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Le naufragé du Pacifique rêvait de "tortilla" et de ses parents

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Le naufragé du Pacifique rêvait de
MAJURO, 4 février 2014 (AFP) - Un naufragé affirmant avoir dérivé pendant 13 mois dans le Pacifique a confié à l'AFP mardi avoir pensé au suicide afin d'abréger son calvaire, mais l'espoir de revoir les siens et d'avaler une tortilla l'a emporté.

José Salvador Alvarenga, pêcheur au Mexique, a été récupéré lundi par un patrouilleur de la police des îles Marshall, sur un atoll isolé où s'était échoué jeudi dernier son bateau de 7 mètres, au terme d'une longue dérive de quelque 12.500 kilomètres.

"Je ne voulais pas mourir de faim", a déclaré jeudi à l'AFP cet homme de 37 ans, qui s'exprime en espagnol et qui est actuellement hospitalisé à Majuro, capitale de l'archipel du Pacifique sud, pour reprendre des forces.

"Il y a eu des moments où j'ai pensé me suicider mais j'avais peur de faire cela", a également déclaré ce fervent catholique, levant les bras vers le ciel.

Cheveux décolorés par le soleil et barbe hirsute, cet homme solidement bâti paraissait dans une étonnante bonne forme physique à son arrivée à Majuro, cinq jours après avoir mis pied à terre sur l'atoll reculé d'Ebon.

Il ne semblait pas avoir les lèvres gercées, la peau brulée ou présenter d'autres signes d'une forte exposition aux éléments.

"Il avait l'air mieux que l'on aurait pu s'y attendre", a déclaré l'ambassadeur américain Thomas Armbruster lundi après avoir joué l'interprète pour les autorités des îles Marshall.

Affamé, il a plus d'une fois rêvé de ses plats favoris. "Et puis je me réveillais et tout ce que je voyais c'était le soleil, la mer et le ciel. Mon rêve depuis un an est de manger une tortilla (galette à base de maïs spécialité de la cuisine mexicaine), du poulet et plein d'autres choses".

Outre la nourriture, son père et sa mère manquaient cruellement à José Salvador Alvarenga, qui a indiqué ne pas être marié mais avoir une fille, Fatima, qu'il brûle de revoir.

Originaire du Salvador, Alvarenga résidait depuis quinze ans au Mexique.

Interrogée par CNN au Salvador, la mère du rescapé, Maria Julia Alvarenga, a "remercié Dieu que (son fils) soit en vie". "Nous sommes plus qu'heureux. Je veux juste qu'il soit là avec nous", a-t-elle déclaré avec émotion.

Le pêcheur, employé d'une société appelée "Camaronera de la Costa", a raconté qu'il était parti pêcher le requin le 24 décembre 2012 avec un compagnon âgé de 15 à 18 ans, "Xiguel", lorsque des vents violents les avaient éloignés de la côte, poussant vers le large leur bateau dont le moteur avait cessé de fonctionner.

L'urine pour ne pas mourir de soif

A l'évocation du jeune homme, qui est décédé au bout de quatre mois, ne pouvant se nourrir de viande d'oiseau cru, de sang de tortue et d'urine, le regard du rescapé s'assombrit.

"Il n'arrivait pas à garder la nourriture crue dans son estomac et il vomissait sans arrêt. J'essayais de lui dire de manger en se bouchant le nez mais ça ne marchait pas".

Alvarenga a expliqué que son compagnon d'infortune était mort de faim et qu'il avait jeté son corps par dessus bord: "que pouvais-je faire d'autre?".

Pour ne pas perdre toute notion du temps, le naufragé suivait la trajectoire du soleil dans le ciel, mais semaines et mois ont fini par s'embrouiller dans son esprit.

Régulièrement, il entendait la coque de sa modeste embarcation heurter un objet et chaque fois, il s'agissait de la carapace d'une tortue marine.

"Je pouvais me pencher en dehors du bateau et les attraper. J'en ai saisi plein durant ma dérive", a-t-il déclaré, précisant qu'il attrapait également des oiseaux marins.

"Le plus dur a été de devoir boire mon urine, quand il n'a pas plu pendant trois mois", a-t-il confié.

Le pêcheur solidement bâti a enfin raconté sa joie lorsqu'il a aperçu le minuscule atoll d'Ebon, d'où émergeait le toit d'une maison.

"Je me suis précipité et j'ai appelé à l'aide", a-t-il indiqué, tandis que deux habitants des Marshall découvrait un homme uniquement vêtu de sous-vêtements en lambeaux.

Des exploits extraordinaires de survie ne sont pas rares dans le Pacifique. Déjà en 2006, trois Mexicains avait atteint les Marshall après neuf mois à la dérive.

Mardi, le ministère des Affaires étrangères de l'archipel a indiqué que l'ambassadeur du Mexique aux Philippines, qui couvre la zone des îles Marshall, se propose de prendre en charge le billet de M. Alvarenga jusqu'au Mexique.

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