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Chikungunya : pas de «quarantaine» pour les malades

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Chikungunya : pas de «quarantaine» pour les malades
PAPEETE, le 1er juin 2014. Depuis la découverte, le 28 mai dernier d’un premier cas, importé de chikungunya en Polynésie française, les autorités locales se sont mobilisées pour limiter la prolifération de ce virus, transmis à l’homme par le moustique Aedes aegypti. Autour de ce premier cas isolé d’une personne résidant à Arue, tout juste rentrée d’un voyage en Guadeloupe où une épidémie de chikungunya est en cours, de nombreuses actions de lutte anti-vectorielle ont été mises en place. Opérations de dégitage manuel par les municipalités à Arue, Pira et Mahina, autour des trois lieux fréquentés par la patiente au cours des derniers jours ; pulvérisation d’insecticide (deltaméthrine) vendredi dernier, le 30 mai, dans les mêmes secteurs avec intervention dans les domiciles où la personne s’est rendue depuis son retour de Guadeloupe le dimanche 25 mai. Les pulvérisations d’insecticide –pour tuer les moustiques adultes- reprendront ce lundi 2 juin puis vendredi, le 6 juin entre 6h et 9h dans des secteurs répertoriés. Le but étant de tuer tous les moustiques ayant atteint leur forme adulte au cours des sept jours suivant l’apparition des symptômes du chikungnuya chez la personne atteinte. Ces 7 jours correspondent à la période sensible où la malade a pu transmettre le virus à des moustiques Aedes aegypti de Polynésie, jusque là épargnés par ce virus.

Cette période d’action est ainsi stratégique pour les autorités du Pays qui espèrent pouvoir stopper net la transmission du chikungunya sur le territoire. Mais, on ne saura vraiment si les mesures mises en place ont été efficaces que d’ici la fin de la semaine prochaine. Si aucun nouveau cas n’est révélé, il est possible que ce cas importé de chikungunya restera isolé. Pour combien de temps ? Difficile à dire. En effet, des épidémies de chikungunya sont en cours depuis plusieurs mois dans différents pays du Pacifique : à Tonga, le plus proche de Polynésie, mais aussi en Micronésie sur l’île de Yap. En Nouvelle-Calédonie également, le virus a circulé déjà plusieurs fois, mais le dernier cas rapporté date de fin 2013. Bref, le chikungunya est à nos portes depuis longtemps. Ce cas importé en Polynésie, venu de Guadeloupe, est ainsi une surprise pour les autorités. «Cela montre qu’il y a plus de liaisons entre les différents territoires français ultramarins qu’avec les pays du Pacifique» note le docteur Henri-Pierre Mallet, du bureau de veille sanitaire.

Pour autant, pas question de pister, de tester biologiquement ou de mettre en quarantaine tous les voyageurs, particulièrement ceux qui arriveraient des Antilles françaises ou même des pays caribéens où circule en ce moment le chikunguyna, à leur arrivée sur le territoire polynésien. La mesure est impossible, légalement et matériellement, à tenir. En revanche, des panneaux seront installés à l’arrivée à l’aéroport international de Tahiti Faa’a à destination des voyageurs en provenance des Caraïbes, pour qu’en cas de fièvre soudaine et de douleurs aux articulations, ils aillent au plus vite consulter un médecin, lequel prescrira une analyse sanguine à la recherche du V-CHIK. Tous les cas suspects doivent être signalés par les médecins «le premier maillon de la chaine» insiste le docteur Henri-Pierre Mallet, soulignant la qualité et la précocité du diagnostic initial réalisé par le médecin libéral ayant identifié le virus chez la patiente revenant de Guadeloupe. A noter que durant cette phase stratégique, qualifiée par les autorités sanitaires de «phase d’alerte maximale», l’examen sanguin d’indentification du chikungunya est entièrement pris en compte par la Direction de la santé polynésienne.

Pas question non plus de mettre à l’isolement la patiente actuellement porteuse du virus, comme cela a été suggéré dans certains commentaires sur les réseaux sociaux parce qu’il faudrait pour cela un arrêté d’Etat difficile à justifier au regard de la menace. La personne malade a été néanmoins informée de mesures de précaution qu’elle doit prendre aux cours des jours prochains : limiter les déplacements, se protéger avec des répulsifs pour éviter d’être piquée par un moustique auquel elle pourrait transmettre le virus, et vivre le plus souvent possible sous moustiquaire.

Enfin les autorités sanitaires du Pays ont tenu à rassurer sur la dangerosité du virus, «tout le monde a en tête l’épidémie de chikungunya à La Réunion en 2006, mais celle en cours actuellement aux Antilles semble moins active. Comme la dengue ou le zika, le plus souvent la maladie reste bénigne. Dans le cas de la patiente atteinte, les symptômes sont restés faibles, sa charge virémique est donc faible aussi, on peut donc espérer qu’elle est peu contagieuse pour les moustiques qu’elle va croiser en Polynésie» détaille encore Henri-Pierre Mallet. A La Réunion en 2006 c’est le moustique Aedes albopictus qui était le transmetteur ; dans les Caraïbes c’est l’Aedes aegypti le vecteur depuis la fin de l’année 2013. Potentiellement, c’est ce moustique tigre qui pourrait être le vecteur du V-CHIK en Polynésie où une inconnue demeure : l’autre moustique récurrent sur le territoire, l’Aedes polynesiensis pourra-t-il également être une courroie de transmission ?

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