NOUMÉA, 23 juillet 2013 (AFP) - Longtemps taboue, l'histoire du bagne est aujourd'hui réhabilitée en Nouvelle-Calédonie. Dans les familles, les ascendances bagnardes ne sont plus honteuses et un musée, consacré aux forçats du Pacifique, ouvrira ses portes début 2015 à Nouméa.
"C'est une démarche de réappropriation de l'histoire et d'ouvreurs de mémoire. Ce qui était jadis une honte devient aujourd'hui une légitimation de la présence en Nouvelle-Calédonie", a expliqué à l'AFP Blandine Petit-Quencez, chargée des musées à la Province sud.
Depuis deux ans, cette collectivité mène un vaste travail de recherche dans la perspective de l'ouverture dans 18 mois d'un musée du bagne à Nouville, anciennement appelée l'île Nou à Nouméa et point d'ancrage de la colonisation pénale.
Ses responsables se sont entourés de l'historien Louis-José Barbançon, qui a épluché les archives du bagne calédonien sur place et en métropole pendant 25 ans, ainsi que d'une association patrimoniale.
Bâtiment semi-enterré, le musée prendra appui sur l'ancienne boulangerie du bagne, où des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour de nouveaux vestiges.
"Le projet a été révisé pour prendre en compte ces découvertes sur les aménagements au sol. Cela témoigne de l'intérêt qu'on porte désormais à ce passé", a indiqué l'archéologue, Louis Lagarde.
En guise de préfiguration du musée, le public est convié une fois par mois jusqu'en octobre à des "Rendez-vous avec l'histoire" sur les lieux d'anciens bâtiments du bagne où spectacles, concerts et conférences sont organisés.
Plusieurs sites sont réhabilités et abritent désormais un théâtre, un centre linguistique ou un hôpital. "Il y a 20 ou 30 ans, il aurait été impossible de mettre sur pieds de tels évènements", a estimé Blandine Petit-Quencez.
Communards et Algériens kabyles
Le contexte politique de l'archipel explique en partie cette évolution des mentalités. Un processus de décolonisation est en effet en cours en Nouvelle-Calédonie, où entre 2014 et 2018 un référendum sur l'indépendance doit être organisé.
A l'approche de cette échéance cruciale, les différentes communautés de l'archipel, à la population mosaïque, tiennent à légitimer leur présence sur cette terre lointaine, à côté des Kanaks, peuple premier, installé depuis près de trois millénaires.
Considéré comme une infamie, avoir des ancêtres bagnards a longtemps été tu dans nombre de familles calédoniennes. Députée, Sonia Lagarde (UDI), dont le grand-père a passé vingt ans au bagne, a quelques souvenirs douloureux de sa jeunesse.
"Au collège, une de mes amies appartenait à une famille bourgeoise de colons libres. Un jour, elle a organisé une boum mais m'a prévenue que je ne pourrais pas venir car sa mère ne voulait pas de descendants de bagnards sous son toit!", a-t-elle raconté.
Dix ans après avoir pris possession de la Nouvelle-Calédonie, la France décida en 1863 de faire de cet archipel, au climat plus sain que celui de la Guyane, un lieu de transportation des condamnés à plus de huit ans de travaux forcés.
Parti de Toulon, l'Iphigénie débarqua en 1864 le premier contingent de bagnards. Ils furent en tout près de 22.000 à être envoyés à la "Nouvelle" jusqu'en 1898.
L'île fût aussi la terre d'exil de déportés politiques. Quelque 4.000 Communards, dont l'icône révolutionnaire Louise Michel, faits prisonniers par les Versaillais lors de la "semaine sanglante" de mai 1871, y ont été expédiés ainsi que plusieurs centaines d'Algériens de Kabylie, à l'origine d'une rebellion la même année. cw/sla/sm/il
"C'est une démarche de réappropriation de l'histoire et d'ouvreurs de mémoire. Ce qui était jadis une honte devient aujourd'hui une légitimation de la présence en Nouvelle-Calédonie", a expliqué à l'AFP Blandine Petit-Quencez, chargée des musées à la Province sud.
Depuis deux ans, cette collectivité mène un vaste travail de recherche dans la perspective de l'ouverture dans 18 mois d'un musée du bagne à Nouville, anciennement appelée l'île Nou à Nouméa et point d'ancrage de la colonisation pénale.
Ses responsables se sont entourés de l'historien Louis-José Barbançon, qui a épluché les archives du bagne calédonien sur place et en métropole pendant 25 ans, ainsi que d'une association patrimoniale.
Bâtiment semi-enterré, le musée prendra appui sur l'ancienne boulangerie du bagne, où des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour de nouveaux vestiges.
"Le projet a été révisé pour prendre en compte ces découvertes sur les aménagements au sol. Cela témoigne de l'intérêt qu'on porte désormais à ce passé", a indiqué l'archéologue, Louis Lagarde.
En guise de préfiguration du musée, le public est convié une fois par mois jusqu'en octobre à des "Rendez-vous avec l'histoire" sur les lieux d'anciens bâtiments du bagne où spectacles, concerts et conférences sont organisés.
Plusieurs sites sont réhabilités et abritent désormais un théâtre, un centre linguistique ou un hôpital. "Il y a 20 ou 30 ans, il aurait été impossible de mettre sur pieds de tels évènements", a estimé Blandine Petit-Quencez.
Communards et Algériens kabyles
Le contexte politique de l'archipel explique en partie cette évolution des mentalités. Un processus de décolonisation est en effet en cours en Nouvelle-Calédonie, où entre 2014 et 2018 un référendum sur l'indépendance doit être organisé.
A l'approche de cette échéance cruciale, les différentes communautés de l'archipel, à la population mosaïque, tiennent à légitimer leur présence sur cette terre lointaine, à côté des Kanaks, peuple premier, installé depuis près de trois millénaires.
Considéré comme une infamie, avoir des ancêtres bagnards a longtemps été tu dans nombre de familles calédoniennes. Députée, Sonia Lagarde (UDI), dont le grand-père a passé vingt ans au bagne, a quelques souvenirs douloureux de sa jeunesse.
"Au collège, une de mes amies appartenait à une famille bourgeoise de colons libres. Un jour, elle a organisé une boum mais m'a prévenue que je ne pourrais pas venir car sa mère ne voulait pas de descendants de bagnards sous son toit!", a-t-elle raconté.
Dix ans après avoir pris possession de la Nouvelle-Calédonie, la France décida en 1863 de faire de cet archipel, au climat plus sain que celui de la Guyane, un lieu de transportation des condamnés à plus de huit ans de travaux forcés.
Parti de Toulon, l'Iphigénie débarqua en 1864 le premier contingent de bagnards. Ils furent en tout près de 22.000 à être envoyés à la "Nouvelle" jusqu'en 1898.
L'île fût aussi la terre d'exil de déportés politiques. Quelque 4.000 Communards, dont l'icône révolutionnaire Louise Michel, faits prisonniers par les Versaillais lors de la "semaine sanglante" de mai 1871, y ont été expédiés ainsi que plusieurs centaines d'Algériens de Kabylie, à l'origine d'une rebellion la même année. cw/sla/sm/il
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