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Libérer la parole sur la violence faite aux femmes

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Libérer la parole sur la violence faite aux femmes
PAPEETE, le 3 avril 2014 - A l’initiative de l’association Vahine Orama, une réunion rassemblant les forces de l’ordre et des représentants du milieu hospitalier et social, s’est tenue le 1 er avril dernier à la Presqu’île. Près de trois heures de discussion.

C’est une première, et une première réussie. Le 1er avril dernier, Marie Noelle, la présidente de l’association Vahine Orama de la Presqu’île, organisait une table ronde dans un lieu qu’elle a souhaité garder secret. «Ici, je reçois souvent les femmes battues. Pour notre sécurité, il est plus judicieux de garder cet endroit inconnu», se justifie celle qu’on surnomme ici Marie No. «On se débrouille pour trouver un endroit, ce n’est pas normal, on devrait avoir un lieu d’accueil mis à disposition par le Pays !». Reconnue de tous pour son action sur le terrain auprès des victimes de violences conjugales à la Presqu’île, Marie No est aussi réputée pour son caractère bien trempé. Une qualité qui lui a permis de rassembler tant de monde pour cette réunion. La gendarmerie, l’hôpital, les affaires sociales, le service juridique, quelques victimes…

Autour de la table, se tient une dizaine de femmes. Randa, une gendarmette de la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile ; Margaux, une sage femme de l’hôpital de Taravao accompagnée de la chef des urgences ; Wendy, une assistante juridique de Te Rama Ora, l’aide aux victimes ; Esmeralda, une assistante éducatrice à la DASS de Taravao ; Marie No qu’il est désormais nulle besoin de présenter ; Maeva, une amie venue soutenir ; et, enfin, d’anciennes victimes aujourd’hui actives dans l’association… «Chacun à son rôle et doit l’assumer. L’association est un relais sur le terrain mais on ne peut pas se substituer à la gendarmerie ni aux affaires sociales» rappelle Marie No.



L’indépendance dans le couple, l’atout maître

«On sait que certaines femmes ne partent pas de chez elle car elles n’ont pas de quoi subvenir à leur besoin. Pourquoi ne pourrait-on pas déjà couper les allocations aux maris violents et les virer sur le compte bancaire de leurs femmes ? Cela pourrait les aider à partir » souligne Marie No qui cotoie ces femmes en détresse tous les jours. Haussements de sourcils de l’assemblée qui déplore à l’unisson les lenteurs et les aberrations administratives de certaines institutions. «Il serait temps que le pouvoir public s’implique et prenne en charge la logisitique. Il faut des lieux pour acccueillir ces femmes mais aussi des oreilles, elles ont besoin d’être écoutées. Pourquoi ne pas mettre en place un guichet social dans les mairies ? », interroge Marie No. «D’ici la fin avril, on va organiser des groupes de parole avec des psychologues », intervient Wendy, l’assistante juridique de Te Rama Ora. «On en a besoin. Car quand on va à la gendarmerie, on est pas toujours bien écouté» explique une ancienne victime. La réunion s’achève sur de remotiver le moral des troupes afin de poursuivre le travail d’information ensemble. Mais avant de se quitter, elles vont partager ensemble le ma’a préparé par leurs soins et ainsi clôre cette réunion, la première d’une longue série…

S. F


Libérer la parole sur la violence faite aux femmes
Marie Noelle présidente de l’association Vahine Orama à la Presqu’île.

Pourquoi était-il important d’organiser une telle réunion ?

On doit avancer ensemble pour aider aux mieux les femmes victimes de violences. En 2010, à mes débuts, je recevais une trentaine de femmes. Aujourd’hui, j’en ai plus de 200 qui viennent taper à ma porte. Les femmes de maintenant osent plus parler mais il faut tout de même garder en tête que cette violence existe et continue d’avancer. Je suis bénévole pas professionnelle, c’est important de s’entourer de professionnels pour mieux apprendre à gérer et guider les victimes. Le triangle justice, affaires sociales et association, est fondamental.

Depuis trois ans, vous intervenez à Presqu’île, pourquoi un tel engagement ?

J’ai toujours eu un talent pour aider les gens. Petite, j’ai été battue par mes frères et sœurs. Aujourd’hui, je leur ai pardonnés, cela m’a donné de la force. Et, cette force, je m’en sers pour aider les autres femmes. Vous savez, le plus dur est de lutter seule. Je suis une simple femme de ménage, tout ce que je fais pour Vahine Orama est bénévole. Quand j’accueille des femmes en détresse, parfois menacées de mort par leurs agresseurs, je les prends complétement en charge. C’est parfois difficile mais c’est plus fort que moi, c’est mon cœur qui parle avant tout.

Libérer la parole sur la violence faite aux femmes
Chez les jeunes : quand l’idylle tourne à l’affrontement

Des jeunes de la classe cinéma du lycée de Papara ont réalisé un film sur un couple d’adolescents. C’est l’histoire d’une lycéenne de 16 ans qui tombe folle amoureuse d’un jeune de son âge. Le jeune couple vit une idylle qui vire au cauchemar lorsque la jeune fille tombe enceinte. A la naissance de l’enfant, elle arrête ses études pour s’occuper de son bébé. Lui, trouve du travail. Mais de plus, son tane traine après le boulot, rentre tard et bien trop souvent saoûl. La jeune fille lui en fait part mais il ne change pas. Un soir, la jeune fille s’énerve. Lui, répond et finit par lever la main sur elle. «C’est l’un des problèmes dans notre fenua. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes se mettent en couple alors qu’ils sont encore des adolescents», intervient Maeva, une amie de Marie No. « L’immaturité est l’un des facteurs de la violence conjugale», explique Randa de la BPDJ (brigade de prévention de la délinquance juvénile). «Quand je fais visionner ce film aux lycéens, j’explique aussi aux jeunes filles l’importance d’avoir un travail pour pouvoir devenir indépendante».


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