PAPEETE, le 25 juin 2014 – Des scientifiques américains ont découvert qu’en 30 ans la zone d’intensité maximale des cyclones s’est déplacée de plusieurs centaines de kilomètres vers les pôles. Dans le Pacifique Sud, Tahiti est désormais dans la zone la plus dangereuse…
Le phénomène n’est pas encore expliqué, mais il apparait clairement dans les chiffres décortiqués par les climatologues américains de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) : dans le monde entier les cyclones se sont calmés près de l’équateur et sont désormais plus dévastateurs près des tropiques (lien en anglais).
Dans le Pacifique Sud, c’est au 18ème parallèle que ces tempêtes atteignent désormais le sommet de leur puissance, 600 km plus au sud qu’il y a 30 ans. Pas de chance, Tahiti est situé à 17°30 S… Nous avons contacté le docteur Jim Kossin, le scientifique du laboratoire National Climatic Data Center au NOAA qui a dirigé ces recherches. Il explique que « la latitude moyenne d’intensité maximale des cyclones tropicaux dans votre région est environ à 18°S, ce qui est la même latitude que Tahiti. Donc, toutes choses égales par ailleurs, il y aurait un risque plus élevé au sud de Tahiti et un risque plus faible au nord. »
Le scientifique veut tout de même éviter d’être trop alarmiste : « La tendance pourrait pousser cette moyenne plus au sud de Tahiti. Et souvenez-vous que la latitude n’est qu’un seul aspect de l’itinéraire d’une tempête, il est difficile de savoir précisément comment un seul endroit va être affecté. »
C’est dans notre océan que ce phénomène mondial est le plus marqué : « si nous regardons les données de chaque région individuellement, nous trouvons que la tendance la plus importante est dans votre région. Les données de notre bureau de Wellington montrent une migration des cyclones tropicaux vers les pôles de 200 km par décennie. » Dans le reste du monde, en moyenne, les cyclones ne se sont déplacés que le 60 km vers les pôles tous les 10 ans.
Une migration encore inexpliquée
Ces découvertes ont été publiées le 15 mai 2014 dans le journal Nature par la NOAA. De telles études sont rendues difficiles par l’inconsistance des différentes bases de données : « Les estimations d’intensité historique peuvent être très inconstantes dans le temps, mais le lieu où un cyclone tropical atteint son intensité maximale est une donnée plus fiable et est moins influencée par les variations de données ou des incertitudes » explique Jim Kossin.
C’est en étudiant le chemin emprunté par les dépressions et tempêtes tropicales que le scientifique a découvert tout à fait par hasard la migration de la puissance maximale des cyclones vers les pôles. Pour lui, c’est un indice fort pour lier le réchauffement climatique et les changements observés dans la formation et la force de ces événements dévastateurs.
Comment la situation va-t-elle évoluer ?
Car ces trouvailles concordent avec d’autres études scientifiques qui montrent l’extension vers les pôles de la zone de climat tropical (lien en anglais) depuis les années 80. Dans la formation des cyclones, la température de l’eau et les cisaillements de vent sont les éléments principaux, et l’élargissement de la zone tropicale fait que les conditions optimales pour les cyclones s’éloignent de l’équateur. L’extension de cette zone est attribuée en partie aux émissions de gaz à effet de serre par l’Homme, aux produits chimiques qui ont attaqué la couche d’ozone dans la stratosphère et à la pollution atmosphérique. Mais les chercheurs manquent encore d’éléments pour lier totalement la migration des cyclones, l’expansion de la zone tropicale et le réchauffement climatique.
Plus de recherches sont donc nécessaires pour savoir comment la situation va évoluer. Jim Kossin nous précise les différentes théories : « Si ce changement est principalement causé par les gaz à effet de serre, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’il continue dans les prochaines décennies et même pendant encore plus longtemps. » Voilà qui mettrait l’archipel de la Société un peu plus à l’abri dans 10 ou 20 ans. Mais « si ce changement est dû principalement à l’épuisement de l’ozone dans la stratosphère, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’il s’arrête ou même s’inverse si la production de produits chimiques attaquant la couche d’ozone était ralentie. Si leur production était arrêtée aujourd’hui, la couche d’ozone se rétablirait totalement d’ici la moitié du 21ème siècle. »
Au rythme actuel, le point d’intensité maximal des cyclones dans notre bout d’océan migre de 1° (environ 100km) vers le sud tous les 5 ans.
Le phénomène n’est pas encore expliqué, mais il apparait clairement dans les chiffres décortiqués par les climatologues américains de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) : dans le monde entier les cyclones se sont calmés près de l’équateur et sont désormais plus dévastateurs près des tropiques (lien en anglais).
Dans le Pacifique Sud, c’est au 18ème parallèle que ces tempêtes atteignent désormais le sommet de leur puissance, 600 km plus au sud qu’il y a 30 ans. Pas de chance, Tahiti est situé à 17°30 S… Nous avons contacté le docteur Jim Kossin, le scientifique du laboratoire National Climatic Data Center au NOAA qui a dirigé ces recherches. Il explique que « la latitude moyenne d’intensité maximale des cyclones tropicaux dans votre région est environ à 18°S, ce qui est la même latitude que Tahiti. Donc, toutes choses égales par ailleurs, il y aurait un risque plus élevé au sud de Tahiti et un risque plus faible au nord. »
Le scientifique veut tout de même éviter d’être trop alarmiste : « La tendance pourrait pousser cette moyenne plus au sud de Tahiti. Et souvenez-vous que la latitude n’est qu’un seul aspect de l’itinéraire d’une tempête, il est difficile de savoir précisément comment un seul endroit va être affecté. »
C’est dans notre océan que ce phénomène mondial est le plus marqué : « si nous regardons les données de chaque région individuellement, nous trouvons que la tendance la plus importante est dans votre région. Les données de notre bureau de Wellington montrent une migration des cyclones tropicaux vers les pôles de 200 km par décennie. » Dans le reste du monde, en moyenne, les cyclones ne se sont déplacés que le 60 km vers les pôles tous les 10 ans.
Une migration encore inexpliquée
Ces découvertes ont été publiées le 15 mai 2014 dans le journal Nature par la NOAA. De telles études sont rendues difficiles par l’inconsistance des différentes bases de données : « Les estimations d’intensité historique peuvent être très inconstantes dans le temps, mais le lieu où un cyclone tropical atteint son intensité maximale est une donnée plus fiable et est moins influencée par les variations de données ou des incertitudes » explique Jim Kossin.
C’est en étudiant le chemin emprunté par les dépressions et tempêtes tropicales que le scientifique a découvert tout à fait par hasard la migration de la puissance maximale des cyclones vers les pôles. Pour lui, c’est un indice fort pour lier le réchauffement climatique et les changements observés dans la formation et la force de ces événements dévastateurs.
Comment la situation va-t-elle évoluer ?
Car ces trouvailles concordent avec d’autres études scientifiques qui montrent l’extension vers les pôles de la zone de climat tropical (lien en anglais) depuis les années 80. Dans la formation des cyclones, la température de l’eau et les cisaillements de vent sont les éléments principaux, et l’élargissement de la zone tropicale fait que les conditions optimales pour les cyclones s’éloignent de l’équateur. L’extension de cette zone est attribuée en partie aux émissions de gaz à effet de serre par l’Homme, aux produits chimiques qui ont attaqué la couche d’ozone dans la stratosphère et à la pollution atmosphérique. Mais les chercheurs manquent encore d’éléments pour lier totalement la migration des cyclones, l’expansion de la zone tropicale et le réchauffement climatique.
Plus de recherches sont donc nécessaires pour savoir comment la situation va évoluer. Jim Kossin nous précise les différentes théories : « Si ce changement est principalement causé par les gaz à effet de serre, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’il continue dans les prochaines décennies et même pendant encore plus longtemps. » Voilà qui mettrait l’archipel de la Société un peu plus à l’abri dans 10 ou 20 ans. Mais « si ce changement est dû principalement à l’épuisement de l’ozone dans la stratosphère, alors nous pouvons nous attendre à ce qu’il s’arrête ou même s’inverse si la production de produits chimiques attaquant la couche d’ozone était ralentie. Si leur production était arrêtée aujourd’hui, la couche d’ozone se rétablirait totalement d’ici la moitié du 21ème siècle. »
Au rythme actuel, le point d’intensité maximal des cyclones dans notre bout d’océan migre de 1° (environ 100km) vers le sud tous les 5 ans.
Réchauffement climatique : tous les records battus
La NOAA publie également tous les mois un état du climat mondial. Et on peut dire que ça chauffe : le mois de mai 2014 a été le plus chaud dans le monde depuis le début des relevés de températures en 1880, à 15,54°C en moyenne, soit 0,74°C au-dessus de la moyenne du XXème siècle. Ce fut également le 39ème mois de mai consécutif et le 351ème mois d'affilée (soit presque 30 ans) que la température globale de la planète a été au-dessus de la moyenne du XXème siècle.
80% de chance pour un épisode El Niño
La NOAA analyse également la température des eaux de surface à l’équateur pour prédire les chances de l’apparition d’un phénomène El Niño. Cette année, il y a 70% de probabilités que le courant chaud réapparaisse dans l’hémisphère Nord dans les trois mois qui viennent, et 80% de chances pour qu'il ré-émerge chez nous pendant l’été austral. Le phénomène est également suivi par Météo France qui fera le point dans la deuxième quinzaine de juillet sur les risques d’apparition d’El Niño et sur sa puissance. Les derniers gros épisodes, en 1982-1983 puis en 1997-1998 avaient conduit à une succession de 7 à 9 cyclones dans la région, qui avait affectés la Polynésie.
La NOAA publie également tous les mois un état du climat mondial. Et on peut dire que ça chauffe : le mois de mai 2014 a été le plus chaud dans le monde depuis le début des relevés de températures en 1880, à 15,54°C en moyenne, soit 0,74°C au-dessus de la moyenne du XXème siècle. Ce fut également le 39ème mois de mai consécutif et le 351ème mois d'affilée (soit presque 30 ans) que la température globale de la planète a été au-dessus de la moyenne du XXème siècle.
80% de chance pour un épisode El Niño
La NOAA analyse également la température des eaux de surface à l’équateur pour prédire les chances de l’apparition d’un phénomène El Niño. Cette année, il y a 70% de probabilités que le courant chaud réapparaisse dans l’hémisphère Nord dans les trois mois qui viennent, et 80% de chances pour qu'il ré-émerge chez nous pendant l’été austral. Le phénomène est également suivi par Météo France qui fera le point dans la deuxième quinzaine de juillet sur les risques d’apparition d’El Niño et sur sa puissance. Les derniers gros épisodes, en 1982-1983 puis en 1997-1998 avaient conduit à une succession de 7 à 9 cyclones dans la région, qui avait affectés la Polynésie.
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