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Fédérations sportives : la guerre des chefs

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Fédérations sportives : la guerre des chefs
PAPEETE, le 18 aout 2016 - Rien de va plus entre les dirigeants des fédérations sportives du Fenua. Tauhiti Nena se réjouit d'une décision de justice déclarant illégale l'élection de Gérald Huioutu à la tête de l'association Tahiti Nui Pacific Game, tandis que ce dernier rappelle que Tauhiti Nena pourrait lui-aussi bientôt perdre la présidence du Comité Olympique au tribunal.

Cette affaire a tout de la télénovela. On y voit s'affronter les chefs de nos fédérations sportives dans un conflit où le moindre faux-pas de l'adversaire devient une arme de politique interne ; et les erreurs se paient au comptant devant le tribunal. Le dernier développement, ce jeudi 18 aout, est une conférence de presse organisée par Tauhiti Nena, président du Comité Olympique de Polynésie française (COPF), avec des membres du conseil d'administration du comité. Tous sont président (bénévole) d'une des 39 fédérations sportives et représentent 70 000 licenciés de nos îles.

L'objet de cette conférence de presse était de souligner une décision de justice du 4 aout dernier, par laquelle la cour d'appel de Papeete a déclaré illégale l'élection de Gérald Huioutu à la tête de l'association Tahiti Nui Pacific Games (TNPG). Pour le président du COPF, cette élection avait été "un vrai putsch trois mois avant les Jeux du Pacifique, et trois fédérations n'ont pas pu voter car les procurations des présidents ont été refusées. Si tout le monde avait pu voter, le résultat aurait été différent ! Donc l'élection était illégale. Et pour notre part, le conseil d'administration du COPF considère qu'il a géré illégalement des fonds publics."


Fédérations sportives : la guerre des chefs
Si le mis en cause, juriste de formation, ne nie pas que l'élection était "un peu limite", il répond que "ce n'est pas moi qui ai mis de côté ces procurations, c'était le président encore en place, M. Bernard Costa, qui était le candidat de M. Nena ! Qu'il ne dise pas que c'est moi ! Et sur ma gestion, j'ai payé ses dettes : l'association devait 6 millions de francs quand je suis arrivé, aujourd'hui elle en doit zéro. Et tous les comptes ont été envoyés au ministère des Finances qui n'ont rien eu à y redire."

Du coup, une nouvelle élection va avoir lieu avant la fin de l'année pour choisir le président de cette association qui gère le budget de la délégation polynésienne aux Jeux du Pacifique, soit 120 millions de francs tous les quatre ans. Mais comme les prochains jeux auront lieu en 2019 (aux Tonga), cette élection n'a plus aucun enjeu aujourd'hui.

Mais le retour de bâton judiciaire ne devrait pas tarder puisque l'élection de Tauhiti Nena à la tête du COPF est elle aussi contestée au tribunal par six fédérations sportives. Le boxeur risque de prendre quelques coups à son tour, mais encore une fois, une annulation de son élection ne portera pas à conséquences : Tauhiti Nena a été élu avec les voix de 33 fédérations sur 39, une nouvelle élection ne devrait donc que le confirmer à son poste.

LA GUERRE DU BILLET D'AVION, DU LOGO ET DE LA DÉLÉGATION DE SERVICE PUBLIC

Cette guerre des chefs au sein des fédérations sportives prend des formes surprenantes. Ainsi, une accusation de favoritisme qui remonte à un épisode des derniers Jeux du Pacifique. Beaucoup de sportifs polynésiens se trouvent à l'étranger, principalement en métropole pour leurs études ou en club, et un budget est prévu pour leurs billets d'avions. Sauf que TNPG a payé le rapatriement de 14 sportifs de la fédération de volleyball (qui appartiendrait au camp Gérald Huioutu), mais pas celui du seul sportif de la fédération de boxe… La raison, selon l'ancien président de TNPG, est que c'est le Comité Olympique qui a payé le billet de ce boxeur et non pas sa fédération, ce qu'il a considéré comme irrégulier. Notons que le sportif, Tautuarii Nena (oui, le fils, donc on devine que le billet non remboursé a fini à la charge de Tauhiti Nena lui-même), a tout de même remporté une médaille d'argent pour la Polynésie.

Autre casus belli entre les deux hommes, qui ressemble à une réponse du berger à la bergère, une affaire de logos. Tahiti Nui Pacific Games a ainsi vendu des T-shirts et casquettes arborant le logo du COPF et du Conseil des Jeux pour financer la participation tahitienne aux Jeux du Pacifique de 2015. La recette espérée était de 6 millions de francs, mais TNPG n'a pas obtenu l'autorisation du COPF pour utiliser son logo et ne lui a pas reversé un centime… Résultat, un autre contentieux est en cours et deux présidents de fédération (Gérald Huioutu en tant que président de la fédération de tennis de table et Titaua Morin, présidente de la fédération d'athlétisme) ont été radiés du Comité Olympique de Polynésie française… Mais Gérald Huioutu, qui reconnait avoir utilisé le logo sans autorisation, assure que "selon Bernard Costa, à l'époque où il était président de TNPG, le COPF avait accordé cette autorisation, qui a été retirée sous prétexte que j'ai été élu. C'est pas normal ! On avait payé les produits, je devais faire quoi, les jeter à la poubelle ?"

Enfin, il se trouve qu'en plus d'être le président de la fédération de tennis de table, Gérald Huioutu travaille au service de la Jeunesse et des Sports. Du coup, Tauhiti Nena note qu'il participe à la direction de l'administration qui a refusé le renouvellement de la délégation de service public de 10 fédérations, dont la Fédération Polynésienne de Boxe (FPB) qu'il dirige… "On sait qu'il est le directeur adjoint et l'un des juristes du service de de la Jeunesse et des Sports, il a certainement du poids sur les décisions. Maintenant, il y a quand même un ministre des sports, et en ce qui nous concerne on sait qu'il y a des gros soucis à ce niveau-là. Je prends l'exemple de la boxe, 1500 licenciés, 52 clubs, 10 cadres d'état, on a été premier au Jeux du Pacifique, l'année dernière on était deuxième ; c'est une des fédérations les plus structurées sur les 39… Et la ministre et le service décident de nous retirer la délégation de service public pour la donner à une autre fédération avec moins d'une dizaine de clubs…"

Gérald Huioutu assure de son côté que sur les 10 fédérations qui n'ont pas reçu leur délégation (sésame indispensable pour recevoir des subventions), 8 devraient l'obtenir prochainement après avoir fait les ajustements nécessaires, alors que les deux dernières, dont la FPB, ont préféré aller au contentieux, ce qui ralentirait la procédure d'agrément. En tant que président d'une fédération et ancien président de TNPG, il explique n'avoir participé à aucune commission d'agrément, et glisse malicieusement que "à l'époque où Tauhiti Nena était ministre de la Jeunesse et des Sports, président du COPF et vice-président délégué de la FPB, ça ne le gênait pas d'accorder lui-même les délégations de service public aux fédérations, même s'il les faisait signer par quelqu'un d'autre…"

Bref, il n'y a pas encore de vainqueur dans cette guerre des chefs qui oppose les présidents de fédérations, et même les décisions de justice ont peu de chance de faire bouger les lignes. Après les tribunaux, le nouveau terrain de cet affrontement semble être politique puisque Tauhiti Nena et le conseil d'administration du COPF en appellent désormais à Édouard Fritch : "cette conférence de presse c'est pour que le président du Pays puisse peut-être nous entendre sur tous ces dysfonctionnements que l'on rencontre au niveau du sport".

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