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2ème plateau de ‘Outumaoro : 75 % des familles acceptent de quitter les lieux

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Après l’expulsion d’une dizaine de familles affiliée au groupe Te Hau Pakumotu il y a un peu plus d’une semaine, l’épée de Damoclès plane aujourd’hui, au-dessus des familles habitant le second plateau de ‘Outumaoro, situé en bas du Lycée Hôtelier. Originaires pour la plupart de Makemo et de Taenga, la majorité d’entre elles a déjà commencé à déménager leurs affaires depuis dimanche. Le pays leur a promis un logement, ce que confirme Luc Faatau, chargé de mission à la présidence du gouvernement.
2ème plateau de ‘Outumaoro : 75 % des familles acceptent de quitter les lieux
Luc Faatau chargé de mission pour la revalorisation du patrimoine de la Polynésie française, était sur place ce mercredi matin afin de coordonner le démantèlement d’un hangar de construction de speed-boat appartenant à la famille Mairoto de Taenga. « il faut savoir que la décision d’expulsion rendue en 2009, et ayant trouvé une première application sur le plateau situé en contrebas, concerne également ce terrain. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus rencontrer les familles qui sont ici, afin de leur proposer une solution de relogement. Le propriétaire du hangar que nous démontons aujourd’hui a accepté notre proposition. De ce côté-là, c’est l’OPH qui se chargera ensuite de les placer. » Continuait d’expliquer Luc Faatau. Une large partie des familles concernées aurait déjà reçu la promesse d’être relogée dans divers lotissements situés sur les hauteurs de Punaauia, ainsi qu’à Paea.

Interrogées, les familles ont confirmé leur intention de partir. Toutefois, certaines ont tenu à apporter quelques précisions sur le processus en cours : « Pour ma part, expliquait pāpā Mairoto, je sais que l’affaire avait été portée devant les tribunaux et notre avocate nous avait expliqué que le prochain jugement sera rendu le 12 février 2014. Entre- temps, Luc Faatau et Athanase Hikutini sont venus nous dire de partir. Or, on pensait que le gouvernement allait attendre la décision de justice de 2014, et voilà qu’il veut qu’on quitte les lieux rapidement. »

Selon Luc Faatau, le jugement évoqué par les familles ne concerne en rien la procédure en cours. « S’il y aura effectivement un jugement en février prochain, il n’a aucun lien avec la décision d’expulsion car moi, je retourne la question suivante aux revendiquants : pourquoi, durant toute ces années, ils n’ont rien dit car le terrain avait été revendu à plusieurs reprises et le dernier acquéreur en date est le Pays. De toute manière, il fallait surtout déposer un recours contre la décision d’expulsion rendue en 2009. (…) s’ils l’avaient fait, on ne serait pas là aujourd’hui ! ».

Dans le cadre d’une nouvelle procédure de revendication, la balance judiciaire risque de ne pas pencher en leur faveur, en raison de l’absence de documents probants, mais aussi de la prescription décennale. Il s’agit d’une période durant laquelle les modalités d’une vente et d’acquisition sont sécurisées, puis validées définitivement. La situation semble donc bien compliquée pour les familles.

Luc Faatau s’est toutefois montré sensible quant à leur avenir : « c’est pour cela que nous ne venons pas par la force. Pour preuve, nous démontons ce hangar de construction pour que son propriétaire puisse le reconstruire ailleurs. Nous allons d’ailleurs lui proposer un terrain où il pourra continuer à exercer son activité. ». Sur place, on dénombre notamment une vingtaine d’enfants et adolescents « qui ne doivent pas subir tout ça. » avait ajouté pāpā Mairoto. Ce dernier ne veut pas s’opposer à la décision. Il a pris l’exemple des Pakumotu : « Nous n’avons rien à voir avec eux. Ils ont voulu faire les choses à leur manière et on a vu ce que cela a donné. ».

Et pourtant, plusieurs années auparavant, ces mêmes familles avaient proposé aux membres du groupe Hau Pakumotu une association en vue de régler les différents litiges fonciers. Ces derniers avaient refusé « en prétendant qu’il fallait les laisser faire. Seulement, quand les gendarmes sont venus, ils n’ont rien compris. C’est ça qu’ils appellent « les laisser faire » ? » demandait pāpā Mairoto. Même son de cloche pour Loulou Taamino de Makemo, une autre habitant : « On ne veut pas s’ériger contre la loi, bien que cette histoire de terre date des années 70. A l’époque, c’était ma grand-mère qui l’avait revendiqué, mais pour nous, nous allons être relogés. » . Du côté du Gouvernement, le Ministre du Logement s’est voulu rassurant.

2ème plateau de ‘Outumaoro : 75 % des familles acceptent de quitter les lieux
« …nous mettons tout en œuvre pour que la libération des lieux se fasse dans le calme".

"Ce que nous souhaitons privilégier avant tout, c’est la discussion en vue de trouver des solutions", a insisté Marcel Tuihani, mercredi 24 juillet, au sujet du relogement des 25 familles installées sur le plateau de près d’un hectare et demi situé entre la descente de la RDO et la voie d’accès au lycée hôtelier. "Sur les 14 familles qui ont accepté d’entrer en discussion avec le Pays, six familles feront l’objet de relogement. Il faut savoir que deux des familles installées sur place sont propriétaires d'un terrain et d'une maison. Ces familles sont donc invitées à retourner chez elles. (…) Aujourd'hui, toutes les décisions de justice ont été rendues et les délais de recours sont épuisés. L’ordonnance d’expulsion date du 28 septembre 2009. (…) Mais nous mettons tout en œuvre pour que la libération des lieux se fasse dans le calme".

Le 16 juillet dernier, lors d’une première opération d’expulsion, les forces de l’ordre avaient délogé une dizaine de familles proches du mouvement Pakumotu, occupant illégalement depuis plusieurs années le premier plateau du site territorial d’Outumaoro. Trois d’entre-elles avaient alors accepté les solutions de relogement proposées par le Pays.

Le 4 juillet dernier, le président Gaston Flosse a présenté officiellement, après la signature d'un accord pour le rachat du foncier de l’ancien Sofitel Maeva Beach, le vaste projet d’aménagement touristique dénommé Mahana Beach que le Pays prévoit d’implanter sur les 52,8 hectares de terres domaniales situées dans la zone d’Outumaoro.

Le projet a été présenté par Gaston Flosse comme "80 à 100 milliards Fcfp d’investissements et entre 2 300 et 2 500 emplois directs à l’horizon 2018-2020". Il a aussi été qualifié de "premier vrai projet touristique de Polynésie française" : trois à quatre hôtels, soit près de 1 200 chambres, un palais des congrès, un auditorium, "un market place", des magasins de grand luxe, un agrandissement de la marina, une promenade en bord de mer allant de la pointe Tata’a jusqu’à la marina Taina.

Les terrains en contrebas du lycée hôtelier devront accueillir les zones réservées au personnel du complexe touristique Mahana Beach. En attendant, les travaux de démantèlement se poursuivent dans le calme. Selon Athanase Hikutini, également médiateur dans cette affaire pour le compte du Pays, « 75 % des familles acceptent de quitter les lieux. »


TP & JPV

2ème plateau de ‘Outumaoro : 75 % des familles acceptent de quitter les lieux
Les Mairoto font partie des familles qui ont accepté le dispositif de relogement proposé par le Pays.

2ème plateau de ‘Outumaoro : 75 % des familles acceptent de quitter les lieux
Ce petite "village" compte près d'une vingtaine d'enfants et adolescents. Selon les occupants des lieux, "ils n'ont pas à subir ça !" en parlant de l'expulsion prévue très prochaînement.

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