PAPEETE, le 11 août 2014. Le juge des référés a tranché ce lundi matin au tribunal de Paeete. Après quelques mois de bataille juridique, la famille de Teiki Pambrun devra quitter le lagon de Tetiaroa où elle résidait sur son fare flottant avec interdiction de poser le pied sur les parties privées des motu et même interdiction de mouiller à 10 km autour de l'atoll où est ouvert depuis quelques semaines seulement l'hôtel The Brando.
C’est une expulsion qui ne dit pas son nom. Poursuivi pour violation du droit de la propriété privée, Teiki Pambrun devra quitter, selon la justice, le lagon de Tetiaroa où son fare flottant mouillait depuis près de 20 mois dans les eaux turquoises du domaine public maritime de l'atoll situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tahiti. Les arguments des héritiers Brando ont été entendus. De son côté Teiki Pambrun ne s’est pas caché, d'avoir à plusieurs reprises, mis pied à terre sur les motus de l'atoll. Sur sa page Facebook intitulée The Brando-Apocalypse Now et qu’il manie comme un blog à charge de l’installation de l’hôtel de luxe ouvert en juillet dernier, il publie lui-même les photos où il est venu -sur une plage de l'atoll- taguer le panneau «Tabu» pour y peindre à la place un «Welcome» plus engageant. Toutefois, il rappelle que la privatisation des motus depuis l'acquisition de l'atoll par Marlon Brando en 1966 ne concerne ni le récif, ni les bancs de sable, ni même les plages qui restent inaliénablement des parties intégrantes du domaine maritime public . En allant sur les plages de Tetiaroa, en marchant sur le récif ou les bancs de sable, il ne commet aucune violation de propriété privée. En ce sens l'astreinte de 200 000 Fcfp s'il contrevenait au droit de propriété privée ne lui fait pas peur : il n'est pas concerné.
Pour Teiki Pambrun, de toute évidence le climat sur Tetiaroa a changé avec l’ouverture de l’hôtel. «Nous avons vécu 18 mois dans le lagon presque sans souci mais depuis fin mai, début juin avec la proximité de l’ouverture de The Brando la pression a été clairement poussée. Pas que sur nous, mais aussi sur les voiliers en excursion ou même les pêcheurs qui ne sont plus autorisés à pêcher partout, comme avant» détaille Teiki Pambrun. Une zone de pêche réglementée a été définie au début du mois de juillet dernier pour les pêcheurs professionnels d'Arue au motif de la préservation de l'environnement. C'est bien le signe que l'ouverture de l'hôtel a provoqué, en quelques semaines, une appréciation de plus en plus absolue du respect des parties privées des motu de l'atoll et jusqu'à un encadrement de plus en plus contraignant des activités traditionnellement ouvertes librement dans le domaine maritime, public par définition.
Les accusations de Teiki Pambrun vont plus loin encore. Pour lui, le complexe hôtelier The Brando et sa trentaine de suites cache une autre opération immobilière plus juteuse. «On a fait vibrer la corde écologique alors qu’on a déplacé des m3 et des m3 de blocs de corail, mais l’hôtel n’est qu’un alibi pour l’aménagement à venir de 61 lots résidentiels très hauts de gamme» explique-t-il. Isolé dans son combat, celui qui dit n’aspirer qu’à vivre en communion avec la nature de l’atoll avec son épouse et sa fille de 12 ans, ne fera pas appel de la décision qui semble le contraindre à partir. Le respect des parties privées des motu, il l'applique depuis toujours ; pour le reste, et le droit de mouiller dans un lagon public, la tradition maritime lui serait favorable, "J'ai le droit d'être à l'abri dans un lagon. A l'extérieur, il y a mise en danger" argumente-t-il. Il craint toutefois que cette interdiction d’approcher à moins de 10 km du motu où est implanté The Brando, qui ne le concerne que lui, ne puisse créer une jurisprudence dangereuse sur le caractère public du domaine maritime des atolls polynésiens.
Pour l’avocat des héritiers Brando, au contraire, la décision du juge est équilibrée. «Stationner trop longtemps dans le lagon, ce qui est autorisé ponctuellement, est un abus de droit. Alors que l’hôtel durant sa construction et sa commercialisation met en avant le respect de l’environnement, cette pirogue double déverse ses eaux usées dans le lagon. A Tetiaroa, on est passé d’une zone de non droit à une zone de réglementation» précise encore Me Gilles Jourdainne. Que la pirogue double de la famille Pambrun soit équipée de cuves de récupération pour les eaux d'assainissement (eaux grises et eaux noires) ne semble pas avoir été pris en compte.
C’est une expulsion qui ne dit pas son nom. Poursuivi pour violation du droit de la propriété privée, Teiki Pambrun devra quitter, selon la justice, le lagon de Tetiaroa où son fare flottant mouillait depuis près de 20 mois dans les eaux turquoises du domaine public maritime de l'atoll situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tahiti. Les arguments des héritiers Brando ont été entendus. De son côté Teiki Pambrun ne s’est pas caché, d'avoir à plusieurs reprises, mis pied à terre sur les motus de l'atoll. Sur sa page Facebook intitulée The Brando-Apocalypse Now et qu’il manie comme un blog à charge de l’installation de l’hôtel de luxe ouvert en juillet dernier, il publie lui-même les photos où il est venu -sur une plage de l'atoll- taguer le panneau «Tabu» pour y peindre à la place un «Welcome» plus engageant. Toutefois, il rappelle que la privatisation des motus depuis l'acquisition de l'atoll par Marlon Brando en 1966 ne concerne ni le récif, ni les bancs de sable, ni même les plages qui restent inaliénablement des parties intégrantes du domaine maritime public . En allant sur les plages de Tetiaroa, en marchant sur le récif ou les bancs de sable, il ne commet aucune violation de propriété privée. En ce sens l'astreinte de 200 000 Fcfp s'il contrevenait au droit de propriété privée ne lui fait pas peur : il n'est pas concerné.
Pour Teiki Pambrun, de toute évidence le climat sur Tetiaroa a changé avec l’ouverture de l’hôtel. «Nous avons vécu 18 mois dans le lagon presque sans souci mais depuis fin mai, début juin avec la proximité de l’ouverture de The Brando la pression a été clairement poussée. Pas que sur nous, mais aussi sur les voiliers en excursion ou même les pêcheurs qui ne sont plus autorisés à pêcher partout, comme avant» détaille Teiki Pambrun. Une zone de pêche réglementée a été définie au début du mois de juillet dernier pour les pêcheurs professionnels d'Arue au motif de la préservation de l'environnement. C'est bien le signe que l'ouverture de l'hôtel a provoqué, en quelques semaines, une appréciation de plus en plus absolue du respect des parties privées des motu de l'atoll et jusqu'à un encadrement de plus en plus contraignant des activités traditionnellement ouvertes librement dans le domaine maritime, public par définition.
Les accusations de Teiki Pambrun vont plus loin encore. Pour lui, le complexe hôtelier The Brando et sa trentaine de suites cache une autre opération immobilière plus juteuse. «On a fait vibrer la corde écologique alors qu’on a déplacé des m3 et des m3 de blocs de corail, mais l’hôtel n’est qu’un alibi pour l’aménagement à venir de 61 lots résidentiels très hauts de gamme» explique-t-il. Isolé dans son combat, celui qui dit n’aspirer qu’à vivre en communion avec la nature de l’atoll avec son épouse et sa fille de 12 ans, ne fera pas appel de la décision qui semble le contraindre à partir. Le respect des parties privées des motu, il l'applique depuis toujours ; pour le reste, et le droit de mouiller dans un lagon public, la tradition maritime lui serait favorable, "J'ai le droit d'être à l'abri dans un lagon. A l'extérieur, il y a mise en danger" argumente-t-il. Il craint toutefois que cette interdiction d’approcher à moins de 10 km du motu où est implanté The Brando, qui ne le concerne que lui, ne puisse créer une jurisprudence dangereuse sur le caractère public du domaine maritime des atolls polynésiens.
Pour l’avocat des héritiers Brando, au contraire, la décision du juge est équilibrée. «Stationner trop longtemps dans le lagon, ce qui est autorisé ponctuellement, est un abus de droit. Alors que l’hôtel durant sa construction et sa commercialisation met en avant le respect de l’environnement, cette pirogue double déverse ses eaux usées dans le lagon. A Tetiaroa, on est passé d’une zone de non droit à une zone de réglementation» précise encore Me Gilles Jourdainne. Que la pirogue double de la famille Pambrun soit équipée de cuves de récupération pour les eaux d'assainissement (eaux grises et eaux noires) ne semble pas avoir été pris en compte.
Les Polynésiens sont devenus les squatteurs de leur propre pays
C'est un rappel qui semble sans importance, mais qui pourtant, fonde une grande partie des réflexions de Teiki Pambrun dans ce dossier judiciaire où il se retrouve embarqué, à son corps défendant, depuis quelques mois. "Je suis venu ici pour être tranquille, et ils sont venus me débusquer jusqu'au fin fond de l'atoll". Il rappelle ainsi que l'acquisition de l'atoll par Marlon Brando en 1966 et donc la privatisation des motu ne concerne qu'une toute petite partie de Tetiaroa. Entre le lagon, le récif, les plages et les bancs de sable, il reste de nombreux espaces normalement libres d'accès à tous car partie intégrante du domaine public maritime et territorial. "En me défendant, je défends le libre accès à Tetiaroa et à toutes nos îles polynésiennes qui sont la proie de projets immobiliers en faveur du tourisme, du moins du tourisme que l'on nous propose ici et où le Polynésien n'a pas sa place. A force, nous sommes en train de devenir les squatteurs de notre propre pays, nous ne sommes que les figurants du film" insiste-t-il.
Teiki Pambrun est convaincu de gêner les développements immobiliers à venir sur l'atoll de Tetiaroa. "Ils veulent se débarrasser de moi car d'autres motus seront attaqués bientôt pour de nouveaux projets immobiliers sur l'atoll. Mais je me bats peut-être pour des gens qui ne veulent pas être convaincus" poursuit Teiki Pambrun. Il rappelle les déboisements important effectués pour la construction de l'hôtel, les milliers de m3 de corail déplacés pour édifier les murs de soutènement de l'aérodrome, "on met en avant les scientifiques qui viennent étudier les bénitiers de l'atoll mais on a construit la piste sur l'habitat traditionnel de la population de bénitiers. On a bousillé le lagon pour le régénérer au cours des 50 prochaines années, voilà le paradoxe".
C'est un rappel qui semble sans importance, mais qui pourtant, fonde une grande partie des réflexions de Teiki Pambrun dans ce dossier judiciaire où il se retrouve embarqué, à son corps défendant, depuis quelques mois. "Je suis venu ici pour être tranquille, et ils sont venus me débusquer jusqu'au fin fond de l'atoll". Il rappelle ainsi que l'acquisition de l'atoll par Marlon Brando en 1966 et donc la privatisation des motu ne concerne qu'une toute petite partie de Tetiaroa. Entre le lagon, le récif, les plages et les bancs de sable, il reste de nombreux espaces normalement libres d'accès à tous car partie intégrante du domaine public maritime et territorial. "En me défendant, je défends le libre accès à Tetiaroa et à toutes nos îles polynésiennes qui sont la proie de projets immobiliers en faveur du tourisme, du moins du tourisme que l'on nous propose ici et où le Polynésien n'a pas sa place. A force, nous sommes en train de devenir les squatteurs de notre propre pays, nous ne sommes que les figurants du film" insiste-t-il.
Teiki Pambrun est convaincu de gêner les développements immobiliers à venir sur l'atoll de Tetiaroa. "Ils veulent se débarrasser de moi car d'autres motus seront attaqués bientôt pour de nouveaux projets immobiliers sur l'atoll. Mais je me bats peut-être pour des gens qui ne veulent pas être convaincus" poursuit Teiki Pambrun. Il rappelle les déboisements important effectués pour la construction de l'hôtel, les milliers de m3 de corail déplacés pour édifier les murs de soutènement de l'aérodrome, "on met en avant les scientifiques qui viennent étudier les bénitiers de l'atoll mais on a construit la piste sur l'habitat traditionnel de la population de bénitiers. On a bousillé le lagon pour le régénérer au cours des 50 prochaines années, voilà le paradoxe".
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