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"Je ne veux pas vieillir en politique", avoue Edouard Fritch

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PAPEETE, 26 juin 2014 - "Edouard, c’est mon successeur et - c’est la première fois que je le dis - c’est mon fils spirituel", avait déclaré Gaston Flosse à la surprise de l'auditoire, lors de la conférence de presse donnée en guise de bilan d’étape des 100 jours du gouvernement. Depuis le principe structure, au moins en apparence, le logiciel politique Tahoera'a Huira'atira. Mais à l’heure où l’Assemblée de Polynésie inaugure une exposition retraçant, en 28 planches didactiques, les péripéties de 30 ans d’autonomie depuis le statut de 1984, Edouard Fritch "fait le point" sur ses 30 ans de vie publique et n’exclut pas de prendre sa retraite politique. "Je m’oblige à y réfléchir sérieusement", confie le président de l’Assemblée.

Pourquoi cette exposition sur les 30 ans de l’Autonomie ?

Edouard Fritch : Sa raison d’être est de faire le point de la situation. (…) Et puis, en faisant ce point-là, se projeter dans l’avenir : 30 ans après, une question essentielle est le devenir de ce statut. Il a été conçu en 1984 pour être évolutif. Dès le départ, le Législateur a voulu donner une dynamique à ce statut, qui a effectivement évolué en 1996 et 2004. Il faut que nous fassions le point aujourd’hui.

Comment envisagez-vous l’éventualité d’une décision en cassation qui rendrait Gaston Flosse inéligible le mois prochain ?

Edouard Fritch : Je crois qu’il faut être prudent. La cour doit se prononcer les 23 juillet. Attendons. Ensuite nous verrons. Ce qui est important, me concernant c'est que pour l’heure nous avons beaucoup à faire à l’Assemblée. J’attends dans quelques jours une mission du Sénat sur la question du Code civil ; puis une mission du ministère de la Justice, sur l’affaire du foncier ; et une autre programmée je crois en septembre : j’ai de grosses préoccupations du côté du législatif.
Effectivement M. Flosse a annoncé que, si quoi que ce soit arrivait, je serais son successeur. Son avis est important, mais pour que les choses se réalisent il faut que le parti et que le groupe à l’Assemblée m’élisent comme Président, sur la proposition faite par M. Flosse. Aujourd’hui, je pense que j’ai quelques petites chances mais ce n’est franchement pas ma préoccupation.


Dans l’éventualité, vous vous sentez prêt ?

Edouard Fritch : Oui, j’ai été ministre dès 1984, vice-président et puis j’ai œuvré dans un peu tous les secteurs, l’Emploi, le Développement des archipels, l’Equipement, la Mer… Bien sûr que je suis prêt, mais dire cela c’est trop en dire. Je maîtrise un grand nombre de choses qui me permettraient, demain, d’exercer cette fonction. C’est comme ça que je préfère le dire.

1984-2004 est-ce aussi pour vous l’occasion de faire le bilan de votre carrière politique ?

Edouard Fritch : Je ne voulais pas vous en parler, mais c’est mon idée. Trente ans de politique et surtout 30 ans aux affaires du Pays, effectivement ça incite à un examen de conscience : ai-je été utile à mon Pays ? N’ai-je pas été trop égoïste ? N’ai-pas oublié celui qui avait besoin que je lui tende la main ?
A 60 ans, je dois effectivement faire un choix : dois-je préparer ma retraite ou continuer à travailler encore 5 ou 10 ans ? Je peux aussi être utile dans d’autres domaines qu’en politique. Je suis un croyant pratiquant, j’aime me retrouver avec des personnes qui parlent d’autre chose que de politique. Pourquoi pas ? Tout est possible : je ne veux pas vieillir en politique ; je peux être utile ailleurs pour mon pays.


On pourrait vous voir prendre votre retraite cette année par exemple ?

Edouard Fritch : Ah non, pas cette année ! Nous sommes dans une phase qui est trop importante. Je me bats à l’Assemblée pour que notre majorité reste cohérente et unie. C’est pour cela que j’ai toujours évacué, ici à l’Assemblée, toute idée de succession. Il ne faut pas qu’on en parle et je viens de rappeler à tout le monde que je ne souhaite pas entendre parler de cela. Ca se traitera à un autre niveau et dans d’autres lieux. Le Pays a besoin de stabilité et le gouvernement d’une Assemblée qui le soutienne.
Pour répondre à votre question : non, je ne peux pas partir là, l’année prochaine – Je trahirais mes engagements : en 2013, je me suis engagé à tout faire pour redresser ce Pays – mais je m’oblige à y réfléchir sérieusement.

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