Il est des métiers qui tendent à disparaître, du fait de la modernisation de la vie quotidienne ou tout simplement parce que les machines ont remplacé les hommes. Parmi ces métiers, celui de ramendeur. On dénombre seulement une dizaine de polynésiens qui savent encore réparer les filets de pêche contre près de 850 sur l’ensemble du territoire vers les années 70. Fort heureusement, certains jeunes ont décidé de réapprendre les gestes d’antan. Leur seul outil : un morceau de bambou en guise « d’aiguille ».
Nombreux sont les métiers liés au secteur maritime qui se perdent comme les fabricants de cordes, les sculpteurs de proue, les marchandes de crevettes, lessiveuse à l'ancienne ou encore les ramendeurs de filets de pêche. L’expression peut paraître étrange, alors on utilise également le mot raccommodeur ou plus simplement « ouvrier qui répare les filets ». Autrefois, les îles-sous-le-vent étaient considérés comme ayant les plus grands spécialistes de ce qui, au fil du temps et des époques, est devenu presqu’un art.
Avec l’arrivée des filets synthétiques et l’industrialisation des filières, les machines et autres engins ont peu à peu remplacé les hommes. Cela a eu pour conséquence l’arrivée sur le marché de filets entièrement conçus en usine. Le ratio est fort éloquent, 9 pêcheurs sur 10 ont opté pour le filets en nylons manufacturés. « En général, lorsqu’un filet est déchiré, on tente de le réparer comme on peut et souvent maladroitement. Au final, on est obligé d’en racheter un neuf et ce n’est pas donné. » a concédé Terii, pêcheur quinquagénaire de Taiarapu Ouest.
Et c’est précisément à ce moment-là que certains ont commencé à se tourner, comme cela se faisait au début des années 1900 jusqu’en 1980, vers ceux qui maitrisent l’art de « recoudre » les filets de pêche : les ramendeurs. Aujourd’hui, il n’en existe guère plus d’une dizaine sur l’ensemble du fenua. De paroles de pêcheurs individuels habitués à pêcher avec leur va’a, « …il y a encore 40 ans, il y en avait presque 900, en comptant ceux des îles. » Un chiffre qui ne fait pas l’unanimité chez les professionnels, toutefois tous s’accordent sur l’intérêt de ramener ce métier au goût jour, comme nous le précise Robert, de Taiarapu Est : « Moi, je sais réparer mon filet, ce qui n’est pas le cas d’un grand nombre que je connais. Ils sont donc obligés d’acheter un filet neuf à chaque fois et lorsque ça ne rapporte pas beaucoup, l’achat n’est pas amorti. (…) Alors, moi je crois qu’il faudrait que le métier de réparateur de filet refasse surface. Je dirais même plus, il faudrait que l’école de la pêche intègre l’apprentissage des gestes dans leurs programmes de formation. Nous sommes nombreux à penser pareil. Cela pourrait être un débouché pour nos jeunes qui n’ont pas de travail. »
Parmi eux, un jeune garçon de moins de 20 ans, Yohann qui vient du district de Vaiaau (Raiatea). Résidant chez son beau-frère de Vaira’o pour une période d’un an, le jeune homme a décidé d’apprendre à utiliser la grosse aiguille en bambou (que les réparateurs européens appellent « la navette ») puis d’acquérir les gestes de conception et de réparation d’un filet. Son « baptême du feu », il l’a pris lors de la visite de l’ambassadrice des Etats-Unis, venue dernièrement rendre visite aux artisans de la commune de Vaira’o (commune de Taiarapu Ouest), sur le mare Nuutere. Là, il a effectué sa toute première démonstration de réparation d’un grand filet. « C’est mon beau-frère qui m’a appris à recoudre les filets et j’aime bien. Je vais continuer lorsque je retournerai à Raiatea. » a-t-il assuré, tout en finissant son nœud. « La technique n’est pas simple, mais une fois que l’on a chopé le coup de main, on répète les mêmes gestes. »
Pour fabriquer un filet, les ramendeurs qui possédaient un atelier démarraient par la préparation d’une têtière qui sert, dans le laçage manuel (l’enchaînement des nœuds), à soutenir les premiers rangs d'une nappe ou d'une pièce de filet. Elle est constituée soit d'une nappe de quelques mailles de hauteur et de largeur suffisante pour cet usage, soit d'un fil tendu horizontalement sur lequel on fixe le premier rang par des demi-clés à capeler (qui consiste à faire passer par-dessus). Dans le premier cas, le rang initial destiné à être détruit lors de la séparation de la têtière de la pièce en cours de confection est fait d'un fil de qualité inférieure.
Dans le second cas, afin de permettre l'installation du travail sur la rampe de laçage, on libère le premier rang en tirant sur le fil qui a servi de têtière, après en avoir lacé plusieurs. Cette technique est toujours de mise en métropole où les élèves des écoles de marine se doivent d’apprendre les opérations basiques de ramendage.
L’année prochaine, une fois de retour chez lui à Raiatea, Yohann espère bien mettre en pratique toutes ces nouvelles techniques d’un art qui se pratique de moins en moins en Polynésie. L’occasion pour lui de gagner sa vie car les îles-sous-le-vent comptent plusieurs centaines de pêcheurs.
TP
Avec l’arrivée des filets synthétiques et l’industrialisation des filières, les machines et autres engins ont peu à peu remplacé les hommes. Cela a eu pour conséquence l’arrivée sur le marché de filets entièrement conçus en usine. Le ratio est fort éloquent, 9 pêcheurs sur 10 ont opté pour le filets en nylons manufacturés. « En général, lorsqu’un filet est déchiré, on tente de le réparer comme on peut et souvent maladroitement. Au final, on est obligé d’en racheter un neuf et ce n’est pas donné. » a concédé Terii, pêcheur quinquagénaire de Taiarapu Ouest.
Et c’est précisément à ce moment-là que certains ont commencé à se tourner, comme cela se faisait au début des années 1900 jusqu’en 1980, vers ceux qui maitrisent l’art de « recoudre » les filets de pêche : les ramendeurs. Aujourd’hui, il n’en existe guère plus d’une dizaine sur l’ensemble du fenua. De paroles de pêcheurs individuels habitués à pêcher avec leur va’a, « …il y a encore 40 ans, il y en avait presque 900, en comptant ceux des îles. » Un chiffre qui ne fait pas l’unanimité chez les professionnels, toutefois tous s’accordent sur l’intérêt de ramener ce métier au goût jour, comme nous le précise Robert, de Taiarapu Est : « Moi, je sais réparer mon filet, ce qui n’est pas le cas d’un grand nombre que je connais. Ils sont donc obligés d’acheter un filet neuf à chaque fois et lorsque ça ne rapporte pas beaucoup, l’achat n’est pas amorti. (…) Alors, moi je crois qu’il faudrait que le métier de réparateur de filet refasse surface. Je dirais même plus, il faudrait que l’école de la pêche intègre l’apprentissage des gestes dans leurs programmes de formation. Nous sommes nombreux à penser pareil. Cela pourrait être un débouché pour nos jeunes qui n’ont pas de travail. »
Parmi eux, un jeune garçon de moins de 20 ans, Yohann qui vient du district de Vaiaau (Raiatea). Résidant chez son beau-frère de Vaira’o pour une période d’un an, le jeune homme a décidé d’apprendre à utiliser la grosse aiguille en bambou (que les réparateurs européens appellent « la navette ») puis d’acquérir les gestes de conception et de réparation d’un filet. Son « baptême du feu », il l’a pris lors de la visite de l’ambassadrice des Etats-Unis, venue dernièrement rendre visite aux artisans de la commune de Vaira’o (commune de Taiarapu Ouest), sur le mare Nuutere. Là, il a effectué sa toute première démonstration de réparation d’un grand filet. « C’est mon beau-frère qui m’a appris à recoudre les filets et j’aime bien. Je vais continuer lorsque je retournerai à Raiatea. » a-t-il assuré, tout en finissant son nœud. « La technique n’est pas simple, mais une fois que l’on a chopé le coup de main, on répète les mêmes gestes. »
Pour fabriquer un filet, les ramendeurs qui possédaient un atelier démarraient par la préparation d’une têtière qui sert, dans le laçage manuel (l’enchaînement des nœuds), à soutenir les premiers rangs d'une nappe ou d'une pièce de filet. Elle est constituée soit d'une nappe de quelques mailles de hauteur et de largeur suffisante pour cet usage, soit d'un fil tendu horizontalement sur lequel on fixe le premier rang par des demi-clés à capeler (qui consiste à faire passer par-dessus). Dans le premier cas, le rang initial destiné à être détruit lors de la séparation de la têtière de la pièce en cours de confection est fait d'un fil de qualité inférieure.
Dans le second cas, afin de permettre l'installation du travail sur la rampe de laçage, on libère le premier rang en tirant sur le fil qui a servi de têtière, après en avoir lacé plusieurs. Cette technique est toujours de mise en métropole où les élèves des écoles de marine se doivent d’apprendre les opérations basiques de ramendage.
L’année prochaine, une fois de retour chez lui à Raiatea, Yohann espère bien mettre en pratique toutes ces nouvelles techniques d’un art qui se pratique de moins en moins en Polynésie. L’occasion pour lui de gagner sa vie car les îles-sous-le-vent comptent plusieurs centaines de pêcheurs.
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