Vendredi 28 février 2014. A la Réunion dans l’océan indien, les attaques de requins sur l’homme ont subitement augmenté depuis 2011. Des surfeurs, des bodyboardeurs mais également des baigneurs en ont été les victimes, même un chien s’est fait dévorer.
Suite à ces diverses attaques de requins à la Réunion, le préfet a instauré en fin juillet 2013 une interdiction de la baignade et du surf en dehors de zones surveillées qui a été reconduite le 2 octobre dernier. L’économie touristique, voire l’économie en général de cette île de l’océan indien, a subi de plein fouet cet état de fait.
Tahiti Infos a pu rencontrer deux surfeurs réunionnais. Le premier de passage à Tahiti pour les vacances, le deuxième pour tenter de s’y installer. Ils ont accepté de témoigner sur un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre et déchaîné les passions.
Robert Antony au micro de Tahiti Infos :
« J’ai 30 ans. Je suis prof de surf. Je suis obligé de faire une reconversion, parce que le surf c’est plus possible à la réunion. Je suis à Tahiti pour surfer, pour me changer les idées et profiter de l’océan au maximum. »
« Les choses ont changé. Ce n’est plus la Réunion que j’ai pu connaître. Les sessions sont très limitées et il y a un gros risque requin. J’ai perdu beaucoup de potes et je pense que ce n’est pas fini, c’est ça le pire. Voir des gens aussi jeunes mourir, c’est triste. L’ambiance a complètement changé. L’économie aussi. La Réunion vivait du tourisme. Sans touristes c’est dur. Sur 12 écoles de surf, il n’y en a plus aucune, juste une école de paddle. Tous les restaurants des alentours c’est pareil, dans les hôtels il y a moins de monde et les ‘surf shops’ ferment les uns après les autres. »
« Pour moi, il y a plusieurs facteurs. Un des principaux paramètres de cette histoire c’est la réserve marine. L’interdiction de pêche a créé un garde-manger pour les requins bouledogue. Il y a eu la ferme aquacole à Saint Paul. L’élevage de poissons a attiré les requins vers la côte ouest. Il y a la pollution, avec la station d’épuration qui rejette ses eaux usées dans l’océan. L’eau est sale. Il y a 10 ans, tu voyais 20 tortues par jour. Aujourd’hui tu en vois 100 voire 200 par jour. Ca, c’est un gros facteur aussi. Les requins mangent les tortues et assimilent les surfeurs aux tortues. Avant il n’y avait pas de tortues, il n’y avait pas de requins. On a également constaté qu’il n’y avait plus de requins de récif. Les pointes noires, les pointes blanches on en voit plus du tout, du tout. »
« Au vu de la situation, même si au fond de nous mêmes on est écolo et que l’on ne veut pas tuer de requins, il y a un réel problème alors si on en tue pas quelques uns, on ne pourra plus se permettre d’aller dans l’eau. C’est comme si on enlevait aux tahitiens leur élément. Ils vivent de ça, nous aussi on vit de ça et aujourd’hui ce n’est plus possible. Il faudrait prendre tout en compte et travailler sur chaque facteur. Il y a pleins de choses à mettre en place tout en restant amical avec l’écosystème, c’est quand même important. »
Antony Rieu s’est également exprimé :
« Je suis né à la Réunion et j’y suis resté jusqu’à mes 18 ans. Ensuite je suis parti en métropole faire mes études. Je suis ensuite revenu m’installer à la Réunion et un an après les attaques ont commencé. C’est une petite île, dans le milieu du surf on se connaît tous, donc oui, j’ai perdu des amis de session, des amis de soirées, des amis tout court qui disparaissent trop jeunes, trop tôt.»
« Mon arrivée à Tahiti est directement liées à ça, on ne pouvait plus surfer l’esprit libre. On disait au revoir à notre famille avant d’aller surfer sans être sûr de revenir. J’ai préféré rentrer en métropole et passer mon diplôme de prof de surf pour m’installer en Polynésie pour chercher du travail dans la vente ou dans le surf. »
« Le requin bouledogue est sédentaire. Même si on enlève tous ces facteurs qui les ont rapprochés, c’est maintenant devenu leur territoire. Mon avis c’est que le bouledogue n’est pas une espèce protégée donc pourquoi la protéger autant ? Pour moi il est ‘méchant’, il a chassé ou mangé tous les requins de récif locaux de la Réunion. Pour moi c’est un réel problème écologique parce que les gens ne vont plus aux plages sans lagon. Tout le monde va au lagon et cela l’abîme. La crème solaire, les palmes-masque-tuba qui cassent tout…Le lagon est devenu pollué et surpeuplé. Déjà qu’il n’était pas en bon état, là c’est catastrophique. »
« Leur ‘délire écolo’ est en train d’aggraver les chose. Tout ce que l’on demandait il y a trois ans c’était de pêcher les gros requins dangereux. Récemment une femelle a été pêchée, il y avait 14 bébés requins à l’intérieur. On comprend bien qu’à cette vitesse là c’est surpeuplé de requins bouledogue. Les endroits où l’on se baignait depuis petits, on ne peut plus y mettre un doigt de pied puisque même un chien qui va chercher une balle se fait manger par un requin, comme c’est arrivé. »
« Cela n’engage que moi mais il y trop de gens qui se sentent concernés par ce sujet et qui n’ont pas mis un pied à la Réunion, qui n’ont jamais surfé de leur vie et qui ne peuvent pas comprendre notre problème. C’est comme si on disait demain à un Polynésien ‘tu ne peux plus aller dans l’océan parce que ce n’est pas chez toi.’ SB
Suite à ces diverses attaques de requins à la Réunion, le préfet a instauré en fin juillet 2013 une interdiction de la baignade et du surf en dehors de zones surveillées qui a été reconduite le 2 octobre dernier. L’économie touristique, voire l’économie en général de cette île de l’océan indien, a subi de plein fouet cet état de fait.
Tahiti Infos a pu rencontrer deux surfeurs réunionnais. Le premier de passage à Tahiti pour les vacances, le deuxième pour tenter de s’y installer. Ils ont accepté de témoigner sur un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre et déchaîné les passions.
Robert Antony au micro de Tahiti Infos :
« J’ai 30 ans. Je suis prof de surf. Je suis obligé de faire une reconversion, parce que le surf c’est plus possible à la réunion. Je suis à Tahiti pour surfer, pour me changer les idées et profiter de l’océan au maximum. »
« Les choses ont changé. Ce n’est plus la Réunion que j’ai pu connaître. Les sessions sont très limitées et il y a un gros risque requin. J’ai perdu beaucoup de potes et je pense que ce n’est pas fini, c’est ça le pire. Voir des gens aussi jeunes mourir, c’est triste. L’ambiance a complètement changé. L’économie aussi. La Réunion vivait du tourisme. Sans touristes c’est dur. Sur 12 écoles de surf, il n’y en a plus aucune, juste une école de paddle. Tous les restaurants des alentours c’est pareil, dans les hôtels il y a moins de monde et les ‘surf shops’ ferment les uns après les autres. »
« Pour moi, il y a plusieurs facteurs. Un des principaux paramètres de cette histoire c’est la réserve marine. L’interdiction de pêche a créé un garde-manger pour les requins bouledogue. Il y a eu la ferme aquacole à Saint Paul. L’élevage de poissons a attiré les requins vers la côte ouest. Il y a la pollution, avec la station d’épuration qui rejette ses eaux usées dans l’océan. L’eau est sale. Il y a 10 ans, tu voyais 20 tortues par jour. Aujourd’hui tu en vois 100 voire 200 par jour. Ca, c’est un gros facteur aussi. Les requins mangent les tortues et assimilent les surfeurs aux tortues. Avant il n’y avait pas de tortues, il n’y avait pas de requins. On a également constaté qu’il n’y avait plus de requins de récif. Les pointes noires, les pointes blanches on en voit plus du tout, du tout. »
« Au vu de la situation, même si au fond de nous mêmes on est écolo et que l’on ne veut pas tuer de requins, il y a un réel problème alors si on en tue pas quelques uns, on ne pourra plus se permettre d’aller dans l’eau. C’est comme si on enlevait aux tahitiens leur élément. Ils vivent de ça, nous aussi on vit de ça et aujourd’hui ce n’est plus possible. Il faudrait prendre tout en compte et travailler sur chaque facteur. Il y a pleins de choses à mettre en place tout en restant amical avec l’écosystème, c’est quand même important. »
Antony Rieu s’est également exprimé :
« Je suis né à la Réunion et j’y suis resté jusqu’à mes 18 ans. Ensuite je suis parti en métropole faire mes études. Je suis ensuite revenu m’installer à la Réunion et un an après les attaques ont commencé. C’est une petite île, dans le milieu du surf on se connaît tous, donc oui, j’ai perdu des amis de session, des amis de soirées, des amis tout court qui disparaissent trop jeunes, trop tôt.»
« Mon arrivée à Tahiti est directement liées à ça, on ne pouvait plus surfer l’esprit libre. On disait au revoir à notre famille avant d’aller surfer sans être sûr de revenir. J’ai préféré rentrer en métropole et passer mon diplôme de prof de surf pour m’installer en Polynésie pour chercher du travail dans la vente ou dans le surf. »
« Le requin bouledogue est sédentaire. Même si on enlève tous ces facteurs qui les ont rapprochés, c’est maintenant devenu leur territoire. Mon avis c’est que le bouledogue n’est pas une espèce protégée donc pourquoi la protéger autant ? Pour moi il est ‘méchant’, il a chassé ou mangé tous les requins de récif locaux de la Réunion. Pour moi c’est un réel problème écologique parce que les gens ne vont plus aux plages sans lagon. Tout le monde va au lagon et cela l’abîme. La crème solaire, les palmes-masque-tuba qui cassent tout…Le lagon est devenu pollué et surpeuplé. Déjà qu’il n’était pas en bon état, là c’est catastrophique. »
« Leur ‘délire écolo’ est en train d’aggraver les chose. Tout ce que l’on demandait il y a trois ans c’était de pêcher les gros requins dangereux. Récemment une femelle a été pêchée, il y avait 14 bébés requins à l’intérieur. On comprend bien qu’à cette vitesse là c’est surpeuplé de requins bouledogue. Les endroits où l’on se baignait depuis petits, on ne peut plus y mettre un doigt de pied puisque même un chien qui va chercher une balle se fait manger par un requin, comme c’est arrivé. »
« Cela n’engage que moi mais il y trop de gens qui se sentent concernés par ce sujet et qui n’ont pas mis un pied à la Réunion, qui n’ont jamais surfé de leur vie et qui ne peuvent pas comprendre notre problème. C’est comme si on disait demain à un Polynésien ‘tu ne peux plus aller dans l’océan parce que ce n’est pas chez toi.’ SB
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