’aéroport pour chercher leurs clients dont ils n’avaient aucune nouvelle. (…) Quand on était prévenu d’un changement ou d’une panne, c’était parfois 1h30 avant le départ, quand on était déjà sur la route de l’aéroport". Pour un retour à temps à Tahiti, ils ont été contraints de prendre un bateau à leurs frais afin de pouvoir embarquer un ATR depuis Nuku Hiva.
Habituellement, lorsqu’il arrive des problèmes d’avion de ce genre, la population, résiliente, opte pour un aller en bateau vers Nuku Hiva pour 1h40 à 2 heures de traversée, puis un taxi pour 1h15 de route vers l’aéroport "Terre déserte". Un total donc d’environ 3 heures de trajet du quai de Hakahau à l’aéroport de Nuku Hiva, là où le trajet Ua Pou - Nuku Hiva en avion prend 15 minutes.
Des vacances gâchées, un tourisme en danger

Quand sept jours prévus à Ua Pou se transforment en trois jours sur place et le reste à Hiva Oa pour cause de panne… Durant ces quatre jours à Atuona, le couple ayant opté pour le Pass Marquises a été pris en charge par un hôtel de l’île où ils ont été logés en pension complète. Le cadre était magnifique, certes, mais ils ont passé ces quelques jours à essayer d’obtenir une place sur le Twin Otter pour pouvoir honorer leur programme de voyage (avec toutes les réservations de logements et d’activités prévues) tout ça sans qu’ils aient été contactés par le service de réservation de Air Tahiti ni par un de leur cadre commercial. Autant dire qu’ils ont trouvé très étonnant que la compagnie ne se préoccupe en rien du sort des touristes en difficulté et que le bureau d’Air Tahiti à Papeete ne semblait pas au courant des problèmes rencontrés par les passagers bloqués aux Marquises.
Un autre binôme d’amies ayant organisé leur voyage de 14 jours aux Marquises avec un trajet commençant par Ua Pou, pour passer par Nuku Hiva et terminer par Hiva Oa par le biais de l’agence Tahiti Nui Travel et ayant subi les mêmes bouleversements dans leur programme s'est senti pris en otage à Hiva Oa. Françoise explique qu’elles n’ont rien pu faire pendant ces quatre jours à l’hôtel car "tous les soirs, on nous disait que c’était bon pour le lendemain et on s’y préparait, pour qu’ils annulent tout le matin du départ". Après des matinées passées au téléphone, "on a ressenti beaucoup de stress et tout le voyage a dû être raccourci".
Jérôme, de la Pension Pukue’e, se dit à bout de nerfs en se mettant à la place des touristes qu’il accueille avec sa femme Elisa quand ceux-ci se retrouvent confrontés à des annulations en cascade.
Selon lui, le secteur touristique de l’île aurait dû être victime de la crise liée au Covid mais ce sont plutôt les aléas du transport aérien qui leur portent préjudice aujourd’hui : pour des réservations allant jusqu’en juillet 2021, les touristes contactent sa pension pour savoir comment accéder à Ua Pou car il semblerait qu’aucun avion n’y arrive… Et la question sur les lèvres de tous les habitants de l’île est : quel avion va venir et quand ?
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