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En cas d'accident en Polynésie, place aux ambulanciers des airs

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En cas d'accident en Polynésie, place aux ambulanciers des airs
PAPEETE, 13 mai 2014 (AFP) - Un Casa de l'armée décolle de Papeete, direction Bora Bora: en Polynésie, une évacuation sanitaire passe par les airs. Cette fois, le compte à rebours a commencé pour un homme et une adolescente victimes d'un accident de scooter, deux heures plus tôt.

Deux pilotes, un mécanicien, un médecin et une infirmière vont tenter de les ramener en vie à Papeete.

La plupart de ces "Evasan" ("évacuation sanitaire" dans le jargon) sont assurées par Air Archipels, une compagnie privée. Elle en réalise environ 500 par an mais quand l'avion n'est pas disponible, ou quand les conditions sont trop difficiles, le haut-commissariat peut réquisitionner l'armée.

Elle dispose à Tahiti d'hélicoptères Dauphin pour les îles sans piste et d'avions Gardian et Casa. Malgré le retrait progressif de l'armée de cette collectivité du sud du Pacifique, ces moyens ont été conservés car ils sont les seuls à garantir l'accès à toutes les îles. Il y en a 121 dont 76 habitées, réparties sur une surface grande comme l'Europe.


En cas d'accident en Polynésie, place aux ambulanciers des airs
Les deux blessés doivent être transportés couchés et seul le Casa offre assez de place. Aux commandes, le lieutenant-colonel Christophe Ramos témoigne: "sur certaines îles, il faut arriver à vue, de nuit, avec de la pluie, et là ça peut être un peu délicat".

Là, le soleil brille quand apparaît la piste étroite, à quelques mètres du lagon turquoise de Bora Bora. Les civières sont chargées sur le transport à bagages de l'aérodrome: des palettes de bois sur roulettes, tirées par un tracteur.

L'équipe embarque ensuite dans la navette des pompiers qui doit traverser une bonne partie du lagon pour rejoindre le dispensaire, sur l'île principale.

Au quai, une ambulance attend l'équipe médicale. Sur la route, un adjoint au maire fait la transmission : le conducteur du scooter a 39 ans, sa passagère n'en a que 16. Dans le dispensaire, les proches. "C'est la police municipale qui m'a appelée mais je n'en sais pas plus", glisse la mère de l'adolescente, la voix tremblante.

Un groupe d'amis semble en savoir un peu plus. Les deux blessés auraient passé une partie de la nuit au Récif, la seule discothèque de Bora Bora et auraient continué de boire à la fermeture. A l'aube, ils sont partis sans casque, sur un scooter sans assurance. Dans un virage, ils ont percuté une voiture.

'pas de délais très courts'

Le petit ami de la jeune fille arrive, les larmes aux yeux. Il l'embrasse sur le front, tout le reste de son corps est déjà intubé ou appareillé: elle souffre de plusieurs fractures, dont une au bassin, et d'un grave traumatisme crânien. Elle n'est pas sortie du coma depuis l'accident. L'homme est aussi dans un état grave, mais il est conscient.

Il est midi, l'accident a eu lieu depuis plus de cinq heures. Les deux patients sont stabilisés, il faut parcourir le chemin en sens inverse. A Tahiti, deux nouvelles ambulances les transportent jusqu'à l'hôpital du Taaone, un fleuron sanitaire dans l'océan Pacifique. Elles arrivent à 15 heures.

Pour le chef du SAMU, le Dr Vincent Simon, il faut relativiser les huit heures écoulées: "forcément, avec les distances à couvrir, on n'a pas des délais d'intervention très courts, mais je pense qu'on a un système extrêmement performant, contrairement à d'autres pays".


En cas d'accident en Polynésie, place aux ambulanciers des airs
Chaque intervention est facturée 380 000 Fcpf (3.130 euros) à la sécu locale par l'hôpital. Sur Air Archipel, l'heure de vol coûte 290 000 Fcpf (2.400 euros) à la collectivité, et environ trois fois plus si les moyens sont militaires. Les "Evasan" inter-îles coûtent plus de 300 Millions Fcpf (2,5 millions d'euros) par an rien qu'en transport. Et certains patients doivent partir en Nouvelle-Zélande voire à Paris.

Elles sont déclenchées pour des accidents de la route, des pathologies cardiaques et pulmonaires, des urgences pédiatriques, mais aussi pour des femmes enceintes moins bien suivies dans les petites îles et qui doivent être rapatriées à Tahiti en cas d'accouchement prématuré.

Une autre équipe médicale est déjà sur le départ : un accident de décompression à Fakarava, un sanctuaire marin bien connu des plongeurs.

A cet instant, l'adolescente sort du scanner. Elle est conduite en réanimation. L'infirmière et le médecin, mobilisées depuis l'aube, n'ont toujours pas mangé. Elles n'ont pas quitté la jeune fille.

"C'est une patiente qui a un gros traumatisme crânien, pas de réflexes du tronc cérébral, le pronostic vital est très engagé" confie le Dr Eric Bonnieux, médecin en réanimation.

"Elle est têtue, mais c'est une gentille fille" chuchote sa mère en écrasant une larme, tandis que la porte se referme avant l'opération.

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