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Polynésie 1ère lance son "Spécial Faits divers"

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Polynésie 1ère lance son
PAPEETE, vendredi 31 janvier 2014 – Polynésie 1ère annonce la production d’un nouveau mensuel télévisé d’information de 26 minutes, "Spécial Faits Divers", dont le premier numéro est programmé lundi 10 février à 19 h 40, dans le cadre de l’émission Polynés’îles.

La série documentaire est réalisée par le journaliste Pierre-Emmanuel Garot.

"Violence nocturnes sur Tahiti", premier opus de cette série documentaire, propose une plongée sur le terrain, dans l’univers des forces de l’ordre, sur des scènes d’investigation, dans des quartiers populaires de l’île ou lors de contrôles routiers.
"On est dedans", commente Olivier Gelin à propos de ce premier documentaire auquel le format de 26’ donne un dynamisme électrique. "En ce qui concerne les numéros suivants, la réalisation a demandé un important travail d’enquête, de recoupement d'écriture et parfois même de reconstitution – notamment pour le numéro qui reviendra sur l’affaire Akirina", précise aussi le rédacteur en chef du JT de Polynésie 1ère.

Pour l’instant la chaîne dispose de quatre numéros d’avance dont un s’intéressera à la fin tragique de la jeune Akirina, dont la dépouille avait été retrouvée nue, sous un pont de la RDO en 2006, après que l’adolescente ait été violée en réunion, puis tuée. Un autre numéro en préparation revient sur les circonstances du crash du Twin Otter F-OIQ d’Air Moorea, lors duquel ont péri 20 personnes, à la mi journée du 9 aout 2007. L'affaire est encore en instruction.

"Spécial Faits Divers" donne rendez-vous pour une première diffusion, lundi 10 février à 19 h 40 sur Polynésie 1ère.

Interview de Pierre-Emmanuel Garot, alias PEG, journaliste à Polynésie 1ère et réalisateur de la collection "Spécial Faits divers".
Propos recueillis par la rédaction de Polynésie 1ère pour l'édition de l'Hebdo à paraître le 8 février 2014


"Pour l’instant nous avons mis en boite 4 numéros dans le cadre de «Polynes'iles», sur un format de 26 minutes. Une série qui s’étoffera j’espère avec une diffusion mensuelle et, pourquoi pas, une case «dédiée»".

Certaines images sont dures, ne craignez-vous pas choquer le téléspectateur ?

PEG : Il y a une forme d’auto-censure sur les scènes où un meurtre a été commis où, même si nous avons l’aval du Parquet pour le principe de cette émission, le Procureur nous interdit par exemple de montrer des corps avant qu’un linceuil blanc les recouvre ou qu’ils soient emportés sous scellés vers la morgue pour autopsie par un médecin légiste. Ce qui est dur, quand on est polynésien de souche ou de cœur, c’est de voir, encore une fois, les conséquences de l’alcool dans la vie des ménages par exemple. Je me souviens avoir surpris, en patrouille avec les militaires, des hommes ensanglantés qui venaient de se battre avec des membres de leur propre famille. Et ne pas vouloir déposer plainte ni même se soigner, de peur de ne pouvoir remettre les pieds chez eux. Les quartiers populaires sont bien sûr en première ligne, mais les «violences intrafamiliales» s’expriment dans toutes les couches de la société et chaque soir de week end, le centre opérationnel de la gendarmerie reçoit 250 appels (au lieu des 50 quotidiens) où ces violences tiennent une bonne place.

Il faut beaucoup de psychologie dans l’approche des personnes que nous filmons et qui ont perdu un être cher dans des conditions tragiques. La caméra est rarement la bienvenue tout de suite. Mais nous évitons, quand nous le pouvons, le principe de la «caméra cachée» si répandu aujourd’hui. Il n’y a qu’à regarder «Envoyé spécial», par ailleurs mon modèle.

C’est cela qui est difficile aussi, nous sommes sur un territoire insulaire où tout le monde se connaît de près ou de loin, et il est difficile de protéger l’anonymat de ceux qui veulent bien nous parler, un détail (servitude, décoration intérieure) peut facilement traduire leur identité.

Quelles ont été vos plus grosses difficultés ? A quel moment ?

PEG : La première j’allais vous répondre. Nous avons souhaité affrèter un avion, plus précisément un Twin Otter, en octobre dernier. Précisément pour reconstituer les derniers instants de vol avant le crash d’Air Moorea, en août 2007. Nous avions l’aval de Mate Galenon, alors directeur d’Air Tahiti, pourtant frileux sur le sujet mais pas mis en examen dans cette affaire qui , je le rappelle, ne sera pas cette année encore, jugée. Nous avions les acteurs, les caméras, le créneau. Le grain de sable est venu du veto du Ministre du Tourisme Jeffrey Salmon qui nous a interdit l’utilisation de la piste de l’île soeur, pas tant que le procès n’aurait pas eu lieu en tous cas. J’imagine qu’après, ils trouveront un autre prétexte. La direction de l’aviation civile polynésienne ne nous a pas aidés non plus.

C’est pourtant dommage, nous présentions une version contradictoire des causes de l’accident: malaise du pilote contre rupture du câble. En étant donc relativement objectif.

La chaîne «National Geographic Channel» dans son magazine «Air Crash» ne s’est pas embarassée de ce genre de détail, elle a interviewé à Paris un ex pilote de Air Moorea qui a repris a son compte les conclusions du rapport du BEA (bureau enquête accident). Ce documentaire, qui sera juste diffusé sur une centaine de plateformes satellite ou câble dans le monde, présentera donc une version unilatérale des causes du crash : le malaise du pilote, et pourra sans difficulté simuler une cabine de passagers envahie par la panique, quand elle va reconstituer l’événement dans un Twin Otter basé aux Etats Unis. Et là, sans doute que ceux qui nous ont dit non, regretterons le sensationnalisme de cette série pur produit américain, et par ailleurs très bien fait. Mais on ne joue pas dans la même cour et on n’a pas les mêmes moyens !

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