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Culture : le « taurumi » ou l’art d’apaiser le corps et l’esprit

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Culture : le « taurumi » ou l’art d’apaiser le corps et l’esprit
PAPEETE.28 mars 2014 – Les familles polynésiennes connaissent bien les vertus d’un bon massage prodigué par quelqu’un de son entourage. Nul besoin d’une formation spéciale ou d’avoir un diplôme spécifique. En général, les gestes et techniques ont été transmises par un grand-parent ou un oncle. Au fil du temps, certains sont devenus de véritables spécialistes de l’art du « taurumi » (on reconnait ici les morphèmes « tau » (poser) et « rumi » (lisser, masser, en profondeur).

Pour preuves, les mères et les grands-mères massent les nouveaux-nés, une tradition qui se pratique encore dans certains districts de Tahiti et les archipels éloignés. Les gestes se font tout naturellement, d’instinct. On peut donc les observer étirant et délassant les petites jambes, les petits bras avec de l’huile de mono’i. Cela libère ainsi les tensions de l’enfant. Les mamans des temps anciens avaient pour habitude d’élargir le front et pressaient le nez car les critères de beauté étaient un front large et un nez écrasé.

En dehors des familles, le taurumi est surtout l’activité principale de certaines personnes douées en la matière. Il n’est pas rare que ces spécialistes soient consultés, au même titre qu’un docteur ou autre professionnel de la santé, dans un but préventif le plus souvent. Bien que, pour la plupart, cette activité n’est pas commerciale, elle leur permet cependant de sillonner les archipels à l’invitation d’îliens.

Les techniques diffèrent selon le masseur. A Tahuata par exemple, un « ta’ata taurumi » (masseur) utilisait régulièrement un fer à repasser. Une technique alliant l’élément moderne et le traditionnel. Le patient avait le dos recouvert d’une serviette sur laquelle le masseur frappait modérément la paume d’une de ses mains après l’avoir chauffé rapidement au fer à repasser. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, le geste mainte fois éprouvé n’a jamais incommodé ni blessé personne.

Mais le taurumi se retrouve également au sein des cabines de Spa et autres institut locaux (utilisant notamment la techniques des pierres chaudes). Là, les professionnels ont su allier traditionnel et cure occidentale, bien qu’il ne convienne toutefois pas de comparer les services proposés à de véritables références culturelles. Pour mieux comprendre, le taurumi peut être considéré comme un acte thérapeutique lequel prévient ou traite les douleurs physiques mais également spirituelles. En fait, le « ta’ata taurumi » se concentre sur les lignes d’énergie qui traversent tout le corps afin d’expulser le nœuds qui les entravent.

Culture : le « taurumi » ou l’art d’apaiser le corps et l’esprit
A bas les mauvaises énergies !

Le taurumi polynésien se pratique le plus souvent avec les mains, mais certains utilisent aussi les coudes et les pieds. D’autres montent assis ou debout sur le patient. Cette dernière technique assez particulière (et qui ne se pratique seulement sur des individus à fortes corpulences) permet au masseur de détecter les zones à traiter. Mais évidemment, plus que le ressenti du masseur lui-même, ce sont à n’en pas douter les cris de douleurs des personnes qui apportent les bonnes précisions.

Les extrémités des mains, des pieds et de la tête sont des parties considérées comme « zone d’exutoires ». C’est par ces dernières que les masseurs expulsent d’un geste de la main, les mauvaises énergies . Pendant la séance, le silence est de mise. Le patient a la possibilité de s’exprimer pour manifester sa douleur ou son plaisir, de façon réservée toutefois. Des prières ou des paroles apaisantes accompagnent régulièrement les soins prodigués.

Culture : le « taurumi » ou l’art d’apaiser le corps et l’esprit
Et vive les plantes !

Et puis, on ne peut évoquer le thème du massage sans aborder celui de la pharmacopée traditionnelle. Un domaine qui requiert également des connaissances héritées de la tradition et de l’histoire. Le mono’i étant le compagnon inconditionnel du masseur, de nombreuses substances actives de plantes sont savamment exploités en fonction des maladies ou maux dont souffrent le patient.

Chacun a son secret de fabrication pour ses remèdes, mais quelques généralités existent. La tiare Tahiti est incontournable pour ses vertus calmantes, tandisque le tamanu sera utilisé pour apaiser les brûlures. Le pūrau (fleur d’hibiscussier sauvage) accelère le renouvellement cellulaire et enfin,le ahi (santal) sera plutôt appliqué pour les problèmes cutanés.

Le mental n’est pas exclu. Certaines espèces agissent directement sur ce dernier, tout en libérant des émotions. Aujourd’hui, les bienfaits du taurumi et des remèdes traditionnels (le rā’au Tahiti) sont reconnus, et le Pays ambitionne de rapprocher les soins traditionnels et les soins médicaux et de les associer plutôt que de les opposer. Cela se traduira par la reconnaissance du statut de tradipraticiens.

TP

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