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Tearii Alpha rencontre les pêcheurs : "Préparons dès aujourd’hui l’avenir de notre pêche !"

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Tearii Alpha rencontre les pêcheurs :
Ce samedi matin, le ministre de la pêche Tearii Alpha avait donné rendez-vous aux professionnels de la pêche polynésienne, pour évoquer des difficultés que rencontraient les différentes filières. Le problème de l’ouverture de la zone de pêche à d’autres pays a largement été débattu.

Le ministre a tenu à clarifier la position du gouvernement sur le sujet, mais a rappelé que "l’urgence est de structurer la pêche polynésienne pour une meilleure maitrise de la ressource !".

L’Organisation des Pêcheurs (OP), des armateurs, des pêcheurs particuliers et le Syndicat des Pêcheurs Professionnels polynésiens attendaient cette rencontre depuis un peu plus d’un mois.

D’entrée, le ministre de la pêche Tearii Alpha est revenu sur ses déclarations dans les médias à propos de la polémique liée à une éventuelle ouverture de la zone de pêche aux équipages de nations étrangères. "Je tenais à vous dire qu’il n’est pas question, ni pour moi en tant que ministre et encore moins pour le gouvernement du Pays de céder notre océan à qui que se soit !" et d’ajouter "Certains de mes propos ont fait grincer des dents, mais j’ai voulu également faire réagir tout le monde car notre zone de pêche est très convoitée, notamment par les pays asiatiques. D’où l’importance de cette rencontre car ensemble, nous devons être à la hauteur et travailler main dans la main pour maitriser l’avenir de toute cette zone qui fait plus de 5 millions de mètres carrés."

Le problème était posé. Il ne restait plus qu’à débattre sur le fond car s’il n’est pas question de "céder", le ministre a tout de même évoqué une piste de réflexion retenue par le Pays, celle d’ouvrir certaines zones pour une durée déterminée "en attendant que l’on grandisse et que nous puissions assurer un meilleur rendement avec plus de moyens, plus de bateaux et une meilleure coordination car c’est là la clé." L’argument n’a pas convaincu.

Un des professionnels de la filière a d’ailleurs clairement expliqué la position de tous : "On ne veut pas que des licences de pêche soient donnés aux navires étrangers."

Ayant pris note de l’avis des pêcheurs présents, Tearii Alpha a alors proposé une autre alternative dont l’objectif sera de restructurer de manière plus professionnelle et performante la pêche polynésienne, en se tournant vers l’Europe : "On ne peut pas anticiper de ce qui va se passer dans les 20 prochaines années, mais aujourd’hui, il y a un contexte favorable pour proposer à ce que la Polynésie soit le hub de pêche internationale du Pacifique Est. (…) Il faut que j’intéresse la commission européenne sur sa politique dans le Pacifique. Aujourd’hui, le Pacifique n’est pas tourné vers l’Europe mais plutôt vers l’Asie. Pour que l’Europe investisse ici, il faut d’abord que l’on ait une position stratégique. Ils ont compris, comme beaucoup d’autres pays, que nous sommes un carrefour de la pêche dans le Pacifique Est ".

L’expression "stratégie" a été dénoncée par Jaroslav Otcenatcek, lequel a fait le rapprochement avec une volonté du gouvernement de desservir des intérêts purement politique "au détriment de ceux qui, selon lui, sont les premiers concernés, à savoir nous les pêcheurs".

Relèvement des quotas de pêche

Un argument réfuté par le ministre : "Nous devons intégrer la pêche au sein de l’économie polynésienne, d’une manière générale tout d’abord, afin de poser les bases d’une politique de développement durable, puis une fois que cela sera fait, nous traiterons chaque section à l’intérieur. (…) On ne doit exclure personne, de l’armateur, au petit pêcheur et son poti mārara. Chacun a sa place dans la chaîne.". Tearii Alpha a souligné l’importance de regarder du côté de l’Europe : "Le souci aujourd’hui est de savoir comment obtenir des appuis budgétaires de la commission européenne avec ou sans ouverture de la ZEE (Zone Economique Exclusive). Cette réflexion est sur la table. Je souhaitais donc la développer et la proposer aux professionnels du port de pêche."

En effet, la principale crainte du gouvernement est que si, pour l’heure l’Organisation des Nations Unies ne s’est pas encore véritablement intéressée à notre zone de pêche, il semble que les pays asiatiques font pression pour une ouverture qui leur serait favorable.

"Nous sommes encore plus ou moins protégé à ce niveau-là, mais pour combien de temps ? Il suffit, pour cela, de regarder ce qui se passe chez nos voisins des Fiji, Kiribati et autres communautés du Pacifiques. Les navires asiatiques dominent la pêche dans ces zones." .

Dans son argumentation, Tearii Alpha a également suggéré la rehausse des quotas pêché . "Nous avons tout intérêt à aller en ce sens. Pourquoi ? Eh bien, si jamais l’ONU décidait un jour d’imposer l’ouverture des quotas au sein de notre ZEE, il faut comprendre que rien ni personne ne pourra s’interposer à cette décision. Dans ce cas éventuel, si nous maintenons nos quotas au niveau actuel, ce sera une raison supplémentaire pour les pêcheries asiatiques de démontrer que nous ne sommes pas à la hauteur en matière de production. En relevant nos quotas, nous avons un argument qui nous permettra de nous aligner. Mais cela doit se faire très vite, pas dans trois ans, mais dans les semaines à venir ! " a-t-il insisté.

Mais se tourner vers l’Europe signifie évidemment proposer un accord de partenariat pour pouvoir bénéficier de subventions et de soutien budgétaires qui serviraient à mieux équiper les navires, procéder à des extensions d’infrastructures, ainsi qu’à la formation des équipages polynésiens.

"mais nous ne pourrons pas obtenir des subventions de l’Union européenne si nous ne leur proposons pas de partenariat gagnant-gagnant. Dans un partenariat, il faut accepter une partie des demandes et puis proposer que cela soit réalisé dans nos contraintes et nos recommandations. Aujourd’hui, nous avons le pouvoir de proposer les contraintes et les recommandations propre à la Polynésie dans n’importe quel partenariat. C’est ce que nous venons de faire avec les chinois. Nous pourrons le faire demain le faire avec l’Europe."

Ce pouvoir de proposition intervient après que la Polynésie ait "sanctuarisé" son océan. Cela revient également à dire qu’elle s’oppose directement aux intérêts économiques des pays environnants et que, de ce fait, elle est la première cible en cas d’embargo. Il est donc devenu plus que crucial d’avoir un allié de taille de qui il sera possible d’obtenir de l’aide, des conseils mais également de l’expérience.

Pour amorcer le mouvement, le ministre a demandé également que les pêcheurs puissent gérer eux-mêmes la Caisse d’avance, une sorte de fonds de trésorerie qui permet de faire tourner les campagnes ainsi que les ventes de produits de la mer. L’objectif avoué serait, à terme, de permettre la privatisation de la S3P, la Société du port de pêche de Papeete, qui serait alors gérée comme une véritable société privée et non plus par une S.E.M ou le politique est partie prenante. Non, il faut que la filière soit gérée par des professionnels du secteur. Préparons dès aujourd'hui l'avenir de notre pêche !"

Pour finir, Tearii Alpha a donné rendez-vous aux pêcheurs ce vendredi 16 août à 13h30 afin de préparer un projet qui pourrait être soumis, à Bruxelles, en fin d’année.

TP

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