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Zika : un virus qui peut encore surprendre

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Zika : un virus qui peut encore surprendre
PAPEETE, mardi 14 janvier 2014. L’épidémie de zika est-elle en train de se résorber lentement mais sûrement en Polynésie française ? Le recul du zika est effectivement sensible depuis les toutes dernières semaines du mois de décembre 2013 : le nombre de cas signalés de zika passant de 1000 lors de la première semaine de décembre, à 800 la semaine suivante et 500 à peine au cours de la dernière semaine de l’année 2013. Pourtant, pour le médecin responsable du Bureau de veille sanitaire, il faudra encore une à deux semaines d’observation pour confirmer la décrue de la propagation du virus. Car la période des vacances scolaires a sérieusement diminué le nombre de consultations chez les médecins qui participent à la veille sanitaire. «Beaucoup de personnes sont parties en vacances et ont quitté le territoire. J’estime qu’il faut observer encore ce qui se passe au cours des deux premières semaines de rentrée pour être certain que nous avions atteint le pic de l’épidémie fin novembre-début décembre» précise le docteur Henri-Pierre Mallet.

En attendant et même si la décroissance du zika s’amorce, le nombre de personnes atteintes reste élevé en Polynésie française. Le dernier décompte du Bureau de veille sanitaire (BVS) fait état de 7 156 cas suspects de zika signalés par les professionnels de santé du réseau sentinelle (dont 361 ont été confirmés). Selon le communiqué officiel du BVS, «une extrapolation des cas suspects signalés par les sites sentinelle à l'ensemble du territoire de la Polynésie française a permis d’estimer à plus de 26 000 le nombre de patients ayant consulté pour zika, mais le nombre total de cas est beaucoup plus élevé car une grande partie des patients ne consultent pas de médecin. L’ensemble des archipels et la majorité des îles de Polynésie française sont touchés. A Tahiti, l'épidémie semble en phase de décroissance. Dans les Marquises, et les Tuamotu-Gambier, l'épidémie semble avoir atteint le pic et débuter une décroissance. Pour Moorea, les Australes et les îles sous le Vent, l'épidémie semble avoir atteint un plateau». En attendant la fin de l’épidémie, le zika continue donc de circuler et la protection contre les moustiques qui en sont les vecteurs doit se poursuivre.

D’autant que le virus zika n’a pas fini de surprendre les scientifiques et les médecins qui l’observent de près. Réputé bénin avant son arrivée en Polynésie fin octobre 2013, ce virus a provoqué ici des complications neurologiques sévères avec plusieurs dizaines de patients atteints de syndrome de Guillain-Barré (SGB) : 34 personnes ont été atteintes jusqu’ici par ce syndrome provoquant des paralysies, nécessitant en moyenne deux semaines d’hospitalisation (parfois plus). Surtout tous les patients atteints de ce SGB font face à de longs mois de rééducation en sortant de l’hôpital afin de récupérer petit à petit toutes leurs fonctions. Le recouvrement est total mais peut prendre du temps. Enfin le zika, ou l’association des deux virus dengue-zika, a provoqué d’autres types de complication chez d’autres malades. En plus des 34 syndromes de Guillain Barré, le Centre hospitalier du Taaone a eu à traiter 27 autres personnes atteintes d’autres complications. Une vingtaine de complications neurologiques: dix encéphalites ou méningo-encéphalites, dix cas ont présenté d'autres complications de type paresthésie, paralysie faciale, hématome sous-dural. Et sept cas de complications auto-immunes : quatre purpura thrombopéniques immunologiques (PTI), deux complications ophtalmologiques et une complication cardiologique. Au total donc, en Polynésie française plus de 60 personnes ont développé, après leur infection au virus, des complications qui n’avaient jamais été observées auparavant dans aucun cas précédent de zika dans le monde.

Autre surprise de taille, en Polynésie française le Bureau de veille sanitaire s’interroge sur des cas possibles de récidive. Ainsi des patients précédemment atteints par le virus du zika le seraient à nouveau quelques semaines plus tard. Or, jusqu’ici, le virus zika était considéré comme immunisant pour la personne atteinte comme le sont habituellement tous les arbovirus, famille à laquelle le zika appartient. «Nous avons de plus en plus de cas de récidive ou tout au moins apparentés. Certains patients pourraient donc ne pas être totalement immunisés après avoir développé une première affection au zika. Même si nous n’avons pas de réelle certitude, des interrogations se posent sur ce virus» poursuit le docteur Henri-Pierre Mallet. Très peu décrit, car très peu répandu dans le monde et bénin jusqu’ici depuis sa découverte en 1947, ce virus zika a apporté son lot de mauvaises surprises depuis son arrivée en Polynésie française. Faut-il penser que plusieurs formes de zika sont possibles comme on trouve plusieurs sérotypes de dengue ? Toutes les questions sont posées. «Au niveau de la recherche scientifique on a du mal à interpréter avec nos seuls moyens locaux» admet le docteur Henri-Pierre Mallet.
Néanmoins des collaborations scientifiques ont été amorcées depuis le début de l’épidémie sur le territoire : avec l’OMS (organisation mondiale de la santé), avec des spécialistes du secrétariat de la Communauté du Pacifique et avec des chercheurs de l’Institut Pasteur. Cette épidémie de zika et les nouvelles connaissances acquises sur ce virus et ses conséquences chez l’homme en Polynésie française, finiront peut-être par devenir un vrai sujet de recherche pour un spécialiste des arboviroses tropicales émergentes. Et visiblement, les questions sur ce virus ne cessent de s’allonger.

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