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La presse locale en deuil : Un matahiapo s’en est allé…Pārahi ana’e !

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La presse locale en deuil : Un matahiapo s’en est allé…Pārahi ana’e !
PAPEETE, le 12 mai 2014 - Ce dimanche matin, le grand journaliste polynésien David Marae est parti vers le ciel du reo mā’ohi, une langue qu’il a défendu pendant plus de 30 ans, à l’écran. Âgé de 71 ans, il laisse l’empreinte d’un homme humble, jovial et aimé de tous.

A son entrée à RFO, ou plutôt l’ORTF en 1976, David Marae s’était déjà fixé comme objectif de promouvoir la langue tahitienne sur les antennes radio, puis télé. Sa voix atypique, tendre et en même temps chantante, a aussitôt séduit les auditeurs de l’époque. Un ami proche, footballeur, se se souvient d’un homme convaincu de l’importance de la langue dans la vie de tous les jours :« Pour Tavita (prononciation du prénom David en polynésien), c’était une époque où tout restait à faire pour que le reo Tahiti soit reconnu par le public. Et, effectivement, il a su utiliser son métier pour défendre cette cause. Au fil des années, on voyait l’évolution. »

« Il était dur avec nous mais c’était un papa ! »

Comme beaucoup de ses collègues de Polynésie 1ère (autrefois RFO), Heia Parau journaliste à la station de Pamatai a apprécié le personnage, fervent défenseur de la langue de Vaitā : « A l’époque, nous étions, avec Stella Taaroamea, les premières femmes à présenter le ve’a Tahiti. » avant de nous livrer une anecdote de ses débuts qui montre une autre facette du présentateur : « Je débutais à cette époque-là, dans les années 90. Un jour, Eugène Roe l’ancien rédacteur-en-chef de RFO Polynésie décida de me mettre à l’antenne pour présenter le ve’a Tahiti. En fait, je devais remplacer David Marae car à ce moment-là, il se trouvait en séance de comité d’entreprise. (…) J’étais toute excitée car ça devait être ma première présentation et donc, je me suis préparée toute la journée. Et en milieu d’après-midi, le voilà qui arriva en ma direction en me disant simplement qu’il allait présenter le ve’a. Je me suis érigée contre lui, moi une petite débutante, j’ai osé m’attaquer au « dinosaure », à monsieur Marae. Il a obtenu gain de cause. Lui et moi étions comme chien et chat au début.»

Entre-temps, les jeunes journalistes ont gagné la confiance de Tavita Marae, « Nous étions devenues ses filles et lui comme un papa pour nous. Il corrigeait nos textes et nous conseillait d’utiliser telle ou telle autre syntaxe, ou mot. (…) Avec le temps, je reconnais qu’il avait carrément raison. Au début je me moquais de sa façon de présenter car pour moi, rebelle que j’étais, il faisait vieux jeu. Pourtant, à la suite, je me suis aperçue que c’est lui qui avait raison. Il était dur peut-être dur avec nous, mais c’était un papa ! ».

Matahiapo, ou la parole aux anciens

Incontestablement, l’émission intitulée « Matahiapo » (qui signifie « nos anciens ») et diffusée pour la première fois en 1997, aura été « l’œuvre majeure » de Tavita. L’idée était de donner la parole aux personnes de plus de 60 ans, ayant vécu dans nos îles et dont la vie a été jonchée de péripéties diverses. C’est ainsi que des milliers de bribes d’histoires ont été dévoilées sur la vie d’antan, des années 1920 à 2000. « L’intérêt dans cette émission résidait dans le fait que beaucoup d’anecdotes ou de choses insolites ont été dites alors que même les enfants ou parents proches n’en n’avaient jamais entendu parler. » nous explique māmā Terii.

Autre avantage, les nombreuses connaissances du speaker. L’un des matahiapo, également disparu aujourd’hui, Hiku Hikutini était impressionné : « on pouvait lui donner des noms de personnes, de capitaines de goélettes ou même de commerçants chinois, il les connaissait tous. » Il était comme ça notre Tavita national. Les centaines de messages de condoléances et de soutien venus de Tahiti mais également de France, de Nouvelle-Zélande et d’ailleurs démontrent qu’il était aimé au-delà des frontières Mā’ohi. Où qu’ils soient, tous n’oublieront jamais les fin de Journaux, lorsqu’après avoir salué les téléspectateurs, David Marae se balançait sur l’air du générique de fin, avec un sourire qui nous manque tant aujourd’hui. Māuruuru iā ‘oe e te hoa, ‘e’ita ‘oe e mo’e hia iā mātou !

TP




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